Le Lombardeur, ou la Maison de Prêt

Le Lombardeur, ou la Maison de Prêt, comédie en trois actes, 19 Frimaire an 7 [9 décembre 1798].

Théâtre d'Émulation

Almanach des Muses 1800

Est-ce la même pièce que La Maison de prêt, ou l'Usurier moderne, dont on a la brochure, mais que la base César ne connaît pas ? Si c'est le cas, l'auteur est le citoyen Mignan.

La première représentation est confirmée dans le Courrier des spectacles, n° 656 du 19 frimaire an 7 [9 décembre 1798].

Courrier des spectacles, n° 659 du 22 frimaire an 7 [12 décembre 1798], p. 3 :

[Après avoir expliqué le titre (qu’est-ce qu’un Lombardeur ?), le critique donne une analyse précise du sujet, une histoire infiniment morale d’un père qui veut éprouver ses deux fils et feint pour cela la pauvreté. Un des fils, surnommé le Lombardeur a fait fortune et se montre d’une extrême dureté envers son frère, simple compagnon menuisier, et même envers son père qui vient le solliciter. Au moment où le riche parvenu est prêt à faire saisir les meubles de son frère, le père révèle sa richesse et la raison pour laquelle il ne l’a pas fait connaître. Le mauvais fils est déshérité et maudit, le bon fils est récompensé. Le critique ne peut que souligner le caractère profondément moral de la pièce, tout en la qualifiant de mauvaise pièce : scènes vides, personnages inutiles, impossibilité de prendre de l’intérêt à l’intrigue. Un seul rôle consistant, celui de l’huissier venu saisir les meubles du bon fils.]

Théâtre d’Emulation.

Le Lombardeur, comédie nouvelle en trois actes et en prose, vient d'obtenir du succès à ce théâtre. La dénomination de Lombard qu’ont prise les différentes maisons du prêt établies dans la capitale, a donné à l’auteur l’idée d’appeler Lombardeur le héros de sa pièce.

Denis, ancien laquais de Mad. d’Hercourt, a hérité d’elle une somme assez considérable, et l’a employée à prêter sur nantissement, au plus haut cours possible. Sa fortune a été rapide, et sous le nom de Lombardeur, il continue cet honnête trafic, tandis que son frère, compagnon ménuisier, languit dans le besoin avec son père, faute de trouver de l’ouvrage. Logé dans une des maison de Lombardeur, il lui doit deux termes de son loyer, pour lesquels l’impitoyable usurier veut faire saisir ses meubles. Mad. Denis pourroit seule arrêter les poursuites de l’huissier ; elle n’a qu'à divorcer avec Denis pour épouser son frère. Son refus excite le ressentiment de ce dernier qui, reconnoissant son père dans un homme malheureux qui vient lui demander des secours, se montre sourd à la voix de la nature. Denis père rebuté par son fils le richard, va chez celui qu’il sait ruiné. Là les soins les plus tendres lui sont offerts ; mais au moment où Denis l’artisan se félicite du retour de son père, et de pouvoir soulager sa vieillesse, l’huissier vient exécuter ses meubles ; en vain supplie-t-il Lombardeur qu’il fait demander. Ce monstre est sourd aux prières de son frère, à celles même de son père, et il ordonne à l’huissier de remplir sa mission. Alors Denis père tire de sa poche deux cents francs que doit son fils, et fait entrer deux hommes portant des saccocbes pleines d’or. C’est le fruit du commerce qu’il a fait dans les isles sa pauvreté n’avoit été que feinte, pour éprouver ses enfans, et l’épreuve étant si contraire à Lombardeur, il encourt l’exhérédation et la malédiction paternelle tandis que Denis reçoit la récompense d’avoir écouté la voix de la nature.

Le but de cet ouvrage est sans doute très-louable ; mais on ne peut se dissimuler qu’il n’a pas été traité comme il devoit l’être : ce sont des scènes assez généralement vuides ; deux ou trois personnages inutiles, peu d’intérêt. Le rôle d’huissier est le mieux fait, et il est d’ailleurs fort bien rendu par le cit. Corse.

D'après la base César, la pièce, d'auteur inconnu, a été jouée 16 fois du 9 décembre 1798 au 20 mars 1799, 4 fois au Théâtre d'Emulation (salle Louvois), 4 fois au Théâtre des Amis de la Patrie, 8 fois au Théâtre de la Gaîté: