La Récréation du Monde

La Récréation du Monde, suite de la Création, parodie-vaudeville en un acte, de Barré, Radet et Desfontaines, 10 nivôse an 9 [29 décembre 1800].

Théâtre du Vaudeville

Titre :	Récréation du monde (la)
Genre	parodie, vaudeville
Nombre d'actes :	1
Vers / prose	prose, avec couplets en vers
Musique :	vaudevilles
Date de création :	10 nivôse an 9 [31 décembre 1800]
Théâtre :	Théâtre du Vaudeville
Auteur(s) des paroles :	Barré, Radet et Desfontaines

Almanach des Muses 1802

Une des multiples œuvres du trio Barré, Radet, Desfontaines, publie en 1801 chez Brunet (P. Chéron, Catalogue général de la librairie française au 19e siècle, Volume 1 (1856), p. 1790).

Courrier des spectacles, n° 1401 du 9 nivôse an 9 [30 décembre 1800], p. 2 :

[Après avoir annoncé le succès de l’espèce de parodie de la Création de Haydn, que le critique qualifie d'« imitation gaie de l’Oratorio d’Haydn », l’article propose une analyse de l'œuvre qui se conclut par un jugement presque positif « C’est bien joli, sans doute, mais aussi c’est bien leste », faute d’un voile pudique suffisant. Après un dernier couplet, l’interprétation est jugée excellente, mais le costume d’un acteur, ou son absence de costume, a failli « nuire à la représentation ».]

Théâtre du Vaudeville.

La première représentation de la Récréation du Monde, suite de la Création, reçut hier, du public, l’accueil le plus flatteur. Six scènes, mêlées de prose, de couplets et de musique, composent cet ouvrage, qui est moins une parodie qu’une imitation gaie de l'Oratorio d’Haydn.

D’abord Adam seul, au milieu d’une foule d'animaux, se livre à l’inquiétude ; il desire, il sent qu’un être semblable à lui même est nécessaire à son bonheur. Il se livre au sommeil. Deux anges, Gabriel et Uriel, ont observé ses démarches ; Uriel dit, en le voyant s’endormir :

Air : Te bien aimer, etc.

A ses côtés le plaisir vient d’éclore,
Et tristement je le vois sommeiller.
Comment Adam peut-il dormir encore
Près de l’objet fait pour le réveiller ?

Ils s’entretiennent de la grandeur des œuvres de l'Éternel, et voient bientôt arriver près d’eux la première femme. Etonnée de se voir seule dans cet univers, elle regarde les anges, qu’elle trouve charmans ; ils lui montrent à leur tour une fontaine ; elle s’y regarde, et à l’instant la coquetterie prend naissance dans son cœur. Uriel lui lance quelquefois des sarcasmes piquants. Par exemple, il dit, en parlant de la femme .

Je ne sais pas tout ce qu’elle fera
        Mais je sais qu’elle parlera.

Ève sent bientôt qu'elle ne peut se suffire à elle-même. A force de questions, elle apprend des anges qu’un autre être peut faire son bonheur. Elle le voit : c’est Adam qui, réveillé au milieu du songe le plus agréable, cherche et trouve en elle l’objet qui l’a séduit. Il se jette à ses pieds ; Gabriel le relève et lui montre le ciel, auquel seul il doit adresser ses hommages.

C’est bien joli, sans doute, mais aussi c’est bien leste. La faute en est aux citoyens Barré, Radet et Desfontaines ; ils n’ont pas assez voilé les objets. Voici le couplet du Vaudeville qui fut redemandé au milieu des applaudissemen :

Air ..... :

Lorsque d'un grand compositeur
Vous avez admiré l’ouvrage,
N allez pas user de rigueur
Pour notre petit gazouillage :
Venez souvent, venez chez nous ;
Chez nous acccourez à la ronde
Sur-tout amenez avec vous
La recréation du monde.

Le citoyen Hipolite , mademoiselle Belmont, femme Henry, le petit Blosseville, et la petite Minette ont été vivement applaudis ; cette dernière, sur-tout, a joué et chanté avec une grâce infinie. Le citoven Hipolite étoit trop nud hier, et son costume, en excitant le rire, pensa nuire à la représentation.

F. J. B. P. G * * *.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 6^e année, 1801, tome V, p. 131 :

[Le titre devient, dans le Magasin encyclopédique, la Recréation du monde.]

La Recréation du Monde.

On s'attendoit à voir, sous ce titre, une parodie fine et gaie de l'Oratorio d'Hayden. Mais cet ouvrage, joué le 9 nivôse, est tout simplement le second chapitre de la Genèse mis en action. On a été un peu scandalisé d'entendre les petits anges tenir des propos fort lestes, et de voir l'homme beaucoup trop nu. Ce sujet a paru ridicule dans le cadre étroit du Vaudeville. Les couplets, d'ailleurs, n'avait rien du piquant et de l'originalité qu'on a coutume de trouver à ce théâtre. Les auteurs ont été demandés par quelques voix ; ce «ont les CC. Baré, Radet
et Desfontaines.

Nicolas Brazier, Histoire Des Petits Théâtres de Paris, tome premier (nouvelle édition, Paris, 1838), p. 281 :

[Petite illustration des guérillas entre théâtres à l'aube du XIX^e siècle...]

Dans le bon temps du Vaudeville, il s'élevait souvent de petites querelles entre théâtres, mais la guerre se faisait au bruit des chansons, et tout devenait motif de couplets : ainsi, la Comédie-Française ayant voulu donner une pièce mêlée de chants, le théâtre de la rue de Chartres fit jouer aussitôt la tragédie au Vaudeville, disant, avec raison et malice, que si les comédiens français chantaient le vaudeville, le vaudeville avait bien le droit de chanter la tragédie.

Le grand Opéra annonce un oratorio appelé la Création du Monde ; deux jours après, le Vaudeville affiche la Récréation du monde.... Messieurs Etienne, Nanteuil et Moras improvisent pour l'Opéra-Comique la Confession du vaudeville ; Barré, Radet, Desfontaines ripostent par une pièce intitulée Après la Confession la Pénitence.

[L'oratorio la Création du Monde dont il est question est celui de Haydn.]