Les Pages au Sérail, vaudeville en deux actes, de Théaulon et Armand Dartois, 17 juin 1811.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Pages au Sérail (les)
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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2
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Vers ou prose ?
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en prose avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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17 juin 1811
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Théâtre :
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Théâtre du vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Théaulon et Armand Dartois
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Almanach des Muses 1812.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Masson, 1811 :
Les Pages au sérail, vaudeville en deux actes de messieurs Théaulon et Dartois ; Représenté sur le théâtre du Vaudeville, le 17 Juin 1811.
Paris est la brillante école
Où l'Europe entière s'instruit.
Scène I.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome III (mai 1811), p. 396-367 :
[Plutôt que de résumer l’intrigue, le critique se contente d’en donner une simple idée, suffisante pour en montrer l’absurdité (un pacha qui accepte que ses deux captives française se refusent à lui, et qui est assez maladroit pour les laisser s’échapper...). Trop d’invraisemblances, des indécences, et pourtant la pièce n’est pas tombée.]
Les Pages au sérail, vaudeville en deux actes, joué le 17juin.
On voit dans cette pièce un Pacha galant qui admire les Français, et a beaucoup de goût pour les Françaises, surtout lorsqu'elles sont cruelles : il en possède deux dans son sérail, Zoé et Julie, dont la sévérité lui inspire un grand respect. Par une courtoisie peu prudente, il laisse entrer dans son harem un ambassadeur français avec ses Pages. Ceux-ci ne manquent pas de faire leur cour aux belles captives, qu'ils reconnaissent, comme de raison, pour leurs maîtresses, dont ou les a séparés. Changeant d'habits avec elles, ces Demoiselles s'échappent déguisées en Pages. Ceux-ci, habillés en femmes, soutiennent la réputation des belles qu'ils remplacent. L'Ambassadeur reconnoît ses Pages, et 1e Pacha, qui est un bon homme, consent à l'union des amans. Il y a là, suivant l'usage, un Eunuque destiné à égayer ce petit roman : son nom est Zéro.
Cette pièce est d'une invraisemblance un peu forte. Les Pages déguisés causent avec leur maître qui ne les reconnoît pas, les femmes en pages ne sont pas reconnues par le Pacha. L'Ambassadeur se déguise en marchand d'esclaves, sans raisons bien majeures. l’Eunuque Zéro dit des choses un peu indécentes, et en fait dire même aux deux Demoiselles qui sont sévères avec le Pacha et très-lestes avec les Pages.
Malgré tous ces défauts , l'ouvrage n'a point éprouvé de chûte. Il est de MM. Théaulon et Dartois.
Esprit des journaux, français et étrangers, 1811, tome VIII, août 1811, p. 292-297 :
[Un début rempli d’une ironie assez mordante, sur la valeur exceptionnelle du théâtre pour « faire connaître les mœurs et les usages » des peuples de la terre, en particulier dans des théâtres aussi exigeants que le Cirque Olympique ou le Vaudeville. Après les Trois Sultanes (il s'agit de Soliman II, ou les Trois Sultanes, de Favart, 1761), les Pages au Sérail sont présentés comme une approche encore supérieure de la civilisation ottomane. On y conte les aventures d’un pacha manifestement bien éduqué (à l’européenne) et de deux Françaises qu’il retient dans son sérail malgré elles. Le critique se fait un devoir de montrer avec soin toutes les incohérences et absurdités de l’intrigue, avant de préciser que la pièce est aussi amusante qu’elle est vraisemblable et pleine de bon sens. Même les couplets, habituel soutien des intrigue médiocres, sont mauvais : ils « ne diffèrent de l'extrême simplicité du dialogue que par la rime et l'accompagnement ». On peut encore leur reprocher « une multitude de mauvais quolibets, ou de plaisanteries souvent plus que triviales ». Et le duo d’auteurs est à son tour maltraité : « les deux auteurs, MM. Théaulon et Dartois, ont cru doubler leurs forces en les unissant; mais j'ai bien peur que lorsqu'il s'agira de partager la gloire, le produit net de l'association ne donne zéro ».
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Les Pages au sérail.
