Pancrace et Polycarpe, opéra folie, d'André-Joseph Grétry neveu, musique de Byesse, 13 ventôse an 5 [3 mars 1797].
Théâtre Montansier.
L’auteur de la musique, dont les sources critiques du temps maltraitent beaucoup le nom (Biaise, Dièze) est un certain Byesse, dont on ne semble rien savoir, sinon qu’il est l’auteur de ce Pancrace et Polycarpe (ou l’inverse) et d’un opéra joué en 1806 au Théâtre des Jeunes Elèves, Sigebert, roi d’Austrasie ou l’Amour gaulois.
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Titre :
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Pancrace et Polycarpe
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Genre
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opéra-folie
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Nombre d'actes :
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2
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Vers ou prose ,
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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13 ventôse an 5 [3 mars 1797]
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Théâtre :
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Théâtre Montansier
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Auteur(s) des paroles :
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André-Joseph Grétry neveu
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Compositeur(s) :
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Byesse
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Courrier des spectacles, n° 57 du 14 ventôse an 5 [4 mars 1797], p. 3-4 :
[L’article consacré à Polycarpe et Pancrace (l’ordre des noms dans le titre varie selon les sources) n’est guère enthousiaste : l’ouvrage est « vicieux dans plusieurs points », il comporte des longueurs, et si c’est bien « une simple bluette assez gaie », certains passages sont d’un « ridicule qui peut être pernicieux » : le critique souhaite que « toutes ces mauvaises plaisanteries disparaissent, elles ne font le bonheur que d’« une certaine classe d’hommes », quand c’est à mériter « l’estime des honnêtes gens qu’il faut qu’un auteur s’attache ». La pièce a connu le succès, et les auteurs et le compositeur, appelé ici M. Dièze, ont paru. L’intrigue résumée ensuite est une étrange histoire de jeunes gens partis à l’armée et qui, pour déserter, dépouillent des moines condamnés à revêtir leur uniforme, ce qui les fait prendre pour ceux qui les ont dépouillés de leur habit monastique. Arrêtés, ils demandent à entrer dans l’armée, on le leur accorde, et ils obtiennent d’épouser les fiancées des déserteurs, qui sont bien punis. Les jeunes filles, elles, se résignent à épouser les anciens moines. Le critique se limite, pour tout jugement, à dire que c’est un « mauvais dénouement ». Il n’a sans doute pas tort.]
Théâtre Montansier.
Le théâtre de Montansier donna hier Polycarpe et Pancrace, opéra en deux actes, qui a eu assez de succès, quoique vicieux dans plusieurs points, et ayant au premier acte quelques longueurs, qu’il seroit très-aisé de supprimer. Cette pièce n’est qu’une simple bluette, assez gaie ; mais où il existe certains passages que l’auteur traite avec un ridicule qui peut être très-pernicieux.
Nous l’engageons à élaguer de son ouvrage toutes ces mauvaises plaisanteries, qui ne peuvent plaire qu’à une certaine classe d’hommes, dont le jugement doit peu lui importer ; il doit plutôt ambitionner l’estime des honnêtes gens ; et ceux-ci n’ont pas vu avec plaisir les petites saillies qu’il se permet contre la religion, que l’ont doit toujours respecter.
L’auteur des paroles est M. Grétry, neveu du célèbre compositeur, l’auteur de la musique est M. Dièze. Le public les a demandés, ils ont paru et ont été applaudis.
Henri et Lucas, jeunes gens de la réquisition, ne sont pas encore partis pour l’armée ; ils regrettent de ne pas s’être mariés huit jours plutôt, ce qui les auroit exempté de partir. La gendarmerie est à leur poursuite ; mais ils la trompent en trouvant le moyen d’échanger leurs habits de soldats contre les frocs de deux moines, Polycarpe et Pancrace, qui reviennent de faire une quête abondante dans la ville voisine. Les deux moines sont obligés d’endosser l’habit militaire à la place du leur ; la gendarmerie arrive, et les prenant pour les deux déserteurs, elle les entoure, les constitue prisonniers malgré leur résistance, et les conduit en prison. Henriette et Susanne, maîtresses de Henri et de Lucas, demandent leur grâce au commandant, on la leur refuse ; on les emmène sur la place du village ; le père de Henriette et Susanne dit au commandant que ce ne sont pas là les deux déserteurs ; les deux moines expliquent leur aventure, demandent à se ranger sous les drapeaux militaires, on le leur accorde. Henriette et Susanne sollicitent de nouveau pour ceux qu’elles croient être Lucas et Henri ; on leur promet leur grâce, à condition qu’elles les épouseront sur-le-champ, elles y consentent ; mais elles sont fort étonnées en voyant deux autres figures que celles de leurs amans ; cependant elles se résignent. (Mauvais dénouement.) D. S.
