Enfin, nous y voilà

Enfin, nous y voilà, divertissement en un acte mêlé de couplets, de Barré, Radet, Desfontaines, Demautort, Despréaux, Mercier-Dupaty et Laujon, 29 pluviôse an 9 [18 février 1801].

Théâtre du Vaudeville.

On trouve aussi comme titre À la fin, nous y voilà.

Et Mercier-Dupaty, c'est Emmanuel Dupaty.

Titre

Enfin, nous y voilà

Genre

divertissement

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

29 pluviôse an 9 [18 février 1801] 

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet, Desfontaines, Demautort, Despréaux, Mercier-Dupaty et Laujon

Almanach des Muses 1802

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Brunet :

Enfin nous y voilà, divertissement en un acte. Par les Auteurs des Dîners du Vaudeville. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 29 pluviose an 9.

Cette pièce est la même que celle qui a été jouée chez le Ministre des relations extérieures, à la fête qu'il a donnée le 28 pluviose, en réjouissance de la paix.

Les auteurs des Dîners du Vaudeville, c'est le trio Barré, Radet et Desfontaines et quelques autres.

La paix enfin arrivée, c'est la paix de Lunéville, en 1801.

L’Esprit des journaux français et étrangers, trentième année, tome VI, ventôse an IX [février-mars 1801] a consacré un article aux pièces nées à l'occasion de cette paix de Lunéville, sous le titre d'Impromptu à l'occasion de la paix. Il y est question d'Enfin nous y voilà, mais aussi du Chansonnier de la paix. 

Courrier des spectacles, n° 1452 du 30 pluviôse an 9 [19 février 1801], p. 2 :

[En pleine paix de Lunéville, tous les théâtres se précipitent pour célébrer le retour de la paix, et plus encore celui qui en est jugé le responsable. Le nouveau vaudeville ressemble d’abord à une histoire d’amour, avec comme participants nécessaires, un père et sa fille, et les prétendants, au nombre de quatre, trois qui n’ont guère servi la patrie, voire lui ont nui, et un héros revenu blessé, et que son général, dont il n’est pas nécessaire de donner le nom honore en lui apportant un sabre d’honneur : c’est le soldat qui épousera. Guère de jugement pour cette pièce patriotique, jouée chez le ministre des relations extérieures, et dont il suffit de citer deux couplets pour montrer combien elle est dans la ligne du temps.]

Théâtre du Vaudeville.

Le Vaudeville a voulu aussi chanter sur ses pipeaux la grande époque de la paix, et il a parfaitement réussi. Un dialogue charmant, point de grands airs, mais des Pont-Neufs d’une gaîté intarissable. Faut-il s’en étonner ? tous les auteurs du Dîner ont voulu coopérer à cet opuscule, qui a mérité les suffrages unanimes.

La scène se passe à Nanterre ; Georges est sur le point de marier sa fille Joséphine à Simonet, pâtissier. Le moment de la proclamation de la paix doit être aussi celui de son hymen ; mais deux prétendans viennent disputer à Simonet la main de Joséphine ; l’un est un écrivain politique et l’autre un fournisseur. Ils rappellent au père la promesse qu’il leur a faite jadis ; celui-ci, embarrassé, laisse le différend à juger à sa fille, qui les refuse tous trois. Elle a revu son amant Victor, de retour de l'armée. Le père alors, pour la décider, prétend que puisque c’est la paix qui fait marier Joséphine, il est juste de la donner à celui qui aura fait davantage pour la paix. Le diplomate a écrit, le fournisseur s’est engraissé, et le pâtissier n’a rien fait. Alors on amène Victor, qui avance modestement qu’il a fait son devoir ; deux blessures qu’il a reçues font presque pencher la balance en sa faveur, lorsque le général sous qui servoit le jeune homme, arrive et lui apporte un sabre d’honneur. Ce sabre tranche la difficulté, et les amans sont unis.

Tel est le fonds de Enfin nous y voilà, vaudeville représenté hier pour la première fois sur ce théâtre, et la veille chez le Ministre des relations extérieures. Parmi les nombreux couplets qui ont été applaudis avec enthousiasme nous ne citerons que ceux-ci ; on y reconnoîtra sans peine deux héros :

Victor, en parlant du sabre d’honneur.

Air : Ce magistrat irréprochable.

Celui dont la main récompense
Le zèle et l’ardeur du soldat,
Soldat lui-même, sa vaillance
Fut notre modèle au combat.
D'offrir ces présens de Bellone
S’il étoit en notre pouvoir,
Combien le vainqueur qui les donne
Devroit lui-même en recevoir !

Air : Femmes, voulez-vous éprouver ?

Du Danube c’est le vainqueur :
Modeste et sage en sa conduite,
Il accomplît avec ardeur
Ce qu’avec prudence il médite.
Par le plus noble monument
Rappellent Turenne à notre âge,
Il sait encore, en l’imitant,
Se rappeler bien d’avantage.

