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La Forêt de Nicobar

La Forêt de Nicobar, opéra buffa en un acte, musique de Trento, 29 août 1808.

Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Forêt de Nicobar (la)

Genre

opera buffa

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

29 août 1808

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

Trento

Journal de l’Empire, 4 septembre 1808, p. 3 :

[Le critique est désireux de bien distinguer les genres théâtraux, ce qui revient à insister sur leur hiérarchie, bien sûr : pas plus qu’un opéra comique n’est une tragédie (donc un grand opéra), un opéra bouffon n’est un drame ou un mélodrame, mais cela ne le condamne pas à être « la foarce la plus ignoble », et la Forêt de Nicobar montre qu’il est possible de s’y élever « fort au-dessus de la sphère des bouffonneries italiennes ». On y trouve du sentiment (une fille qui fuit la maison paternelle par amour, quelle folie !), mais aussi du tragique (la jeune fille tombe aux mains des brigands, dont son amant la délivre, tout en se chargeant de faire triompher la justice, puisque le chef des brigands se trouve être le frère de la jeune fille, quelle incroyable coïncidence !). Il y a tout de même dans la pièce des éléments burlesques, apportés par les rôles de « deux valets imbecilles ». Quant à la musique, elle est d’un compositeur italien réputé, mais dont la musique est nouvelle en France. Elle est loin de convaincre le critique, qui s’interroge sur ce qu’on doit vraiment au maître, pusique ce qu’il a entendu est dans l’ensemble « monotone, sans couleur et sans effet ». Les époux Barilli ont bien chanté (mais madame a un rôle trop petit). Reste le sort des débutants. L’un se voit qualifié de « bouffon subalterne et chanteur sans voix », dont la présence s'explique par la nécessité de compléter la troupe. Et l’autre « a très peu de moyens », et il ne devrait guère attirer le public. Recrutement peu heureux, semble-t-il.]

Théâtre de l'Impératrice.

La première représentation de la Foresta di Nicobar, (la Forêt de Nicobar,) opéra bouffon en un acte, musique de Trento, pour les débuts de MM. Ranfagna et Brida.

Je disois tout-à-l'heure qu'un opéra comique n'est pas une tragédie : on peut observer, à l'occasion de la Forêt de Nicobar, qu'un opéra bouffon ne doit être ni un drame ni un mélodrame ; cependant, s'il étoit possible de répandre quelqu'intérêt sur ces productions condamnées à la farce la plus ignoble, je préférerois infiniment, même dans un opéra buffa, des situations touchantes à des parades d'une bassesse dégoûtante, et qui n'ont pas même le mérite de faire rire : les aventures de la Forêt de Nicobar s’élèvent fort au-dessus de la sphère des bouffonneries italiennes. Une fille s'enfuit de la maison paternelle pour suivre son amant qui est colonel, passe ; l'Opéra-Bouffon peut encore faire son profit de cette folie ; mais voici le tragique. La fille est prise par des brigands ; elle est reprise par son amant qui fait mordre la poussière aux brigands : leur chef est fait prisonnier, et l'on reconnoît dans son interrogatoire, qu'il est le frère de la maîtresse du colonel. Dès-lors tout s'arrange ; l'affaire toute criminelle qu'elle est se civilise, et le père, vrai Cassandre, pardonne à sa fille sa fuite honteuse, et à son fils ses brigandages ; mais l'absolution paternelle ne suffit pas à ce dernier, le colonel, son beau-frère, se charge de le réconcilier avec la justice.

Ce plan romanesque est gâté, beaucoup plus qu'égayé, par les platitudes triviales, et les méchantes farces de deux valets imbécilles. On dit que la musique est de Trento, sans nous dire ce que l'on a retranché de cette musique, ce qu'on peut y avoir ajouté ; si elle est du bon temps de son auteur. C'est la première fois que Trento paroît sur notre scène : un petit nombre de morceaux sont dignes de la réputation de ce maître ; l'ensemble est monotone, sans couleur et sans effet. Barilli a un rôle triste ; mais il a un bel air qu'il chante avec une belle voix et beaucoup de goût. On a regretté que l'organe délicieux de madame Barilli n'eût pas assez d'exercice dans cette pièce : pour le plaisir du public elle a trop peu à chanter.

Il est temps d'en venir aux deux débutans. L'un étoit déjà connu : c'est le signor Ranfagna, bouffon subalterne et chanteur sans voix, destiné à doubler Carmanini. On pouvoit à la rigueur s'en passer ; mais la retraite de Bianchi rendoit un tenore d'une nécessité absolue. Les bons tenores sont rares, et fort courus à ce qu'il paroît. Il faut croire que l'administration n'a rien négligé pour se procurer un sujet distingué, et cependant ses efforts ont été vains. Le signor Brida a très-peu de moyens ; son organe n'a point flatté l'assemblée : il est à craindre que de pareils débutans n'attirent pas beaucoup d'auditeurs.

