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Le Libelle

Le Libelle, comédie en un acte, en vers, de René Perrin, 10 janvier 1811

Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Libelle (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

10 janvier 1811

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

René Perrin

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1811, p. 283-286 :

[Le jugement porté sur cette pièce est sans nuances : l’auteur a cru pouvoir reprendre, à propos d’un des « génies les plus étonnans » du XVIIIe siècle, Frédéric II, souvent mis sur scène, une anecdote déjà racontée au théâtre, et de l’avoir fait sans aucun apport personnel : « que des choses rebattues, des longueurs, des scènes de remplissage », et un style « lâche et commun ». Heureusement pour des gens comme René Perrin que les auteurs ne sont pas trop regardants sur la question des emprunts !

La pièce « pillée » par le Libelle de René Perrin, c'est Frédéric à Spandau, ou le Libelle, de Duperche et Dorvo, musique de Piccinni, ballet d'Aumer créé sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin le 1er février 1806.]

Théâtre de l’Impératrice.

Le Libelle, comédie en un acte.

La vie du grand Frédéric a déjà fourni plus d'un sujet au théâtre. Le caractère assez bizarre de ce monarque poète et guerrier, sensible et bourru, juste et quelquefois passablement tyrannique, présente en effet une réunion de contrastes assez piquans sur la scène, et à laquelle le titre de roi prête une couleur plus originale encore. Frédéric était d'ailleurs le héros à la mode du siècle dernier ; ses détracteurs même ne peuvent nier qu'il ne réunit un assez grand nombre de qualités brillantes pour justifier en partie l'enthousiasme de ses contemporains, et la postérité, qui a déjà commencé pour lui, en réduisant à leur juste valeur quelques éloges un peu exagérés, n'en a pas moins placé le héros prussien au nombre des génies les plus étonnans que le dix-huitième siècle ait fait éclore. Il ne faut donc pas être surpris que tous nos théâtres aient mis à contribution la vie de ce monarque. C'est maintenant le sort de tous les grands hommes qui occupent un rang distingué dans l'histoire, de se voir célébrés sur tous nos tréteaux, à commencer par le Vaudeville, et à finir par l'Ambigu Comique. Aussi Frédéric a-t-il déjà chanté des Pont-Neuf à Sans-Souci ; nous l'avons encore entendu débiter de magnifiques sentences à Spandaw, et l'on sait que Thalie n'avait pas attendu ces grands exemples pour ouvrir au monarque les portes de son sanctuaire. Cette divinité bienveillante tente encore aujourd'hui de lui donner un pied à-terre dans sa petite maison ; mais je crains bien que cette manie d'hospitalité n'ait pas, pour cette fois, un bien grand succès. Cependant on ne peut dissimuler que l'auteur qui s'est chargé des frais de l'établissement, n'ait singulièrement visé à l'économie, et si l'entreprise n'est pas d'un grand rapport pour lui, il n'aura pas du moins à regretter sa dépense. Une petite intrigue d'amour, qui ne mérite pas qu'on en parle, une anecdote et deux pages; voilà les matériaux avec lesquels il a construit sa fable et, pour aller plus vite en besogne, il a pris son anecdote à l'Ambigu-Comique, et ses deux pages au Théâtre Français. On peut d'ailleurs reconnaître à cette méthode l'un des auteurs de la Nouvelle Cendrillon, qui s'est fait, par ses emprunts, une si mauvaise réputation dans le monde. M: René Perrin n'a pas fait preuve d'une conscience plus timorée dans son Libelle ; mais, heureusement pour lui, messieurs les auteurs n'y regardent pas de si près et ne s'obligent pas. entre eux à faire des restitutions ; ils préfèrent encore les inconvéniens de l'abus, aux conséquences qu'aurait infailliblement un tel usage. M. René Perrin peut donc avoir eu tort de prendre ; mais il a eu plus grand tort de faire mauvais usage de ce qu'il a pris. Tout le monde connaît ce trait de Frédéric, contre lequel un officier mécontent avait fait un libelle : le roi avait promis une récompense à celui qui lui en ferait connaître l'auteur. L'officier vint la réclamer lui-même, en se nommant, et Frédéric l'envoya à Spandaw, avec une lettre qui le nommait gouverneur de cette forteresse. Il fallait, au moins, réchauffer ce sujet bannal par des détails un peu piquans ; mais c'est la première chose que l'auteur ait négligé de faire. Sa pièce, quoique en un acte, n'offre que des choses rebattues, des longueurs, des scènes de remplissage, qu'un style lâche et commun ne contribue pas médiocrement à présenter sous un jour encore plus défavorable.

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