La Mort de Beaurepaire ou les Héros français, fait historique en un acte et en prose, de Dumaniant, 24 octobre 1792.
Théâtre des Variétés du Palais.
Nicolas Beaurepaire a été un des héros de la Révolution. Né en 1740, après une carrière militaire sans gloire, il s'engage en 1791 et devient le lieutenant-colonel du premier bataillon des volontaires de Mayenne-et-Loire, département dont il n'est pourtant pas originaire. Ce bataillon est envoyé à Verdun en juin 1792. Il subit le siège que le duc de Brunswick impose à la ville à partir du 31 août. Beaurepaire, commandant de la place, refuse de céder aux exigences de l'ennemi, contre la volonté des notables locaux. Il est retrouvé mort le 2 septembre dans son bureau, sans qu'on sache s'il s'agit d'un meurtre ou d'un suicide. Verdun capitule le même jour, et la Révolution fait de Beaurepaire un héros. L'Assemblée législative décrète que son corps sera transféré du cimetière de Sainte-Menehould, mais la décision n'a jamais été exécutée, et c'est au Théâtre qu'il va survivre, à travers la pièce de Dumaniant, mais aussi celle de Charles-Louis Lesur, l'Apothéose de Beaurepaire, et l'opéra de Jean-Joseph Leboeuf, musique de Pierre-Joseph Candeille la Patrie reconnaisante ou l'Apothéose de Beaurepaire (février 1793).
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, de l'Imprimerie de Cailleau, l'an second de la République Française :
La Mort de Beaurepaire ou les Héros français, Fait historique En un Acte et en Prose, Par A.-J. Dumaniant. Représenté, pour la première fois, à Paris sur le Théâtre des Variétés du Palais, le 24 octobre 1792.
On meurt, & l'on ne cède point.
Scène XI.
Mercure universel, tome 20, n° 601 du samedi 27 octobre 1792, p. 431-432 :
Après le compte rendu de l'Émigrante, ou le Père jacobin et Contretemps sur contretemps, également donnés au Théâtre de la République, celui de la Mort de Beaurepaire. Le compte rendu est facile à faire : un paragraphe évoque combien c'est un devoir et un bonheur pour les auteurs de célébrer le « dévouement [...] des soldats citoyens contre les vils satellites d’un despote extravagant ». Le critique a su faire parler le héros de la pièce, mort pour avoir refusé que Verdun soit tombé aux mains des ennemis, et ayant préféré la mort à la capture. La pièce a d'autre part le mérite de mettre aux jours les intrigues à la fois « aristocrates et sacerdotales » (noblesse et Église, les deux ennemis de la Révolution) qui ont causé la perte de la ville, qui ne pouvait tomber que par trahison.]
Même Théâtre.
C’est un devoir comme une satisfaction pour les auteurs dramatiques de consacrer leur plume à célébrer les actes de bravoure et de grandeur d'ame qui honorent un peuple libre. Jamais les fastes de l’histoire n’auront offert autant de traits d’un généreux dévouement que la guerre des soldats citoyens contre les vils satellites d’un despote extravagant.
Dumaniant vient de mettre au théâtre la Mort de Beaurepaire, de ce brave citoyen qui ne voulut pas survivre à la prise de Verdun. Il place dans sa bouche un langage digne du trait qui a terminé sa vie, et il n’est pas toujours facile de faire parler un héros. L’auteur n’a pas oublié le trait de ce jeune citoyen, caché dans un embuscade pour tirer sur les ennemis ; pris et condamné, il se précipite dans le fleuve plutôt que de périr de la main des brigands.
On doit savoir gré à l'auteur d'avoir développé les trames aristocrates et sacerdotales, par lesquelles la ville a été livrée.
L.-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris, le Théâtre de la Cité, 1792-1807 (Paris, 1910), p. 10-11 :
[Après un résumé très patriotique de l'intrigue, un jugement très positif : « des situations émouvantes ; écrite avec chaleur et bien jouée, elle obtint d'unanimes applaudissements ». ]
Les Allemands viennent de tenter, à Verdun, un assaut que Beaurepaire a repoussé. Des traîtres cependant parcourent la ville en conseillant une reddition. Parmi eux est l'évéque, désireux de reconquérir ses prérogatives, et le moine Ambroise, qui s'est emparé de l'esprit de Mme Doucet au point de lui faire bannir et déshériter son fils au profit de l'Eglise. Un trompette du duc de Brunswick vient tout à coup sommer la ville de se rendre ; un officier municipal incline vers ce parti, mais, sur les protestations de Beaurepaire, on décide de résister jusqu'au bout. Au moment même où cette résolution est prise, des bourgeois affolés ouvrent les portes à l'ennemi. Beaurepaire, désespéré, se tire un coup de pistolet. Un chasseur français, pour venger son chef, tue l'adjudant-général de Brunswick ; on le condamne au supplice, mais il s'échappe et se précipite dans la Meuse. Tant d'énergie frappe Brunswick, qui n'ose refuser aux défenseurs de Verdun de sortir avec leurs armes ; ceux-ci partent donc, emportant sur un brancard le corps du héros qui a préféré la tombe au déshonneur.
Cette pièce présente des situations émouvantes ; écrite avec chaleur et bien jouée, elle obtint d'unanimes applaudissements.
D'après la base César, la pièce de Dumaniant a connu 12 représentations, du 24 octobre 1792 au 25 août 1793, su le Théâtre des Variétés.
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