Les Fausses déclarations

Les Fausses déclarations, vaudeville en un acte, de Michel, 23 août 1806.

Théâtre des Jeunes Artistes.

Courrier des spectacles, n° 3486 du 24 août 1806, p. 2-3 :

[Créé deux jours après Une espièglerie d'Arlequin, les Fausses déclarations a droit à un compte rendu à la suite de l'arlequinade. Impossible pour le critique de ne pas faire de comparaison, et elle n'est pas trop favorable. Heureusement le public a su être indulgent avec les jeunes artistes. Outre une certaine froideur et un réel manque d'originalité, l'article fait état d'un problème de plagiat, et même d'auto-plagiat, puisque l'auteur a repris des couplets déjà utilisés dans ses pièces antérieures. Le critique qualifie le « délit » commis par l'auteur d'un mot technique, le stellionat, le fait de vendre ou d'hypothéquer un bien immobilier qu'on sait ne pas posséder. Visiblement, le critique pense que ça ne se fait pas ! Le sujet de la pièce est ensuite expliqué : un mari qui ne trouve plus sa femme si belle, et lui fait maintes infidélités (il passe à la maison une fois par semaine). Un valet qui « penche pour Madame » espionne Monsieur, et elle trouve là le moyen de vérifier si son mari est jaloux. Elle utilise le vieux moyen de la lettre qui traîne pour lui faire croire qu'elle est infidèle. Mais dans sa réponse à la lettre qu'elle a reçue d'un galant, elle lui enlève tout espoir de réussite. Une dernière lettre, venant d'une amie de madame, et « pleine d'expressions injurieuses », fait comprendre à son mari son indignité, et il se réconcilie enfin avec son épouse qui a donné des gages « de sa constance et de son amour ». Verdict du critique : la pièce est morale, les rôles sont joués avec ensemble, et l'actrice principale « joue d'une manière très-agréable ». L'auteur est nommé, avant qu'un dernier paragraphe explique les projets du théâtre : une troupe pour la comédie et le vaudeville, une autre pour le mélodrame (il y a tout de même une hiérarchie des genres).]

Les Fausses Déclarations.

Ce vaudeville est d’un autre genre que l'Espieglerie d'Arlequin, et n’a pas eu moins de succès. Le genre en est plus froid, mais quelques situations gaies, quoiqu’elles n’aient pas le mérite de la nouveauté, et quelques couplets assez facilement tournés, ont satisfait des spectateurs déjà tout disposés à encourager les efforts des jeunes gens qui jouent dans les différentes pièces.

L’auteur n’a point assez déguisé les sources où il a puisé son sujet et ses scenes ; l’opéra du Secret, et le vaudeville de la Leçon conjugale pourroient être cités comme témoins de sa trop grande mémoire ; et un ou deux couplets que l’on a déjà entendus quelque part, ont reparu dans cette bluette. L’auteur peut objecter qu’ils sont à lui ; mais du moment qu’il les a livrés au public, et qu’on lui en a payé le prix, les spectateurs en les applaudissant, le directeur en achetant sa pièce, ils cessent d'être sa propriété ; et les offrir de nouveau au théâtre, c’tsi un stellionat en littérature. Cet abus se renouvelle souvent, et certes, ce n’est pas faute de mémoire : on n’oublie guères ses propres titres à la gloire quand on se souvient si aisément de ceux des autres. Mais revenons aux Fausses Déclarations.

Delmare est marié depuis trois ans, et sa femme ayant cessé d’être jolie à ses yeux, il a cessé d’ètre fidèle. Les bals, les fêtes réclameut tout son tems, et il rentre à peine une fois chez lui durant toute une semaine. Sophie son épouse gémit en silence ; elle espère qu’un jour son mari volage reconnoîtra son erreur. Il y a dans la maison un valet, nouveau Thomas, comme dans le Secret, que Monsieur paye pour savoir ce que dit Madame, et que Madame paye pour connoître la conduite de Monsieur. Cependant Benoist (c’est le nom de ce valet) penche pour Madame. Il sait qu’il est question de divorce, et il ne veut point voir pousser les choses aussi loin. Sophie veut éprouver si son époux est jaloux ; elle laisse une lettre sur la table ; Delmare l’ouvre et la lit : c’est une déclaration en forme que l’on fait a sa femme. Il est curieux dé connoître ce qu’elle répondra. Sophie répond en effet, mais de manière à ôter au galant supposé tout espoir de réussir.

Delmare est sensible à tant de procédés, et il veut se reconcilier avec sa femme, lorsqu’elle se présente à lui, sous le costume d’un petit Savoyard, chargé d’une lettre d’une dame de ses amies. La lettre est pleine d’expressions injurieuses pour Sophie, Delmare la déchire, et bientôt son épouse vient recevoir le prix de sa constance et de son amour.

Le but de ce vaudeville est moral, les rôles n. sont joués avec ensemble, le jeune Brouillon y joue d’une maniéré très-agréable ; il n’en falloit pas davantage pour réussir.

L’auteur est M. Michel.

On dit que ce petit Théâtre va former une troupe de Comédiens plus formés que ceux qui y sont actuellement. Ceux-ci formeroient le petit cadre. et joueroient le vaudeville ; les autres seroient engagés pour le melodrame..

Le stellionat est défini dans le TLFI comme une « manœuvre frauduleuse qui consiste à vendre un bien dont on sait ne pas être propriétaire, à vendre un même bien à plusieurs personnes, à présenter comme libre un bien hypothéqué ou à minorer les hypothèques qui grèvent un bien ».

Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l'an 1807, p. 222 :

[Un bon exemple de la façon de faire des articles pour le Mémorial. Le plagiat qu'on reproche à l'auteur de la pièce, on peut le reprocher aussi à celui de ce court compte rendu sans originalité.

Les fausses déclarations, vaudeville en 1 acte, de M. Michel. (23 Août.)

Cette pièce fait honneur à la mémoire de l'auteur ; l'opéra du Secret et le vaudeville de la Leçon conjugale étaient trop présens à son esprit, lorsqu'il composait son ouvrage.

Sujet de pure réminiscence des deux pièces citées.

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