Manon Lucrèce

Manon Lucrèce, parodie de Lucrèce, en 2 actes et en vaudevilles, 11 juin 1792.

Théâtre des Variétés Comiques

Chronique de Paris, n° 163 du dimanche 10 juin, Annonces et avis divers :

[Un texte curieux : la lettre d'un jeune homme (il dit avoir dix-sept ans) qui insiste sur l'originalité de sa pièce, une parodie de Lucrèce : il n'a pas plagié la parodie à succès de Barré, Arlequin Taquin, qu'il sait supérieure à sa propre production. Elle arrive trop tard, mais ce n'est pas de sa faut, elle était prête dès le lendemain de la seconde représentation de Lucrèce. Et il finit en invitant ceux qui ont vu la pièce de Barré à ne pas venir voir sa pièce : « la comparaison seroit trop à [s]on désavantage.

Donnons lui raison sur un point : il ne s'est pas trompé sur le succès rencontré par sa pièce : une seule représentation...]

J’ai donné au Théâtre des Variétés Comiques, Foire St. Germain, une parodie de Lucrèce, sous le nom de Manon-Lucrèce. Le retardement que plusieurs obstacles ont apporté à la représentation de cette pièce, pourra faire croire au Public qu’elle est nouvellement composée, & il s’étonnera qu'on ait eu la hardiesse de traiter un sujet présenté par M. Barré, avec la supériorité qui distingue tous ses ouvrages, & qu’on se flatteroit envain d’obtenir après lui ; quelques personnes diront peut-être qu'Arlequin Taquin m’a été d’un grand secours, & appeleroit plagiat les ressemblances légères qu’on ne peut manquer de trouver dans deux parodies d’une même pièce. Je crois devoir, en conséquence, sauver du naufrage le seul mérite de cette bagatelle. qui est d’être entièrement de moi, & d’avoir été composée incontinent après la seconde représentation de Lucrèce. Je préviens donc le public qu’elle étoit entièrement finie & copiée le vendredi matin 18 mai, jour même qu’on donna Arlequin Taquin, & d’après le succès complet & mérité de cette pièce, je me déterminai à porter la mienne, d’abord destinée au Théâtre du Vaudeville, au Théâtre des Variétés Comiques, ce que je fis le lendemain samedi 19 mai, ainsi que les Directeurs & Acteurs de ce Théâtre sont dans le cas de l'attester. Je certifie, en outre, que je n’y ai rien changé depuis ce tems, pas même les noms. Un jeune homme de dix-sept ans, qui ne s’attend pas à un grand succès, est au moins jaloux de l’honneur d’avoir fait quelque chose de lui-même.

Le Public me jugera lundi prochain, & je crois devoir prier ceux qui ont vu Arlequin Taquin de ne pas venir voir Manon-Lucrèce ;.

G***

La pièce à la carrière météorique n'apparaît pas dans la base César. André Tissier, Les spectacles à Paris pendant la Révolution, Volume 1, p. 282, lui accorde une seule représentation.