F. J. B. P. G***-

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1801, tome V (pluviôse an 9), p. 548

[Une des pièces (nombreuses) qui célèbrent la paix de Lunéville, sans originalité, bien sûr, et le critique ne le cache pas. Sa ressource, c’est de citer des couplets qualifiés de « très jolis »

A la fin, nous y voilà.

Tous les théâtres ont voulu célébrer la paix.

Les auteurs des Dîners du Vaudeville se sont tous réunis pour composer cette petite pièce jouée avec succès le 29 ventôse. Elle avoit été jouée, la veille, chez le C.Talleyrand de Périgord, ministre des relations extérieures, à la fête brillante qu'il a donnée chez lui.

Il est inutile d'analyser l'intrigue de toutes les pièces faites à ce sujet. On conçoit aisément qu'elle doit être plus que foible, et que le dénouement est toujours le même. Les couplets seuls peuvent être distingués. Cette pièce en offre de très-jolis. Nous en citerons quelques-uns.

Air : Le Magistrat irréprochable.

Celui dont la main récompense
Le zèle et l'ardeur du soldat,
Soldat aussi, par sa vaillance,
Fut notre modèle an combat ;
D'offrir ces présens de Bellone (1),
S'il étoit en notre pouvoir,
Combien le vainqueur qui les donne
Devroit lui-même en recevoir!

Air : Femmes, voulez-vous éprouver.

Du Danube , c'est le vainqueur ;
Modeste et sage en sa conduite,
Il accomplit, avec ardeur,
Ce qu'avec prudence il médite.
Par le plus noble monument,
Rappelant Turenne à notre âge,
I1 sait encor, en l'imitant,
Le rappeler bien davantage.

Air: Fidèle époux.

On sait bien que messieurs des vivres
Nous ont fait désirer la paix ;
On sait que les faiseurs de livres
Pour elle ont fait de beaux projets ;
Mais, si la paix n'a plus d'entrave,
C'est grâce à l'intrépidité ;
Et, par ses exploits, chaque brave
A mis son mot dans le traité.

Le Magistrat

Air : J'ons un curé patriote.

Je dormois d'un très-bon somme,
Quand le canon a grondé ;
Ma femme m'a dit : Notre homme,
« C'est la paix, c'est décidé.
« Et quoi! la paix, tu crois ça ?
« Embrassons-no us, si c'est ça.
      « Oui, c'est ça.       ( bis)
« Pour le coup nous y voilà ! »

(1) L'acteur montre un sabre d'honneur.

Louis-Henri Lecomte, Napoléon et l’Empire racontés par le théâtre (Paris, 1900), p. 60-61 :

Vaudeville, 29 pluviôse an IX (18 février 1801): Enfin, nous y voilà ! divertissement en 1 acte, par les auteurs des Dîners du Vaudeville (Barré, Radet, Desfontaines, Demautort, Despréaux, Mercier-Dupaty et Laujon).

Les femmes de Nanterre assiègent le magister pour envoyer des nouvelles à leurs époux ou à leurs amants soldats.Seule Joséphine, fille de Germain, ne sait où adresser ses lettres à Victor qu'elle aime et qui, depuis quatre mois, n'a pas donné signe de vie. Germain, qui ne veut marier sa fille qu'à la paix a, chaque fois qu'il a été question d'un traité, choisi un mari à Joséphine. Après l'avoir promise à l'écrivain Plumoison, puis au fournisseur Mincel, il la destine maintenant au pâtissier Simonnet, que la jeune fille ne peut voir en face. Mais voici que Victor revient au pays et que des bruits de paix circulent à nouveau. Sur ce, Plumoison, Mincet et Simonnet accourent sommer Germain de tenir sa parole. Germain compte sur sa fille pour le tirer d'embarras, mais Joséphine déclare repousser uniformément les .trois candidats : — « Puisque c'est la paix qui décide ce mariage, dit alors Germain, je donne ma fille à celui qui a le plus fait pour amener l'événement. » — Plumoison vante aussitôt ses livres, Mincet ses fournitures et Simonnet son humeur anti-belliqueuse ; Victor les met tous d'accord en se présentant comme quatrième prétendant. Il s'est distingué à l'armée, et le sabre d'honneur qu'un adjudant général lui vient décerner en est la preuve convaincante. Du coup Germain doit se rendre, il unit Joséphine à Victor, et tous les personnages chantent les bienfaits de la paix définitivement proclamée.

Applaudie le 28 pluviôse, à la fête donnée par le ministre des relations extérieures, cette pièce reçut, le lendemain, même accueil des spectateurs du Vaudeville. Elle est bien tracée, amusante, et contient des couplets où Bonaparte a sa large part d'hommages sympathiques, sans que pourtant son nom soit prononcé.

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