Le Lion parlant, opéra en deux actes, de Édouard-Thomas Simon, paroles et musique, 16 novembre 1792
Théâtre Montansier.
Mercure universel, tome 21, n° 622 du lundi 19 novembre 1792, p. 303-304 :
[Le compte rendu commence par le résumé de ce qui précède l'intrigue, une belle histoire sentimentale d'un couple d'amoureux parti vivre sur une île déserte pour échapper à l'autorité du père de la jeune fille, et qui a un fils, qui pourrait bien épouser la fille du couple de serviteurs qui vit avec ses parents. Le père du jeune homme pense d'ailleurs que marier son fils avec cette enfant serait « le remède […] à leur amour », décision que le critique tout à fait philosophique. Pour éviter d'être surpris par « des bêtes féroces », un piège a été installé, et il fonctionne quand le père de la jeune fille tente de la « ravir à son amant ». Le serviteur vêtu d'une peau de lion lui fait peur, et le pauvre père, terrorisé, promet tout ce qu'on veut : il consent au mariage de sa fille avec son amant, et tout le monde peut « retourner dans sa patrie ». La pièce est inspirée d'un conte de Voltaire, mais le critique n'est pas loin de penser que l'auteur de la pièce aurait pu sans dommage laisser l'intrigue où elle était. La musique n'est pourtant pas sans mérite (« plusieurs morceaux de musique ont été applaudis »), l'auteur a paru : il est auteur des paroles et de la musique. Les interprètes ont bien tenu leur rôle, tant pour le chant que pour « la scène du Lion ».
Le conte de Voltaire dont la pièce serait inspirée semble être le Marseillais et le Lion qu'on range dans les Satires.]
Theatre de la Citoyenne Montensier.
Une jeune personne pour se soustraire à l'autorité paternelle a fui avec son amant : elle habite une île déserte ; un fils est le fruit de leur union; ils jouissent du bonheur domestique, et leur félicité est si parfaite qu’on seroit presque tenté de croire qu’elle ne se trouve plus que dans un désert. L’amitié d’un fidèle serviteur et de sa femme augmente leur satisfaction. Ce double couple possède l’un un fils, l’autre une fille : on se doute bien qu’ils s’aiment. Leur union est le remède que le père philosophe trouve à leur amour.
Pour se garantir de l’approche des bêtes féroces qui ravagent cette contrée ; ces colons ont entouré leur habitation de pièges ; une sonnette les avertit lorsqu'un animal est pris. Mais cette fois, ce n’est point un animal, c'est le père de notre épouse fugitive ; il vient pour la ravir à son amant. Mais leur valet, intelligent et adroit, se revêt de la peau de lion, et profite de la peur qu’il lui inspire pour lui faire promettre de pardonner à sa fille ; le vieillard tremblant promet tout pour se soustraire à la griffe de monseigneur le Lion. L’aimable famille se réunit pour retourner dans sa patrie.
Cet opéra , intitulé : le Lion parlant, est tiré, comme on le voit, d’un conte de Voltaire. Reste à savoir si l’auteur n’eût pas tout aussi bien fait de laisser le conte où il étoit. Néanmoins plusieurs morceaux de musique ont été applaudis. On a demandé l’auteur ; il a fait les paroles et la musique ; son nom est Simon ; il a paru.
Lebrun et Lillier ont chanté avec beaucoup du goût. Amiel et Micalef ont bien joué la scène du Lion.
La base César, à la suite de Soleinne et sa Bibliothèque, confond le Lion parlant de 1792 avec le Lion parlant de 1806 : elle attribue à Charrin, né en 1784, et donc âgé de 8 ans en 1792, la paternité d'une œuvre qui ne peut guère lui appartenir.
Elle aurait eu deux représentations, les 16 et 19 novembre 1792, au Théâtre Montansier.
André Tissier, les Spectacles à Paris, tome 2, p. 116 donne également comme date de création le 16 novembre 1792, et accorde deux représentations à la pièce de Simon, à qui on doit aussi l'Apropos de la nature.
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