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Les Deux petits aveugles

Les Deux petits aveugles, comédie nouvelle, en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, de Noël, musique de Trial, fils, 28 juillet 1792.

Théâtre italien.

Titre :

Deux petits aveugles (les)

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

28 juillet 1792

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Noël

Compositeur(s) :

Trial fils

Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 221, du Mardi [erreur : c’est un mercredi !] 8 août 1792, p. 351 :

[La pièce dont le critique rend compte n’est pas très originale, elle utilise des personnages que, pour lui, on ne peut pas mettre dans une telle situation : « deux enfans orphelins » ; il y a un conflit entre l’intérêt qu’on pourrait leur porter et le comique de la pièce. La musique est également sans envergure. Mais texte comme musique sont l'œuvre de jeunes gens. Le « poëte » manque d’expérience et de connaissance théâtrale », tandis que le musicien donne des espérances. Les deux orphelins ont été fort bien joués.]

THÉATRE ITALIEN.

On dit que la pièce intitulée : Les deux Petits Aveugles, donnée le samedi 28 juillet, à ce théâtre, est d'un jeune homme, et on peut le reconnaître au peu d'expérience et de connaissance théâtrales qui règnent dans sa construction. Le sujet est connu. C'est le tour joué à deux aveugles à qui on dit qu'on leur donne un écu. Chacun d'eux, croyant que cet écu est reçu par son camarade, remercie le donneur charitable, et se hâte d'aller le dépenser au cabaret ; mais, quand il s'agit de payer, aucun ne trouve la somme : de là une querelle entre eux et avec l'hôte qui veut avoir son argent. Un pareil sujet pouvait produire une farce burlesque ; mais il ne pouvait s'appliquer à deux enfants orphelins, en faveur desquels l'auteur a prétendu intéresser. Cet intérêt qui résulterait de leur situation, si elle était développée, éloigne le comique qu'on a voulu y joindre, et le comique, à son tour, s'oppose à l'intérêt qu'on voulait inspirer.

Le musique est proportionnée à la faiblesse du drame, et cela est fâcheux. Elle est aussi d'un jeune compositeur, mais qui a donné des espérances, et on regrette que, dans cette nouvelle production, il n'ait eu l'occasion de faire entendre que des chants communs et mesquins. Les deux petits Aveugles sont joués par Mme Saint-Aubin et Mlle Rosalie, dont les talents chéris et justement estimés ont soutenu l'ouvrage jusqu'à la fin.

Journal de Paris, n° 221, du mercredi 8 août 1792, p. 892 :

[Un compte rendu qui ne dit pas grand chose de la pièce : un résumé et quelques lignes favorables, sans enthousiasme (« quelque succès »). Rien sur la musique, rien sur les acteurs.]

THEATRE ITALIEN.

Un ancien conte fort répandu a fourni le sujet de: deux Petits Aveugles, Comédie en un acte, en prose, mêlées d'ariettes, représentée pour la deuxième fois Mercredi dernier. Une Dame prend en amitié deux petits Aveugles qu’elle rencontre, & charge son domestique de leur donner un écu. Le Domestique feint de le remettre à l'un d'eux, en disant tout haut : Tenez le voilà ! & chaque enfant croit que son camarade vient de le recevoir. Arrivés près d'un cabaret, ils demandent du vin, du pain, de la salade, dépensent gaiement le présent qu’on vient de leur faire ; & font mettre à leur table une jeune servante qui leur plaît beaucoup : mais à la fin aucun ne se trouve avoir de l'argent, & ils sont obligés de s'en aller sans payer. L’Hôte court après eux, & s’empare de leurs instrumens. La Dame & son Valet reparoissent. Ce dernier avoue que c'est lui qui est cause de tout le mal, & dit qu’il a voulu se divertir par cette mauvaise plaisanterie, dans le dessein d’en faire bientôt cesser les suites. La Dame bienfaisante répare le mal, & promet de placer ces deux enſans intéressans dans
une maison célèbre par une institution en faveur des aveugles-nés.

