Le Retour à Bruxelles

Le retour à Bruxelles, vaudeville en un acte, de Després, 25 fructidor an 2 [11 septembre 1794].

Théâtre du Vaudeville, rue de Chartres.

La pièce est désignée sur la brochure comme « opéra-comique en un acte, mêlé de prose ».

Titre :

Retour à Bruxelles (le)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

25 fructidor an 2 (11 septembre 1794)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville, rue de Chartres

Auteur(s) des paroles :

Després

Sur la page de titre de la brochure, nouvelle édition, à Paris, chez les Libraires, au Théâtre du Vaudeville et rue Martin, messidor an 3 :

Le Retour à Bruxelles, opéra-comique, en un acte, mêlé de prose, Par le C. Desprez ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 25 Fructidor, an deuxième de la République.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 9 (septembre 1794), p. 263-265 :

[Le critique est bien obligé de convenir que la pièce en cause n’en est pas vraiment une : « plutôt des tableaux agréables qu'une intrigue bien suivie ». Et le résumé qu’il en donne la réduit largement à une série de scènes peu liées entre elles et faisant défiler des personnages occasionnels. On y ridiculise volontiers les adversaires de la révolution, et on y flatte les braves soldats français, grands séducteurs de jeunes filles. Quand il s’agit de porter un jugement, on retrouve les éléments habituels : « Les détails de cette petite piece sont très-agréables ; les couplets en sont tournés avec esprit, & le dialogue est très-piquant ». Quelques reproches, eux aussi classiques : l’action perd de sa chaleur du fait du trop grand nombre de couplets, et la grande scène entre le père et les jeunes gens est « un peu brusquée », il faudrait qu’elle soit mieux filée. Conclusion : une pièce promise au succès, parce qu’elle représente bien ce qu’est un vaudeville, genre dont la difficulté doit être reconnue. Un grand bravo à l’auteur et aux acteurs. La citation de deux couplets achève d’éclairer le lecteur.]

Le retour à Bruxelles, vaudeville en un acte.

Cette piece offre plutôt des tableaux agréables qu'une intrigue bien suivie. Les François rentrent triomphans dans Bruxelles, & leur retour cause une joie universelle. Ridder, qui tient un café à l'enseigne des armes de la maison d'Autriche, s'empresse de. faire effacer cette enseigne royaliste. Un peintre, un peu ivre, efface cette enseigne en chantant des couplets très-plaisans. Une émigrée, qui loge chez Ridder, est fort étonnée que son hôte lui garde ses meubles pour ce qu'elle lui doit ; mais, dit-elle, mon cher hôte, vous n'avez pu retenir vos larmes au récit de mes malheurs ; c'est vrai, répondit-il, je n'ai pu retenir mes larmes, mais je retiendrai les meubles..... L'émigrée, forcée de se réfugier quelque part, choisit Mons pour son séjour : on lui répond, sur l'air du Port Mahon : il est pris, il est pris L'émigrée préfere Ostende ; il est pris: elle veut se fixer à Bruges ; il est pris. Enfin elle tout aussi embarrassée que la foule d'émigrés qu'on voit traverser la vill , emportant à la hâte leurs effets. Cependant Victoire, fille de Ridder, aime depuis un an un jeune officier françois ; c'est Prosper, qui s’empresse d'entrer l’un des premiers dans Bruxelles, pour voler auprès de son amante. Ridder n'aimoit point Prosper ; cependant l’allégresse publique, les bonnes qualités de Prosper, tout le décide à donner sa fille à un François. Les vainqueurs viennent planter l'arbre de la liberté sur la place, & l'on chante des couplets civiques.

Les détails de cette petite piece sont très-agréables ; les couplets en sont tournés avec esprit, & le dialogue est très-piquant. Il faudroit peut-être, pour la chaleur de l’action, couper quelques couplets de la ronde, & filer un peu mieux la scene où Ridder consent à donner Victoire à Prosper : cette scene est un peu brusquée. Au reste, cet ouvrage plaira de plus en plus au public, parce qu'il offre la véritable coupe du vaudeville, & qu’il est digne de l'estime de ceux qui connoissent la difficulté de ce joli genre. Le public, qui l'a beaucoup applaudi, a demandé l'auteur : on est venu nommer Després, auteur du Calendrier des vieillards & de l’Alarmiste. Léger a joué très-plaisamment le rôle du Peintre ; Lescot a très-bien rendu le rôle ingrat de l’Emigrée ; & les deux amoureux ont été joués avec intelligence par Henri & Blosseville. Nous terminerons cet extrait par la citation des deux couplets suivans. Ridder dit à sa fille, qui aime 1e patriote Prosper :

Air : Consoles-vous avec les autres.

Suffit-il donc d'être François
Pour ensorceler nos familles,
Pour s'ouvrir par-tout un accès,
Et jusques au cœur de nos filles ?
Le tien ajoute à leur succès,
A leur succès, je crois, magique ;
Et tu n'as pas, au nom françois,
Résisté mieux que la Belgique.

Le mot du vaudeville est la Carmagnole ; en voici un couplet:

Despotes, vos forfaits ont ébranle vos trônes ;
    L'astre du moment est malin ;
    Il souffle un vent républicain
    Très-menaçant pour les couronnes.
    Les rois ont perdu leur procès ;
    Et les moins gais, sur ma parole,
    Chanteront tous, avec succès ,
        Le branle françois
        De la carmagnole.

( Annonces & avis divers.)

D’après la base César, la pièce a été jouée 6 fois au Théâtre du Vaudeville, du 11 septembre au 7 octobre 1794.

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