Journal de Paris, n° 165, du 15 ventôse an 5 [5 mars 1797], p. 3 :
[Plutôt que de parler de la pièce, le journal nous parle d’un acte de générosité, et même de plusieurs : le théâtre donne une pension à un pauvre aveugle pour prix de son livret d’opéra-comique, et l’oncle de ce neveu permet au Théâtre Montansier de « jouer toutes les anciennes pièces de sa composition, dont il lui est permis de disposer » (il faut tout de même respecter les droits d’exploitation). Oncle et neveu s'appellent Grétry, ce qui facilite leurs relations avec le théâtre. Sur la pièce, nous n’apprenons pas grand chose, sinon que la musique est d’un certain Biaise, et que le jeune Grétry paraissant sur le théâtre a été très applaudi.]
Théâtre de la Cit.e Montansier.
Jardin-Egalité.
Nous croyons devoir faire connoître au public un trait de générosité qui honore l’administration de ce théâtre. Le jeune Grétry, neveu du composteur célebre de ce nom, a présenté, il y a quelque temps, un poème dont il est l’auteur. Ce jeune homme, aveugle depuis la première enfance, est l'aîné de sept enfant que le père a laissés sans fortune en mourant. La pièce annonçant quelques talent, l'administration s’est déterminée à gratifier sur-le-champ ce jeune homme de 1200 l de pension qui lui est payée régulièrement par mois : & pour reconnoître cet acte de générosité, Grétry a permis à cette même administration de jouer toutes les anciennes pièces de sa composition, dont il lui est permis de disposer.
La pièce du jeune Grétry est intitulée Polycarpe & Pancrace. Elle a été jouée avant-hier avec succès. La mutique est du citoven Biaise. Le jeune Grétry, demandé, a paru, il a été couvert d’applaudissemens.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1797, volume 3 (mai-juin 1797), p. 275-276 :
[L’intrigue de la pièce est résumée sans parti pris. Puis le critique justifie sa bienveillance (relative) par la jeunesse et l’infirmité de l’auteur, qui ne peut que dicter sa pièce à des amis complaisants : « On sentira facilement qu'avec tant d'obstacles à surmonter, il est presque impossible de faire un bon ouvrage dramatique ». Faut-il appliquer à la pièce de Grétry neveu la terrible formule qui suit : « la pièce la plus faible […] un sujet d’étonnement ». Il termine son compte rendu par l’émouvant récit d’un acte de générosité de mademoiselle Montansier, qui a fait une pension au malheureux infirme.]
THÉATRE MONTANSIER.
Pancrace & Polycrape [sic], opéra-folie, donné dernièrement sur ce théâtre, y a obtenu du succès. En voici le sujet :
Deux jeunes gens de la première réquisition, effrayés des dangers de la guerre, prennent le parti de déserter, &, pour ne pas être reconnus par la gendarmerie, endossent les robes de deux capucins qu'ils ont rencontrés & dépouillés dans un bois ; ceux-ci sont forcés de prendre l'habit national, & ils se font bientôt arrêter comme réquisitionnaires fugitifs ; on les amène au prochain village, où ils parviennent facilement à prouver leur innocence. Les deux fiancées des véritables déserteurs (qui étoient de cet endroit) oublient, après quelques grimaces, un amour qu'on leur dit être indigne d'elles, épousent sans façon les deux capucins défroqués, qui se font défenseurs de la patrie, & lui offrent, dans leur vaillance, un couplet en dédommagement.
Nous n'aurons point le courage de critiquer cette bluette, qui est d'un jeune homme trop intéressant sous tous les rapports. Il suffira de dire, pour lui obtenir l'indulgence constante du public, que son auteur, Grêtry, est neveu du célèbre compositeur de ce nom; qu'il n'a que dix neuf ans ; qu'il est entièrement privé de la vue ; qu'il ne peut écrire lui-même, & que, sans la complaisance (trop rare) de ses amis, il ne pourroit mettre au jour aucune des idées qui s'accumulent & se confondent dans sa tête. On sentira facilement qu'avec tant d'obstacles à surmonter, il est presque impossible de faire un bon ouvrage dramatique ; aussi la pièce la plus foible doit-elle paroître un objet d'étonnement, quand elle vient d'un être infortuné comme le jeune auteur dont nous parlons.
C'est peut-être ici l'occasion de faire connoître au public un trait qui fait honneur à Mlle. Montansier. Apprenant l'infirmité du jeune Grétry, & désirant lui témoigner l'intérêt qu'elle prenoit au neveu d'un homme illustre, elle lui a fait accepter une pension de 1,100 liv., sans préjudice de ce qui devra lui revenir pour prix de ses pièces présentes & futures. Nous nous croyons dispensés de faire aucune réflexion sur cet acte généreux ; il suffit de le raconter pour en faire le plus bel éloge.
La base César inverse l’ordre des noms dans le titre, qui devient le Policarpe et Pancrace. D’auteur inconnu, la pièce a été jouée 19 fois du 3 mars 1797 au 17 mars 1798, au théâtre de Montansier, sauf 3 représentations qui ont eu lieu au Théâtre de la rue Martin.
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