Vive le théâtre pour faire connaître les mœurs et les usages ! C'est là qu'on puise des notions positives sur le caractère et les habitudes des différens peuples de la terre ; c'est là qu'on s'instruit en s'amusant ; c'est là qu'il est possible d'éclairer son esprit et de tuer le temps tout ensemble. Et ce n'est pas seulement sur la scène consacrée à Melpomène et à Thalie que se donnent ces importantes leçons, nos moindres trétaux [sic] se convertissent en cours de morale, de géographie, d'histoire. Et depuis le Cirque Olympique jusqu'au Vaudeville, c'est à qui se montrera le plus exact, le plus judicieux et le plus instructif. Voyez, par exemple, les Pages au sérail. Qui pouvait s'attendre, sous ce titre piquant, lequel promettait tout au plus une intrigue amusante et des détails un peu lestes, qui pouvait s'attendre à trouver un tableau fidèle, et, qui plus est, entièrement neuf des mœurs d'un pacha et de l'intérieur de son sérail ? Un des plus respectables patrons du Vaudeville, l'auteur des trois Sultanes, s'était permis, le premier, de nous montrer un Turc doué du plus heureux naturel, rempli d'excellentes dispositions, et tout prêt à abjurer, à la voix d'une jeune Française, ce précepte important du grand prophète, qui rend la femme, aux yeux de tout fidèle croyant, une esclave condamnée à procurer des jouissances et à endurer le mépris. Les auteurs des Pages au sérail ont été beaucoup plus loin que leur maître. C'est un Turc tout formé qu'ils nous présentent, un Turc qui a été faire son éducation à Paris ; et, pour qu'il n'y manque rien, deux jeunes Françaises, au lieu d'une, viennent lui faire répéter, au fond de son palais, les leçons de politesse et de galanterie qu'il a reçues dans ses voyages. Le pacha de Smyrne (car j'ai cru saisir que cette ville était le lieu de la scène), contre l'usage de ses compatriotes qui n'ont pas voyagé, se fait un devoir de mettre beaucoup de formes dans le culte qu'il rend au beau sexe. Comme le grand Soliman, il n'emploie jamais l'autorité, il ne veut faire porter à ses esclaves que des chaînes volontaires ; et même dans un coin de son harem, il existe un pavillon spécialement réservé aux Cruelles. J'ignore s'il est toujours habité ; mais, dans ce moment, il s'y trouve deux Françaises ; nos-belles méritaient bien cet honneur. Ennemies déclarées de la contrainte, elles peuvent se rendre à l'amour délicat et soumis, mais ne cèdent jamais à la violence ;et quoiqu'en dise certain chef des eunuques, qui prétend que ce qu'une femme ne veut pas donner, il faut qu'on le lui prenne, je ne doute pas que tout mari turc, par profession ou par inclination, n'ait à se repentir d'avoir suivi une autre conduite que celle du pacha de Smyrne. Quoi qu'il en soit, les deux beautés récalcitrantes logées dans le pavillon des Cruelles, l'auraient peut-être été beaucoup moins si toutes deux n'avaient laissé en France deux pages bien tendres, bien ardens, bien téméraires. Zoé raconte comment, à la suite d'une promenade sur mer, un vilain corsaire l'a séparée de son amant. Julie fait grace de son histoire, et c'est autant de gagné pour les auteurs et pour les spectateurs. Il est peu nécessaire d'ailleurs d'apprendre comment elle est venue au sérail, l'important est qu'elle y soit. Sur ces entrefaites arrive à Sanyrne certain comte français, qui n'a pas jugé à propos de décliner son nom. Tout ce que les auteurs ont bien voulu nous apprendre, c'est que M. le comte avait fait jadis, les honneurs de Paris au pacha, l'avait entouré de plaisirs de toute espèce, et dans une occasion difficile, l'avait fait cacher dans la maison même de sa maîtresse. Certes, le trait est généreux, mais il n'a rien de bien surprenant. Un Français n'a pas ordinairement la prétention de dérober sa maîtresse à tous les regards. Et je trouve bien plus extraordinaire un Turc qui, par