Encore une nuit de la garde nationale ou le Poste de la Barrière

Encore une nuit de la garde nationale ou le Poste de la Barrière, tableau-vaudeville en un acte, de Delestre-Poirson et Scribe, 15 décembre 1815.

Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Pièce qui se situe dans la lignée de deux séries d'erreurs : les « suites », rarement bien accueillies, et les pièces de circonstance, qui vivent ce que vivent les circonstances qu'elles mettent au théâtre, et qui font souvent l'objet de polémiques (la fin de l'année 1815 est sujette à bien des polémiques).

Titre

Encore une nuit de la garde nationale ou le Poste de la Barrière

Genre

tableau-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 décembre 1815

Théâtre :

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Auteur(s) des paroles :

MM. *** [Delestre-Poirson et Scribe]

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1815 :

Encore une nuit de la Garde nationale, ou le Poste de la barrière, tableau-vaudeville en un acte, Par MM. *** Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 15 décembre 1815.

La Biographie des hommes vivants, ou histoire par ordre alphabétique, tome 2, p. 359, place cette pièce parmi les œuvres de C. G. F. Delestre-Poirson. Il l’a écrite avec Eugène Scribe.

Journal de Paris, n° 353, mardi 19 décembre 1815, p. 1 :

Le directeur du théâtre de la Porte Saint-Martin a retiré de son répertoire la pièce intitulée : Encore une nuit de la garde nationale.

La première représentation de la pièce avait été annoncée dans le même journal, n° 349 du 15 décembre, p. 1. Deuxième représentation le 16 décembre. Le même jour, le Journal de Paris, n° 250, p. 1-2, publie la critique de la pièce, largement négative :

Première représentation d’Encore une Nuit de la Garde nationale ou le Poste de la Barrière, tableau-vaudeville en un acte.

Quand Voltaire, à son retour de Londres, donna à Paris une édition de sa Henriade, les éloges et les critiques l’assaillirent de toutes parts. Il voulut alors mériter les uns et profiter des autres. Voltaire, dans une autre édition, ne se donna pas la peine de retoucher son ouvrage, mais il ajouta des variantes si nombreuses, que les acheteurs eurent presque deux poëmes au lieu d’un ; à la fin, cependant, il se décida à choisir dans les deux versions qu’il avait données, les passages les plus remarquables, et nous laissa son chef-d'œuvre tel que M. Didot l’a stéréotypé il y a quelques années.

Je prie MM. S.... et D..... de croire que je n’ai pas voulu les offenser en les comparant à Voltaire ; mais ils ont un rapport singulier avec cet écrivain, à qui l’on est convenu d’accorder du talent, quoiqu’il n’ait jamais fait de tableaux vaudevilles. Ces messieurs ont donné, par le théâtre de la rue de Chartres, une Nuit de la Garde nationale, petite pièce qui a obtenu du succès et qui en méritait. Il y avait dans cette jolie bluette quelques taches qu’ils n’ont point pu ou voulu faire disparaître. Mais hier ils nous ont donné, au boulevard Saint-Martin, leurs variantes ; de sorte qu’au lieu d’un, nous avons deux vaudevilles sur le même sujet. Reste à savoir si ces messieurs choisiront dans les deux éditions les meilleures scènes, et si le chef-d'œuvre sera susceptible d’être stéréotypé à son tour.

Quoi qu’il en soit, leurs variantes se sont bornées à doubler les personnages qu’ils avaient introduits sur le théâtre du Vaudeville ; au lieu d’un M. Pigeon, ils en ont ici introduit deux, appelés Loiseau et Pattu ; il y a également deux tambours ; la marchande de petits gâteaux est remplacée par un marchand : plusieurs plaisanteries déjà employées dans leur premier ouvrage sont reproduites dans celui-ci, et même les couplets ne sont pas aussi piquants ; nous avons cependant remarqué le suivant :

Air de Lanture.

    Quoiqu’la liqueur soit bien vermeille,
    Quand on est, en triste buveur,
    Tout seul auprès de sa bouteille,
    Se griser ! fi ! c’est une horreur.
    Mais lorsqu’un ami me convie,
Et qu’après lui, prompt à me meseure,
    J’bois au bonheur de ma patrie,
Je rougirais de ne pas m’enibrer.

Le caractère de M. Pattu, principal personnage de la pièce, est un conteur calqué sur celui de M. Picard, conteur toujours interrompu par des incidens assez mal amenés. Les auteurs qui ont vu, dans une pièce de M. Dartois, l’effet qu’avait produit au Vaudeville l’arrivée d’un brave du 10e de ligne, ont introduit cette fois le régiment entier. La réception qu’on lui fait a été fort applaudie, et aurait pu décider le succès d’Encore une Nuit au corps de garde, si la chose eut été possible. Le public n’a pas voulu connaître les auteurs.

Le journal du 18 décembre publie en p. 2 un bref écho disant que les auteurs de la pièce ont affirmé ne pas vouloir « jeter le moindre ridicule sur un corps respectable auquel ils s’honorent d’appartenir »

Mercure de France, tome soixante-cinquième (1815), p. 186 :

[V. A., c'est Votre Altesse, le frère du Roi, à qui la « correspondance dramatique » est censée être adressée.

Le compte rendu est particulièrement négatif, puisque le critique se refuse à analyser les deux pièces du jour, « deux productions aussi médiocres ».]

Cette semaine n'a pas été positivement stérile en nouveautés ; on a donné deux Encore une nuit de la garde nationale, ou le Poste à la Barrière, tableau vaudeville en un acte, et les Deux Parisiens, ou le Tirage au sort, vaudeville en un acte. La première n'est composée que des rognures, dont les auteurs d'une Nuit au corps de garde ont bien voulu gratifier le théâtre de la Porte Saint-Martin, et la seconde est le rebut des Variétés que M. Sewrin a porté à l'Odéon. Je crois rendre service à V. A. en me dispensant de lui donner l'analyse de deux productions aussi médiocres. La garde nationale, à qui la capitale doit trois fois son salut, n'était pas traitée d'une manière flatteuse par deux auteurs qui s'étaient fait annoncer, au théâtre de la rue de Chartres, sous le titre de deux chasseurs de cette garde. Le Journal de Paris a fait vivement sentir cette inconvenance, et le lendemain le titre de la pièce d'Encore une Nuit de la garde nationale a disparu de l'affiche du théâtre de la Porte Saint-Martin.

Cette mesure est due à M. Saint-Romarin, directeur de ce théâtre, qui se pique d'être Français avant d'être comédien. On ne peut que lui donner des éloges sur la conduite qu'il a tenue à ce sujet.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1817, onzième année, p. 293 :

ENCORE UNE NUIT DE LA GARDE NATIONALE, ou le poste de la Barrière, vaudeville en acte, par M. ***. (15 décembre)

Cette pièce attribuée aux auteurs d'une nuit de la garde nationale du théâtre de la rue de Chartres, a éprouvé la chûte la plus complète. Elle était calquée sur la première, mais, cette seconde édition revue et considérablement défigurée, n'a point amusé les spectateurs. Pour ne pas mériter le reproche qu'on a fait au directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin, d'avoir fait jouer un tel ouvrage, nous n'en donnerons point l'analyse. Ceux de nos lecteurs qui ont assisté à la répétition, nous sauront gré de ne pas remettre sous leurs yeux les détails d'une rapsodie oubliée dès sa naissance.

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