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Le Fantôme de Bérézule ou les Deux hermites

Le Fantôme de Bérézule ou les Deux hermites, mélodrame à spectacle en trois actes d'A. B*** [Alexandre Bernos], musique de Leblanc, 1er messidor an 13 [20 juin1805].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1805 :

Le Fantôme de Bérezule, ou les Deux hermites, mélodrame à spectacle, en trois actes, en prose, Paroles de M. A. B***. Musique de M. Leblanc ; ballet de M. Hus, le jeune, mis en scène par M. Ribié. Représenté pour la première fois,, à Paris, sur le Théâtre de la Gaieté, en Prairial an 13 (Juin 1805).

Courrier des spectacles, n° 3049 du 3 messidor an 13 [22 juin 1805], p. 3-4 :

[L'article commence par ironiser sur l'emploi massif dans les mélodrames des moyens effrayants du roman noir, dont l'abus ne peut que finir par lasser le public. La pièce nouvelle était très attendue, et elle a plutôt déçu : on s'est moqué de ce spectre trop conforme à ce qu'on attend de ces adaptations de romans, qui dispensent surtout d'avoir des idées. L'intrigue a toute la noirceur du roman : deux « scélérats » qui assassinent, un faux hermite, une fausse accusation envers le fiancé de la belle Églantine, un faux fantôme accusateur à qui la justice fait confiance pour déterminer le coupable, jusqu'à ce qu'un véritable hermite fasse la vérité sur le crime. Le scélérat est « con damné et exécuté », et le mariage menacé par les accusations peut se faire. Le public a préféré des productions antérieures : « l'ensemble de la pièce » a paru « froid et dénué d'intérêt », à part « une ou deux scènes » (c'est bien peu). On ne peut guère sauver que les ballets et les décors. Finalement, « les auteurs des paroles » sont restés anonymes, à la différence des auteurs des ballets et de la musique.]

Théâtre de la Gaîté.

Le Phantôme de Bérézule.

C’est une belle chose qu’un phantôme, un hermite, un cachot , un fou, un voleur ; mais plus les choses sont belles, moins il faut les prodiguer. A force d’épuiser les romans noirs et mélancholiques, de multiplier les combats, les spectres, les rochers, les forteresses et les cavernes, on lassera le goût du public, et les auteurs de mélodrames se verront peut-ètre réduits à recourir, pour vivre, au bon-sens et à la raison.

Le Phantôme de Bérézule a eu beaucoup de peine à réussir, malgré ses draperies funèbres, sa haute taille, et tous les prestiges de la phantasmagorie. Cet échec est d’un très-mauvais augure ; si l’on vient une fois à manquer de respect aux revenans, que n’arrivera-t-il pas aux hermites et aux voleurs ? et quelle ressource restera-t-il à un pauvre auteur pour émouvoir son auditoire ?

Le Phantôme devoit avoir un grand succès ; il avoit toutes les qualités requises ; rien ne lui manquoit du côté de la taille, du geste, du costume et de la voix ; les gaîtés du parterre sont d’un fort mauvais exemple ; que restera-t-il à un pauvre spectre, si on se mocque de lui ? Cependant le scandale n’a point été complet ; il s’est trouvé quelques fidèles qui ont gardé religieusement leur foi, et la pièce a été jusqu’à la fin.

Le sujet de cet ouvrage est tiré d’un roman que les auteurs ont suivi presque littéralement ; ils n’ont eu d’autre peine que de mettre en dialogue les idées d'autrui. Ce moyen est simple, expéditif et commode ; il dispense d’un devoir fort importun, celui d’avoir des idées à soi et de l'imagination.

Deux scélérats nommés l’un Pernetti, et l’autre Rouvigné, volent et assassinent en Italie le Marquis de Copen. Ce Marquis a un frère nommé Albert, qui est fort amoureux de la belle Eglantine, fille du Baron de Bérézule. Comme on dispose tout pour le mariage des deux amans, les deux scélérats Pernetti et Rouvigné se cantonnent dans le voisinage du château de Bérézule, bien décidés, s’ils le peuvent, à faire un mauvais parti au Comte Albert.

Pernetti s’enveloppe du manteau d’un Hermite, et à l’aide d’une voix et d’un air hypocrites, parvient à s’insinuer dans la confiance du Baron, homme d’un esprit foible et crédule. Pour jouer son rôle d’une manière plus solemnelle et plus sûre, tous les soirs il se déguise en phantôme, et sous ce costume imposant, il accuse Albert du meurtre de son frère.

Bientôt la justice de Bérézule est instruite de cette apparition. On procède, on informe, et sur la déposition du Revenant on décrète Albert de prise de corps. Heureusement Pernetti n’étoit pas le seul Hermite qui habitât aux environs du château de Bérézule. Un autre Solitaire l’avoit précédé dans le voisinage, et celui-ci n’étoit point un scélérat. Une lettre, qui lui tombe entre les mains, et qui étoit destinée ponr Pernetti, lui découvre tout le secret de cette trame odieuse. Il se hâte de sauver l’innocent, et de dénoncer le coupable. On se saisit de Pernetti ; il est convaincu du meurtre du Marquis, condamné et exécuté. Albert , qui n’a plus rien à craindre, ni des revenans ni des assassins de son frère, profite de cette heureuse révolution pour épouser la belle Eglantine.

Les amateurs n’ont pas été aussi satisfaits de cette production que de la Forteresse de Cotatis, et sur-tout du Pied-de-Nez. Ils ont trouvé l’ensemble de la pièce froid et dénué d’intérêt, et à l’exception d’une ou deux scènes qui méritent quelqu’atention, ils out témoigné beaucoup d’indifférence pour les autres.

Cependant tout n’est point à dédaigner dans cet ouvrage, et si le poème manque de mérite, les ballets en ont beaucoup, les décorations sont fraîches et brillantes, et la scène offre un aspect souvent très-imposant. Les auteurs des paroles ont gardé l’anonyme ; celui des ballets est M. Hus le jeune. La Musique est de M. Leblanc.

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