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L'heureux stratagême (1791)

L'Heureux stratagême, comédie lyrique en deux actes, paroles de Guillaume Saulnier, musique de Louis Jadin, 13 septembre 1791.

Académie royale de musique.

Titre :

Heureux stratagème (l’), ou le Vol supposé

Genre

comédie lyrique

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

vers

Musique :

oui

Date de création :

13 septembre 1791

Théâtre :

Académie royale de musique

Auteur(s) des paroles :

M. Saulnier

Compositeur(s) :

M. Jadin

Sur le site Gallica, on trouve un manuscrit du livret qui porte la mention « non imprimé » : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52505601s/f1.item

Mercure universel et correspondance nationale, tome 7, n° 199 du jeudi 15 septembre 1791, p. 238 :

[Le critique promet « un léger crayon » de la pièce nouvelle, non pas une analyse complète, mais une simple esquisse. Il commence par un rapide résumé de l'intrigue, en insistant sur le caractère convenu de cette pauvre ruse (un valet qui se fait passer pour le rival amoureux ou matrimonial de son maître), déjà souvent utilisée. Pas d'« heureux stratagème » donc dans le livret, mais c'est la musique qui sauve la pièce. Originale malgré quelques réminiscences, elle a été « fort applaudie, avec un sort particulier à la très belle ouverture. Son auteur a été demandé, et la révélation de son nom s'accompagne d'un conseil, mieux choisir ses « poëmes », celui de Saulnier étant visiblement jugé insuffisant. Reste à féliciter les interprètes, avec le respect de la hiérarchie entre les artistes, du premier rôle aux emplois moins importants.]

Academie de musique.

Voici un léger crayon de la comédie lyrique donnée avant-hier pour la première fois, sous le titre de l'heureux stratagème.

Monsieur et Madame Dufrêne veulent marier Eléonor. On attend un gendre ; M. le baron de la Fougere, dont la noble alliance est un peu hors de saison. Comme cette arrivée contrarie Derville amant de Léonore, Lafleur son valet imagine de concert avec la soubrette de passer pour ce baron. Sous ce déguisement il s’introduit au château, présente Derville comme son neveu ; le vrai baron survient trop tard pour épouser Eleonor, mais assez-tôt pour démasquer le fourbe de valet. Tout s’arrange, comme on le pense bien ; et la même intrigue produit le même mariage que dans 1es ruses de Frontin, Tulipano, etc. etc. etc.

Le stratagème n'est rien moins qu'heureux. Mais heureusement pour la pièce, la musique est fort agréable ; de la mélodie, beaucoup de chant, une sorte d’originalité, tel est à peu près son style ; quelques réminiscences sont échapées [sic] à l’auteur, mais en général elle a été fort applaudie. Nous avons remarqué que l’ouverture (qui dans un opéra est a [sic] proprement parler l’argument) annonçoit heureusement le sujet.

On a demandé fort long-tems l’auteur ; c’est M. Jadin, connu par plusieurs succès dramatiques. Nous invitons ce jeune compositeur à être plus severe sur le choix des poëmes, sur-tout d’après le talent qu’il a de s'emparer de la situation, avantage que peu de musiciens possèdent parfaitement.

M. Lays a rendu avec beaucoup de comique et d’originalité le rôle de Lafleur déguisé en Baron. La flexibilité de sa voix lui a mérité de justes applaudissemens. Mademoiselle Rousseillois a joué avec sa gayeté [sic] ordinaire le rôle de soubrette. Les autres emplois ont été bien rendu par Messieurs Chardini, Renaud, Dufrene, mademoiselle Maillard.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 12 (décembre 1791), p. 320-322 :

[La pièce a eu le succès qu’elle méritait : le « poëme » est sévèrement jugé : « l’intrigue la plus faible », sans originalité (les déguisements comme dans Marivaux, ce qui n’est pas un compliment), un style « très-lâche & très-négligé » ; une musique qui n’est pas sans défauts, même si certains airs ont été applaudis : le compositeur y abuse des réminiscences, y compris de ses propres œuvres. Le meilleur de ce spectacle, c’est l’interprétation, en particulier celle de M. Laïs.]

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

Le mardi 13 septembre, on a donné la premiere représentation de l'Heureux stratagême, comédie lyrique en deux actes, paroles de M. Saulnier, musique de M. Jadin.

Cette piece a eu peu de succès. Le poëme offre l'intrigue la plus foible qu'on puisse jamais traiter, sur-tout à l'opéra. Mde. Dufresne veut marier sa fille Eléonore à un baron de la Haute-fougere, qu'elle n'a jamais vu : son mari s'y oppose en vain ; on attend le baron, & le mariage se doit faire le soir même. Eléonore est aimée de Terville, fils d'un négociant, jeune-homme riche & aimable. Lafleur, valet de ce dernier, invente l'heureux stratagême de se déguiser, & de se faire passer pour le prétendu. Il se costume donc ridiculement, & se fait présenter aux parens, qui le reçoivent à bras ouverts, & aux yeux de qui il donne Terville pour son neveu ; mais le véritable baron de la Haute-fougere arrive bientôt ; entrevue avec Lafleur, qui se fait passer pour M. Dufresne, & qui refuse Eléonore au baron : il fait plus, il le met à la porte, aidé de Frosine, suivante de la jeune personne. Le vrai baron adresse un cartel à M. Dufresne, qui, tout étonné, s'y rend ; &, pendant ce tems, un frere de Mde. Dufresne, qui s'oppose tant qu'il peut à ses projets de mariage, reconnoît Lafleur dans le prétendu. L'heureux stratagème est alors découvert, & Terville, qui, suivant l'usage en pareil cas, se trouve être le fils d'un ancien ami de M. Dufresne, épouse Eléonore.

Tel est le cadre de cette piece qui, comme l'on voit, ressemble aux travestissemens de Marivaux, à Crispin, rival de son maître, &c. &c. Le style en est aussi très-lâche & très-négligé.

M. Louis Jadin, qui l'a mise en musique, mérite sans doute des encouragemens : mais le public a trouvé, dans plusieurs morceaux, des réminiscences, & des réminiscences même de ses propres ouvrages, de Joconde, de la Communauté de Copenhague, &c. Plusieurs duos cependant, & d'autres morceaux d'ensemble, la finale du premier acte, qui prouvent un vrai talent, ont été généralement applaudis, sur-tout les airs qu'y chante M. Laïs, chargé du rôle de Lafleur. Il est vrai que cet artiste donne bien du prix à tout ce qu'il chante. Le goût italien, qu'il possede au plus haut degré, quand il veut l'employer, qu'il charge même quelquefois, lui a mérité les plus vifs applaudissemens, & l'on peut dire qu'il a beaucoup contribué à faire écouter la piece. Mlle. Maillard a fait briller sa belle voix, & une caricature très-comique dans le rôle de Mlle. Dufresne ; & Mlle. Rousselois, dont le jeu fin & piquant donne tant de graces aux rôles de soubrettes, qu'elle joue avec succès dans les Prétendus, dans le Sauvage, &c. a tiré beaucoup de parti de celui de Frosine. Le public a distingué aussi la jolie voix de M. Renaud, jeune acteur, qui mérite d'avoir des rôles & d'être encouragé : en un mot, cette piece, jouée d'alleurs par Mde. Ponteuil, & MM. Adrien, Chardini, &c. ne laisse rien à désirer du côté des acteurs.

César donne le titre complet, l'Heureux stratagème, ou le vol supposé. La pièce aurait été jouée le 19 août 1786 au Théâtre des Beaujolais, et elle a eu 3 représentations entre le 13 septembre et le 4 octobre 1791.

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