Coligny ou la Saint Barthélemy, tragédie en trois actes, en vers, de Baculard d'Arnaud, 1739.
Hôtel de Clermont-Tonnerre.
La pièce de Baculard d'Arnaud a été créé en 1739, d'après la Base César, qui ne lui attribue d'autres représentations qu'à partir du 30 juillet 1791, au Théâtre Molière, où elle a été jouée 11 fois jusqu'au 26 novembre 1791.
Cette pièce au destin original a aussi des problèmes de titre : elle s'appelle aussi la Mort de Coligny (également écrit parfois Coligni). Et la base César signale une autre version qualifiée de remaniement intitulée le Cardinal de Lorraine ou les Massacres de la Saint-Barthélemy, dont on ne connaît qu'une publication à l'étranger en 1756, à Leipzig et à Londres.
Mercure universel et correspondance nationale, tome 5, n° 153 du dimanche 31 juillet 1791, p. 494-495 :
[Fausse nouveauté donc, puisque la pièce aurait été jouée en 1739, et qu'elle a été imprimée « depuis plus de vingt ans ». Pour ce qui est tout de même une première dans un théâtre parisien, le Théâtre de Molière, le critique ne cache pas sa déception : elle n'a pas ému le public malgré la violence (« la vue des poignards...), et il n'y a eu que des vers applicables à la situation présente qui a suscité des applaudissements. On a en fait une pièce qui a dans son titre le nom de la Saint-Barthélemy mais ne la montre pas, et qui n'est qu'une réduction du fameux Charles IX de Chénier. Une dernière note : les débuts brillants de madame Scio, venue de provicne, et qui est très prometteuse.]
Théatre de Moliere.
La première représentation de la Mort de l'Amiral Coligni, ou la Saint-Barthelemi, tragédie en trois actes, de M. d'Arnaud, auteur de Comminges, n'a pas produit tout l'effet qu'on en attendoit. Les Œuvres de M. d'Arnaud sont dans les mains de tout le monde. Cet ouvrage, un des premiers qu'il ait faits, est imprimé depuis plus de vingt ans. Soit que la piece ait paru mal conduite, soit que des détails inutiles aient refroidi l'action, soit que les acteurs n’aient pas mis l’ensemble nécessaire ; soit enfin, que l’auteur ait oublié de parler de la Saint-Barthelemi dans une tragédie qui en a le titre ; le public est demeuré fort tranquille à la vue des poignards, et s’est contenté d’applaudir des vers de situation, tels que ceux-ci que Coligni adresse aux prélats sanguinaires :
« Vous n’êtes à mes yeux que de vils assassins,
« Qui, sous des noms sacrés, immolez les humains ».
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« Ne sois point catholique, et homme une fois».
Coligni, interrogé par son fils, à qui il tient parole ? répond à moi.
En un mot, cette tragédie n'est qu’un diminutif de Charles IX, et en fait l'éloge.
On donnoit pour petite pièce la Servante maîtresse. Madame Scio qui y débutoit a fait le plus grand plaisir ; elle tenoit les premiers emplois en province.
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