La Fille jockey

La Fille jockey, vaudeville en un acte, de Lafortelle [et R. Alissan de Chazet], 2 ou 3 fructidor an 13 [20 ou 21 août 1805].

Pas de nom de coauteur : Chazet n’est pas nommé.

Théâtre Montansier.

La première représentation est annoncée deux jours de suite dans le Courrier des spectacles, et elle fait l’objet d’un court article dans le numéro du 4 fructidor [22 août]. Le Journal de l’Empire l’annonce le 2 fructidor, et la représentation du 3 n’est pas signalée comme étant la première.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 14-1805 :

La Fille jockey, vaudeville en un acte, Par M. Lafortelle. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre Montansier, le premier fructidor an XIII (1805).

Courrier des spectacles, n° 3110 du 4 fructidor an 13 [22 août 1805, p. 3 :

La Fille Jockey, jouée hier au théâtre Montansier, est de M. Lafortelle. Ce Vaudeville très-gai, et chargé de tous les quolibets qui font fortune à ce théâtre, a obtenu le plus grand succès.

Courrier des spectacles, n° 3111 du 5 fructidor an 13 [23 août 1805, p. 2 :

[Le principal mérite de la pièce réside dans les calembours qui constituent le fonds de commerce du théâtre Montansier, avec les tenue de Brunet. Monsieur Vautour a été un succès brillant, et la Fille Jockey fera moins bien. Les exemples de calembours de la pièce nouvelle expliquent assez bien cette prévision pessimiste : le public apprécie pourtant ces calembours ironiquement qualifiés de fins. Le résumé de l’intrigue n’en montre pas la cohérence, et elle apparaît surtout comme une série de situations de farce. Tout y passe : jeux de mots calamiteux, parodie du récit de Théramène, dénouement peu raffiné. La pièce est bien du niveau des productions habituelles du théâtre Montansier, dans le « genre grivois ». L’auteur est nommé, et les deux acteurs principaux sont mis en avant.]

Théâtre Montansier.

La Fille Jokei. — Une farce à turlupinades, à quolibets, à calembourgs, à rébus de tous les genres . est une excellente aventure pour ce théâtre. Voyez quelle fortune a faite M. Vautour, avec sa perruque de laine, son habit dont la taille descend jusqu’à terre, son ventre creusé jusqu'à l’épine du dos et sur-tout sa phrase de prédilection  : C’est donc pour nous dire. Qu’on est heureux quand on peut trouver la moitié de son esprit chez un frippier !

La Fille Jokei n’aura pas un succès aussi brillant que M. Vautour, mais après lui elle peut encore tenir un rang distingué On citera le costume de Brunet en jokei, sa figure pâle et défaite après sa chûte, et sur-tout ses bon mots : « Si j'avais aujourd’hui mon cheval de main. — Je suis sellier ; c'est sur ma porte : magasin de sellerie (de celeri.)

Beaucoup d’autres calembourgs de ce choix, de cette finesse, ont eu un succès prodigieux. Il faut ajouter à cela la voix ds Mlle. Caroline, déguisée elle-même en jokei, et des couplets chantés par Brunet dont tous les vers sont terminés par le mot cheval. J’ai toujours admiré l’intrépidité de quelques-uns de nos jeunes gens qui, avec des talens et de l’esprit, se condamnent à ce genre de travail.

Les personnages et le sujet de la Fille Jokei répondent parfaitement à ce que je viens de citer. M. Labride est un honnête maquignon qui veut marier sa fille ; mais en homme attaché à sa profession, i! ne veut la donner qu’à un homme qui aime les chevaux, qui sache les soigner ou les monter, et pour s’assurer davantage des qualités de son futur gendre, il propose un concours et promet la main de la belle Constance à celui qui sera vainqueur à la course. Deux rivaux se présentent et commencent à courir ; mais la victoire étant indécise, les deux champions commencent par se quereller et se menacer. Le plus intrépide propose à l’autre un duel : «  Voulez-vous vous battre au pistolet, à l’épée, au sabre ? Non, répond l’autre, au fouet  ; voulez-vous le fouet ? » — Le premier champion refuse le fouet ; sur quoi Brunet s’écrie : homme sans fouet (sans foi) ! répartie qui excite des applaudissemens universels. Au milieu de ces débats, Constance arrive déguisée en jokei ; elle se propose de disputer aussi la main de la nouvelle Hélène. La course a lieu , Brunet tombe dans la poussière, reparoit dans un état hideux, et raconte sa dolente aventure en parodiant le récit de Théramène :

A peine nous sortions de la Porte-Maillot,
Nous approchions déjà des hauteurs de Chaillot. etc.

Enfin Constance arrive victorieuse ; elle se fait reconnoître et se donne à Hippolyte, jeune amant qu'elle chérissoit depuis long-tems et que son père avoit toujours refusé.

Cette pièce a comme on le voit tout le mérite convenable pour figurer à côté des Jocrisses, des Cadet-Roussel, de M. Vautour, de l'Intrigue sur les toits. C’est dans ce genre grivois un ouvrage gai et fait pour la scène qui l’a adopté. L’auteur est M. de Lafortelle, l’un des nouveaux juges de la tragédie des Templiers.

Brunet et Mlle. Caroline ont contribué au succès de la pièce presque autant que les calembourgs. Le premier offre dans toutes les parties de son rôle une variété de masques et un talent de caricature très-rare. Je ne doute pas que sous le costume de jokei, il ne devienne un nouveau sujet d’admiration pour les habitués de la rue du Coq.

Mlle. Caroline chante très-agréablement , elle joue avec esprit, et sa taille légère et élégante se prêle très-bien au costume de jokei. Avant cette pièce on avoit donné l'Intendant Comédien, où les sept travestissemens de Volange avoient beaucoup amusé le public.

L’Intendant comédien malgré lui, ou la Fête de campagne est une comédie épisodique en un acte de Dorvigny (1784). Volange y jouait 8 rôles différents (celui d’un directeur de comédie et 7 rôle divers).

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