La Pomme de rambour, comédie en un acte, en prose & en vaudevilles, 11 juillet 1793.
Théâtre de l'ambigu comique.
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Titre :
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Pomme de rambour (la)
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Genre
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comédie en vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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11 juillet 1793
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Théâtre :
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Théâtre de l’Ambigu Comique
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Auteur(s) des paroles :
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 8 (août 1793), p. 328-330 :
[Le compte rendu se limite à un long résumé, après une courte présentation et un non moins court jugement. La pièce est donc une parodie facile à reconnaître par les lecteurs du temps. C’est le Jugement de Pâris de Gardel qui est parodié, avec une transformation notable : on parodie une pantomime par une pièce parlée. Quant au jugement, il tient en une phrase : « Rien de neuf, des situations agréables, quelques jolis couplets, des propos très-lestes, des pointes fort graveleuses, & beaucoup de licences poétiques & grammaticales, voilà ce qui caractérise la Pomme de rambour, qui a réussi. » Admirable exemple de l’art de condamner tranquillement une pièce qui n’a pas grand chose pour elle, et de plus en plus critiquée au fil de la phrase, avec un paradoxe final : la pièce peu recommandable et mal écrite a pourtant réussi (mais elle a aussi valu quelques soucis au directeur de l’Ambigu Comique, en raison justement de son indécence). Mais son auteur a préféré ne pas être connu.
THÉATRE DE L'AMBIGU COMIQUE.
La Pomme de rambour, comédie en un acte, en prose & en vaudevilles.
Le titre de cette piece dit assez que son auteur a voulu parodier ou imiter le beau ballet qui attire maintenant tant de monde à l'opéra. Il est assez singulier de vouloir parodier en parlant une pantomime où l'on ne dit mot. N'importe, voyons le parti qu'on a tiré de ce sujet.
Le pere Thomas avoit promis sa fille Rosette à Georges, garçon jardinier ; mais le magister du village, aussi riche que vieux, s'étant mis sur les rangs, obtient la préférence. Rosette & Georges sont au désespoir ; celui-ci se console toutefois du mariage de sa maîtresse, parce qu'il se flatte qu'elle l'aimera toujours, malgré les nœuds qui rattacheront au magister ; c'est être fort prévoyant au village, où par bonheur on n'a pas tout-à-fait encore, si ce n'est dans les environs de Paris, les mœurs corrompues de la ville. Bon ! Georges ne se souvenoit pas que le magister avoit négligé, en invitant tout le village, d'aller voir la vieille tante Urlurette ; elle est fine, elle est malicieuse, elle pourra donc encore venir à son secours, & empêcher sa cousine Rosette d'éprouver [sic] le magister.
Tout le village est assemblé ; c'est le magister qui paie les violons, & l'on danse. La tante Urlurette arrive inopinément ; elle vient remercier le magister de l'attention qu'il a eue pour elle ; & pour récompenser ses nieces, Lise, Nice & Joliette, d'avoir si bien dansé à la fête, elle remet à Thomas une grosse pomme de rambour, pour qu'il la donne à la plus belle. Après avoir fait ce cadeau, elle quitte les noces un peu plus gaiement que la discorde ne quitta celles de Thetis & Pélée.
Thomas est fort embarrassé ; ses trois cousines lui paroissent également belles ; à laquelle donnera-t-il la pomme ? il ne sauroit se décider ; c'est pourquoi il prie le magister de se charger de ce soin. Tout le monde sort, à l'exception du juge & des trois belles. Mais comme la beauté est un don passager, & qu'elle n'est rien sans le talent, il ne donnera la pomme qu'à celle qui réunira le talent à la beauté.
Lise pince parfaitement bien la guittare, ce n'est pas commun au village ; Nice danse à merveille ; Joliette chante à ravir, & elle joint à cela tant de caresses pour le magister, qu'elle obtient la pomme ; c'est la Vénus de la parodie. Ses sœurs sont furieuses, & la jalousie les porte chez le pere Thomas, à qui elles vont déclarer qu'elles ont vu le magister embrasser tendrement leur sœur Joliette. Quoi ! disent-elles, vous souffririez après cela que notre cousine épousât un homme qui lui fait une infidélité le jour même de son mariage ?
Le pere Thomas fait à ce propos les réflexions les plus sérieuses. Georges & Rosette renouvellent auprès de lui leurs pressantes sollicitations ; Thomas se laisse attendrir ; tout le village reproche au magister son infidélité ; il n'est pas, jusqu'à Joliette, qui ne lui fasse honte d'avoir abusé, pour l'embrasser, de l'envie qu'elle avoit d'obtenir la pomme. Le magister interdit, voyant que son mariage prend une fâcheuse tournure, consent à céder Rosette à son amant Georges, qui n'oublie pas d'aller remercier la tante Urlurette, & de l'inviter à sa noce.
Tout le monde étant d'accord , on n'a rien de mieux à faire que de se divertir ; &, comme le Jugement de Pâris , la Pomme de rambour finit par des danses.
Rien de neuf, des situations agréables, quelques jolis couplets, des propos très-lestes, des pointes fort graveleuses, & beaucoup de licences poétiques & grammaticales, voilà ce qui caractérise la Pomme de rambour, qui a réussi. On en a demandé l'auteur ; il n'a pas jugé à propos de se montrer, ni de se faire connoître.
D’après la base César, l’auteur est inconnu. Première le 21 juillet 1793. 35 représentations en 1793, 27 en 1794 (jusqu'au 4 octobre 1794). Et 1 représentations en 1795, le 22 décembre.
Le directeur de l’Ambigu Comique, Audinot, a été inquiété pour avoir mis sur la scène la Pomme de rambour, en raison de son indécence (Henri Calvet, Un instrument de la terreur à Paris : le Comité de salut public (1941), p. 341).
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