Créer un site internet

Les Rivaux d'un moment

Les Rivaux d'un moment, opéra-comique en un acte, paroles de Corsange de la Plante, musique de Champein, 30 juin 1812.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Les auteurs ont souhaité conserver l’anonymat, mais le texte est de Corsange de la Plante et la musique de Champein, d’après francearchives, qui donne accès au livret manuscrit :

(https://francearchives.fr/fr/facomponent/9d4bd9d2e4a6e50ab9eefcd744a12017307f0586).

Almanach des Muses 1813.

Pièce qui a justifié son titre. Les Rivaux, en effet, n'ont paru qu'un moment.

Journal de l'Empire, vendredi 3 juillet 1812, p. 3-4 :

[Les Rivaux d’un moment ont échoué, et le critique n’en parle que parce que c’est l’occasion de « quelques observations utiles ». Première observation : le dévoiement de l’opéra-comique, dans lequel l’équilibre entre la comédie et la musique est rompu, au profit de la musique. Au lieu d’un comédie ornée de « quelques morceaux de musique », on a maintenant « un méchant canevas pour de mauvais airs en roulades, pour des morceaux d’ensemble bruyans » : la musique a pris une place excessive sous l’influence néfaste de l’opéra bouffon. C’est ce que montre l’analyse de l’intrigue du nouvel opéra : « tout a déplu, parce que tout est pauvre et commun », deux femmes qui s’entretiennent de façon peu courtoise, « deux amans niais » qui sont là « pour remplir le vide d’une intrigue si mince ». Et ce ne sont pas les acteurs qui sont responsables de l’échec de la pièce, qui « est morte de pure faiblesse ». Quant à la musique, Geoffroy préfère n’en rien dire par égard pour son auteur, Champein (qui est donc sorti d’un anonymat qu’il aurait peut-être préféré conserver).]

OPÉRA-COMIQUE IMPÉRIAL.

Première représentation des Rivaux d'un moment, opéra comique en un acte, musique de M. Champein.

L'auteur a gardé l'anonyme : les acteurs paroissent vouloir garder le silence sur l'ouvrage. Les Rivaux d'un moment ne reparoîtront plus, et leur existence n'aura pas été beaucoup plus longue que leur rivalité. Je devrois peut-être aussi laisser la première représentation dans le profond oubli qui lui convient, mais elle peut fournir quelques observations utiles, et l'inspection du mort sera de quelque profit pour les vivans.

Un opér comique, quoiqu'il ne tienne que faiblement à la littérature, a besoin d'un peu de bon sens, de vraisemblance et d'intérêt. Avant que la musique eût totalement usurpé, dans ces petits ouvrages, le domaine de l'esprit et du talent, l'opéra comique étoit une petite comédie à laquelle on associoit quelques morceaux de musique pour orner ses attraits, et non pour les cacher : ce n'est plus aujourd'hui qu'un méchant canevas pour de mauvais airs en roulades, pour des morceaux d'ensemble bruyans. pour les pretintailles d'une musique insignifiante ; et si nous continuons cette glorieuse rivalité avec les Italiens, bientôt nos opéras comiques, sous le rapport de l'art dramatique, ne vaudront pas mieux que nos opéras bouffons, mais n'en approcheront pas pour la musique.

Tels sont les Rivaux d'un moment ; l'un est Dorville , jeune officier bien étourdi, bien franc, amoureux de la petite Agathe, ingénue très éveillée et très vive ; l'autre est M. Valberg, homme grave et sensible, amant désespéré de Mad. de Monval avant son mariage, et plein d'espoir depuis son veuvage. Cet amant de Mad. de Monval n'en écoute pas moins la proposition qu'on lui fait d'épouser la petite Agathe qu'il n'a jamais vue, et qui est la belle-fille de Mad. de Monval. Il vient chez cette veuve, et c'est Agathe qu'il demande : il débite à cette Agathe quelques froides galanteries ; et c'est en cela seul qu'il est le rival de Dorville. Ce militaire, cousin de Mad. de Monval, surprend Valberg avec Agathe, et veut d'abord se fâcher ; mais l'entendant nommer, il se souvient qu'il a dans sa poche une lettre de sa cousine pour ce Valberg. La lettre met fin à la prétendue rivalité : les sentimens de la veuve y sont clairement expliqués ; elle vient les confirmer elle-même. La pièce finit par les mariages de la veuve avec Valberg, d'Agathe avec Dorville. Il y a une tante d'Agathe qui s'appelle, je crois, Mad. Jourdain ; elle est furieuse de se voir contrariée : elle vouloit marier sa nièce avec Valberg, et la veuve a pris Valberg pour elle. Les entretiens des deux sœurs, qui ne sont rien moins que polis, ont principalement déplu, ou, pour mieux dire, tout a déplu, parce que tout est pauvre et commun. L'ouvrage est probablement d'un enfant qui n'a pas encore appris l'art, ou d'un vieillard qui l'a désappris, et ne peut plus rien apprendre.

Pour remplir le vide d'une intrigue si mince, il y a deux amans niais ; épisode insipide qui ressemble à tout, et ne ressemble à rien. C'est Lesage et Mlle Simonet qui jouent ces rôles accessoires ; les deux rivaux sont Huet et Gontier ; les deux sœurs, Mad. Crétu et Mad ? Huet ; Agathe est Mlle Alexandrine Saint-Aubin, aujourd'hui Mad. Joly ; c'est la première nouveauté dans laquelle elle joue depuis son mariage. Les acteurs n'ont pas manqué à la pièce ; la pièce a manqué aux acteurs ; on les a écoutés patiemment jusqu'à la fin. L'auteur n'a point d'autre ennemi que lui-même : il y a des pièces qui tombent attaquées d'un mal violent, elles peuvent se relever ; celle-ci est morte de pure faiblesse ; elle ne ressuscitera pas. Je ne dis rien de la musique pour égard pour la réputation de M. Champein, auteur de la Mélomanie, des Dettes et de Don Quichotte : la musique des Rivaux d'un moment m'a paru bien assortie aux paroles.

Geoffroy.          

La Mélomanie est un opéra comique en un acte, en vers, mêlé d'ariettes, créé l e 23 janvier 1781 à la Cour, et le 29 à Paris.

Les Dettes est une comédie lyrique en deux actes dont le texte est de Forgeot, créée à Paris le 8 janvier 1787, et à la Cour le 23 février suivant.

Enfin le Nouveau Don Quichotte est un opéra bouffon en deux actes, dont le texte est de Boissel. Création à Paris le 25 mai 1789 (Théâtre de Monsieur) ,et repris à Nantes au début de novembre 1790.

Ajouter un commentaire

Anti-spam