Louis XII, père du peuple (Ronsin)

Louis XII, père du peuple, tragédie en 5 actes et en vers, par le C. Ph. Ronsin, 12 février 1790.

Théâtre françois.

A ne pas confondre avec la pièce homonyme de Plancher-Valcour, musique du Cousin Jacques.

Titre

Louis XII, père du peuple

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose ?

vers

Musique :

non

Date de création :

12 février 1790

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

C. Ph. Ronsin

Almanach des Muses 1791

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez L. Potier de Lille, 1790 :

Louis XII, père du peuple ; tragédie, Dédiée à la Garde Nationale. Représentée sur le Théâtre de la Nation, le 12 Février 1790. Par C. Ph. Ronsin, Capitaine d'honneur de la Garde Nationale Parisienne.

André Tissier, Les Spectacles à Paris pendant la Révolution, tome I, De la Réunion des Etats généraux à la chute de la royauté, 1789-1792, p. 13-14, évoque l'accueil très sévère que la pièce a reçu et cite longuement l'article du Modérateur du 13 février 1790 :

Le public n'a jamais montré plus de rigueur que pour la tragédie jouée hier à ce théâtre. Les murmures les plus bruyants l'ont accompagnée depuis le premier acte jusqu'au dernier. On a cependant applaudi plusieurs vers où, sous le nom de Louis XII, on a reconnu un de ses successeurs, nommé comme le père du peuple, au milieu des états généraux.

Si le public a été dur envers l'auteur de cette tragédie, on ne sera que juste envers le public en lui reprochant le despotisme absurde qu'il veut exercer aujourd'hui.

Après la représentation de Louis XII, qui avait été finie, à une scène près, on a voulu commencer le Médecin malgré lui, annoncé à l'affiche. Alors des ris se sont élevés de toutes parts. Le parterre a demandé Épiménide. M. La Rochelle a observé que les acteurs qui jouaient dans Épiménide ne s'y trouvaient pas. Le public a paru peu satisfait de cette raison, qui pourtant était très bonne.

M. Dazincourt a parlé ensuite ; il a représenté que le public avait laissé jouer Louis XII jusqu'à la fin, qu'on lui donnait la seconde pièce promise, et que par conséquent il ne pouvait se plaindre des acteurs. De nouveaux murmures ont éclaté après cette sage réponse.

Nous demandons à tout homme sensé si le parterre peut raisonnablement exiger que tous les acteurs se tiennent prêts tous les jours à tous les rôles qu'il lui plaira d'indiquer au milieu du spectacle ? Il a fallu pourtant céder au caprice de la multitude. On a joué Epiménide ; mais MM. Dugazon et Talma étant absents, leurs rôles ont été lus par MM. Dunant, Dazincourt et La Rochelle.

Le parterre ne cessera-t-il point de donner ces scènes de scandale et d'extravagance qui le feraient croire indigne de la liberté qu'on lui a rendue ?

Mercure de France, tome CXXXVIII, n° 8 du samedi 20 février 1790, p. 119 :

[Après avoir évoqué la place prise sur les théâtres par les pièces de circonstance et en particulier le Réveil d’Epiménide et le Souper magique (un succès et un échec), le critique évoque rapidement une tragédie, Louis XII, dans lequel l’auteur a montré tout ce qui permet de faire un rapprochement avec les événements présents. Mais sa pièce a été mal accueillie : composée trop vite, manquant de verve et d’intérêt, elle ne vaut que par l’intention patriotique de l’auteur.]

Nous nous arrêterons peu sur la Tragédie de Louis XII, donnée le lendemain pour la première fois; cette Pièce n'ayant eu qu’une représentation, et même n’ayant pas été tout-à-fait jusqu'à la fin. Aucun moment de la vie de ce Monarque n'offroit un sujet heureux à la Tragédie ; ce qui a séduit l'Auteur, c'est la facilité d'appliquer ce beau surnom de Père du Peuple, et l'on conçoit que cette intention étoit aussi facile à saisir qu'à réaliser.

Louis XII revenant dans ses Etats après avoir fait la guerre en Italie, y trouve beaucoup de désordre à réparer, et des abus d'autorité à punir. Les réflexions et les récits, que l'Auteur a fait entrer dans ce cadre, ont presque tous rapport aux événemens de la révolution.

Cette Tragédie a été composée peut-être trop rapidement ; le Public l'a traitée avec beaucoup de rigueur ; les connoisseurs ont trouvé qu'elle manquoit en général de verve et d'intérêt ; mais tout le monde a dû applaudir au sentiment de patriotisme qui avoit inspiré l'Auteur.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome IV (avril 1790), p. 317 :

[Louis XII, prétexte pour évoquer les événements présents. La pièce n'a pas été à son terme. Si elle manque « de verve & d'intérêt » pour les connaisseurs, elle reflète bien le patriotisme de son auteur.]

THÉATRE DE LA NATION.

La tragédie de Louis XII, qu'on a voulu représenter le 12 février, pour la premiere ſois n'a point été jouée jusqu'à la fin.

Aucun moment de la vie de ce monarque n'offroit un sujet heureux à la tragédie ; ce qui a séduit l'auteur, c'est la facilité d'appliquer ce beau surnom de Pere du Peuple, & l'on conçoit que cette intention étoit aussi facile à saisir qu'à réaliser.

Louis XII revenant dans ses états après avoir fait la guerre en Italie, y trouve beaucoup de désordres à réparer, & des abus d'autorité à punir. Les réflexions & les récits, que l'auteur a fait entrer dans ce cadre, ont presque tous rapport aux événemens de la révolution.

Cette tragédie a été composée peut-être trop rapidement ; le public l'a traitée avec beaucoup de rigueur ; les connoisseurs ont trouvé qu'elle manquoit en général de verve & d'intérêt; mais tout le monde a dû applaudir au sentiment de patriotisme qui avoit inspiré l'auteur.

Annales dramatiques : ou Dictionnaire général des Théâtres, Volume 5 (Paris, 1810) :

LOUIS XII, Père Du Peuple, tragédie en trois actes, en vers, par Ronsin, aux Français, 1790.

L'auteur nous présente Louis XII à son retour d'Italie, s'occupant de réparer les désordres survenus dans ses Etats, sous un ministre oppresseur, etc.

Toutes ces pièces, nées de la révolution, ont éprouvé le choc des événemens. Tristes enfans du désordre et du renversement des principes, honteux d'avoir vu le jour, ils cachent leur hideuse figure, et tremblent qu'une main hardie vienne soulever le voile qui les couvre ; mais il y aurait autant de lâcheté que de perfidie à troubler leur repos, et l'on doit avoir pour eux les égards dûs au malheur. Jusqu'ici, nous n'avons rien dit qui puisse les allarmer : nous ne cesserons pas d'être généreux, et nous leurs [sic] conserverons toujours une bienveillante discrétion. Infortunés proscrits ! soyez heureux, si vous pouvez l'être dans vos sombres retraites ; restez en paix dans vos galetas, nous n'irons jamais vous y chercher. Puisse tout le monde être indulgent, et vous pardonner vos funestes égaremens !

Les articles du Modérateur et du Mercure de France reproduits ci-dessus affirment que la pièce a eu une seule représentation, et la base César cite en effet une seule représentation à l'Odéon / Théâtre de la Nation (celle du 12 février 1790). Si elle signale 9 autres représentation, aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques, du 1er mars au 5 avril 1792, il faut peut-être les attribuer à la pièce homonyme de Plancher-Valcour.

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