Mercure de France, littéraire et politique, tome trente-troisième, n° CCCLXXII (samedi 3 septembre 1808), p. 467-468 :

Théâtre de l'Impératrice. — Première représentation de la Forêt de Nicobar, opéra en un acte, de Trento. Débuts de MM. Brida et Ranfagna.

Une première représentation et deux débuts, en voilà plus qu'il ne faut pour attirer la foule : aussi la salle de l’Odéon était-elle remplie d'une brillante et nombreuse société.

On est convenu depuis long-tems de ne plus donner l'analyse des poëmes italiens, et l'on a sagement fait d'y renoncer : La Forêt de Nicobar offre à peu près les mêmes situations que l'opéra de la Caverne, mais avec les invraisemblances et les folies que l'on trouve dans presque tous les opéras bouffons italiens.

La musique est de Trento : c'est le premier ouvrage de ce compositeur que l'on représente à Paris. Trento est connu en Italie par sa manière supérieure de jouer de la guitarre ; il a fait pour cet instrument beaucoup d'airs détachés, mais il ne note jamais que le chant, et laisse à un autre musicien le soin de faire les accompagnemens ; on dit cependant que ceux de la Forêt de Nicobar sont de lui ; quoi qu'il en soit, la musique de ce nouvel opéra a fait généralement plaisir ; on a sur-tout applaudi un beau duo entre Mme Barilli et M. Brida, un grand air parfaitement chanté par ce dernier, un quatuor d'un bel effet, et un morceau exécuté par Mme Barilli, avec tout le charme et toute la pureté de son talent.

M. Brida, l'un des débutans, est destiné à remplacer Bianchi : sa voix est une véritable haute-contre très-étendue ; elle a cela de particulier, qu'elle est plus forte et plus claire dans les tons hauts, c'est-à-dire que M. Brida donne les notes élevées de pleine poitrine, chose devenue fort rare dans ce pays, où les chanteurs trouvent plus aisé de chanter avec la voix de tête ; et, par ce moyen, tel d'entr'eux qui pourrait à peine solfier un air écrit pour un tenore, défigure hardiment les partitions des hautes-contres. La méthode de M. Brida est sage ; cette simplicité d'exécution a un peu surpris les spectateurs, mais elle n'a étonné que ceux qui croyaient que les Italiens indistinctement sont dans l'habitude de surcharger la musique d'ornemens qui lui sont trop souvent étrangers. Le débutant me paraît formé à l'école de Marchési : il a été applaudi, mais il méritait de l'être beaucoup plus. Nous l'engageons, quoi qu'on puisse lui dire, à persévérer dans son excellente méthode. L'acquisition de ce chanteur est précieuse pour la troupe italienne à qui il manquait un tenore.

M. Ranfagna a une basse-taille peu étendue ; il a joué avec succès le rôle d'un valet poltron et niais : son masque est comique ; et ses bouffonneries, sans être trop multipliées, ont beaucoup amusé les spectateurs.

Il est impossible de rendre compte d'une représentation aux bouffons, sans parler de l'orchestre et sans lui donner les éloges que méritent son ensemble et sa précision.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 13e année, 1808, tome V, p. 141

Odéon, théâtre de l’Impératrice.

L’Opéra Buffa a donné, le premier septembre, la Forêt de Nicobar, pour les débuts de MM. Brida et Ranfagna. Ce dernier a fait rire dans un rôle de valet poltron. Le premier qui chante les ténors ne vaut pas le signor Garcia. La pièce est une mauvaise imitation de la Caverne, et de Robert chef de Brigands. La musique de Trento n’a pas en tout le succès qu’on en attendait.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour 1809, troisième année (1809), p. 124-125 :

LA FORESTA DI NICOBAR, opéra en 1 acte, musique de Trento.(29 août)

Cet ouvrage, donné pour le début de MM. Brida et Ranfagna est tombé, et il y a apparence qu'il ne reparaîtra pas. On nous a assuré qu'il avait toujours eu le plus grand succès en Italie, ce qui nous prouverait que les ouvrages médiocres y réussissent quelquefois. Cela n'arrivera jamais ici , car nous n'en voulons pas.

J'ai choisi de mettre un lien sur la Caverne de Forgeot et Méhul. Il aurait pu tout aussi bien être mis sur la Caverne tout aussi populaire de Dercy et Lesueur.

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