Cette bagatelle a obtenu quelque succès. Il y a de la naïveté dans le rôle des deux petits aveugles & de la vérité dans le dialogue. Ce qui a le plus amusé est l’épisode du petit Marchand Mercier qui survient tandis que les aveugles restés seuls achèvent ensemble leur repas. Il leur fait essayer des lorgnettes dont ils ignorent l'usage, &,pendant qu’ils sont en attitude il leur escamote le reste de leur vin. On a demandé les Auteurs. Celui des paroles est M. Noël, & celui de la musique, M. Trial le fils.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 10 (octobre 1792), p. 314-316 :

[Le compte rendu est assez sévère avec la pièce, à cause des longueurs qu’elle inflige aux spectateurs et aux niaiseries qu’on y débite, mais aussi parce que le dénouement ne paraît pas satisfaisant. Mais ces défauts peuvent se corriger : il faut retoucher le dénouement et resserrer considérablement l’action. La musique est mieux traitée : elle « est simple, chantante, & très-bien adaptée au sujet ». Et l’interprétation est de qualité. Noter le petit épisode des vers jetés sur le théâtre.]

THÉATRE ITALIEN.

Un trait connu, & que nos lecteurs vont se rappeler, a fourni à un jeune auteur le sujet des deux petits Aveugles. Deux enfans, aveugles-nés, ont coutume d'aller tous les jours sur les places publiques implorer la générosité des passans, en chantant & en raclant, l'un de la basse, l'autre du violon. Ils s'arrêtent, quand ils ont de l'argent, chez M. Robert, marchand de vin, pour déjeûner ; mais aujourd'hui, il leur est impossible de prendre ce délassement : ils n'ont pas encore reçu un liard, & la journée est avancée. Une dame, qui s'intéresse à leur malheureux sort, passe avec la Pierre, son domestique, & lui ordonne de donner un écu à ces pauvres enfans. La Pierre, pour s'amuser, fait semblant de leur donner l'écu, en sorte que les enfans remercient, & n'ont rien reçu. Riches comme ils croient l'être, ils demandent à déjeúner à M. Robert : on leur sert une salade & une bouteille de vin; mais quand il s'agit de payer, chacun d'eux, persuadé que son frere est dépositaire de l'argent, reste bien surpris en voyant qu'on les a trompés. Comment faire pour payer l'écot ? s'ils exposent franchement leur erreur au marchand de vin, ils seront battus : il vaut mieux aller courir la ville, & lui rapporter fidélement les aumônes qu'on aura reçues : les enfans prennent ce dernier parti ; mais Robert court après eux : il leur enleve les instrumens qui leur servent à gagner leur vie : plusieurs passans viennent intercéder pour eux ; Robert est inexorable. Enfin la dame charitable revient avec la Pierre : elle apprend la cause de tout ce bruit, paie l'écot, & prend les enfans chez elle, jusqu'à ce qu'elle les ait fait placer dans l'institution des enfans-aveugles, établissement si digne de l'estime des ames sensibles.

Tel est le fonds léger de cette piece, qui offre souvent des longueurs & des niaiseries à travers des traits de sentiment & d'autres d'un bon comique. Le dénouement n'en a pas paru non plus satisfaisant; mais il est très-aisé de le retoucher ; &, en resserrant considérablement l'action de cette petite comédie, on peut en faire une très-jolie bluette. On a demandé les auteurs.

La musique est simple, chantante, & très-bien adaptée au sujet. Melle. Carline y joue, avec le talent qu'on lui connoit, le rôle plaisant d'un petit marchand de rubans ; & Melles. S. Aubin & Rosalie donnent un vif intérêt aux rôles des petits aveugles. Voici des vers qui ont été jetés, pour elles, après la piece, & que M, Chenard a lus.

Aux petits aveugles.

Aveugles innocens, que vous êtes heureux,
Vous ne connoissez point ce funeste délire,
      Tourment des pauvres amoureux ;
Par un dehors trompeur, un regard langoureux,
Nos perfides beautés ne peuvent vous séduire ;
      Et si vous adressez des vœux,
      C'est pour un objet vertueux
      Que votre cœur vous les inspire.
      De votre sort je suis jaloux :
      Oui, c'est une de mes folies,
   Je voudrais être aveugle comme vous,
      Si vous n'étiez pas si jolies.

Par M. Pillet.

La base César indique que la pièce a été jouée 9 fois, du 28 juillet 1792 au 17 janvier 1793. Cette pièce est la seule que César attribue à Noël. Pas moyen de savoir si c'est le même que P. J. Noël, auteur, entre autres, de la Bergère de Saluces ou Clodomire ou la Prêtresse d'Irmensul.

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