reconnaissance, se croit obligé d'ouvrir les portes de son sérail à des Français. C'est pourtant ce que fait le pacha de Smyrne ; mais, je le répète, ce brave homme de pacha n'a rien de turc que les pantoufles, les moustaches et le turban. On croirait voir, sous le costume mahométan, un bon bourgeois de la rue Saint-Denis, un véritable Cassandre qui n'entend rien de ce qu'on dit à ses oreilles, qui ne voit rien de ce qui se passe devant ses yeux ; il n'est là que pour être berné, et s'y prête de la meilleure grace du monde. Le comte a deux pages ; ces deux pages sont précisément les amans de Zoé et de Julie. La reconnaissance, le serment de s'aimer toujours, la résolution de sortir d'esclavage, les moyens d'y parvenir, tout cela se dit et se fait à la barbe du pacha et sous le nez du comte, qui ont la bonté de ne pas s'en appercevoir. Bientôt les amans se réunissent aussi facilement que si la scène était à Paris ; ils bavardent long-temps sans rien conclure, et finissent par changer d'habits. Le comte se garde bien de reconnaître ses pages sous le costume d'odalisques, et les femmes du pacha sous le costume de ses pages. Le pacha n'est pas plus clairvoyant, et je pense que le quiproquo durerait encore, si les auteurs n'avaient enfin songé qu'il était temps d'y mettre ordre. C'est ce qu'ils ont fait du mieux qu'ils ont pu. Tout autre Turc n'aurait pas manqué de faire empaler, pour le moins, messieurs les pages ; mais le débonnaire pacha leur pardonne ; il fait plus encore, il leur rend leurs maîtresses. Veut-on savoir à présent si tout cela est fort amusant, fort spirituel ? Je répondrai qu'il y a tout autant d'esprit et de gaieté dans les détails, que de vraisemblance et de bon sens dans la marche de la pièce. Une froide et plate copie de l'Osmin de Favart, un gardien du sérail qui s'appelle Zéro, et qui, par parenthèse, n'a de plaisant que le nom, était destiné à provoquer le rire ; mais, il faut en convenir, il a mal rempli les doubles fonctions de sa charge ; il laisse escalader le sérail, et, ce qu'il y a de pis, il fait bâiller les spectateurs.
Les auteurs ont décoché force couplets dans leur ouvrage ; mais, en vérité, ces couplets ne diffèrent de l'extrême simplicité du dialogue que par la rime et l'accompagnement ; et, prose pour prose, j'aime encore mieux celle qui se parle. A travers une multitude de mauvais quolibets, ou de plaisanteries souvent plus que triviales, j'ai remarqué une imitation du Qui fit Maecenas d'Horace, qui pourra donner une idée du style des auteurs : c'est l'eunuque Zéro qui chante ce que je vais dire tout simplement, sans que l'on y perde rien. Suivant lui, chacun de nous est très-mécontent de son sort : - l'homme voudrait être une femme, la femme un homme, et cætera. Quant à lui, Zéro , il est fort satisfait de sa destinée, et, pour tout au monde, il ne voudrait pas changer d'état. On voit par ce petit échantillon jusqu'où nos auteurs poussent la justesse de la pensée et la grace de l'expression. Je ne dois pas oublier qu'on a fait répéter le couplet qui renferme ces jolies choses, et c'est même le seul qui ait obtenu les honneurs du bis. En faut-il davantage pour apprécier le mérite des autres ? On doit supposer que les deux auteurs, MM. Théaulon et Dartois, ont cru doubler leurs forces en les unissant; mais j'ai bien peur que lorsqu'il s'agira de partager la gloire, le produit net de l'association ne donne zéro.
Le catalogue général de la BNF contient (ou contenait) une notice concernant le Pacha de Suresne ou l’Amitié des femmes, comédie en 2 actes, d'Emmanuel Théaulon et d'Armand d'Artois, représentée au Théâtre du Vaudeville, 17 juin 1811. Mais, ce jour-là, sur ce théâtre-là, c’est les Pages au Sérail, vaudeville en deux actes, des mêmes Théaulon et Dartois qui est représenté pour la première fois.
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