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Regnard esclave, ou la Provençale

Regnard esclave, ou la Provençale, comédie-vaudeville en un acte, de Georges Duval et Rochefort, 7 août 1815.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Regnard esclave, ou la Provençale

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

7 août 1815

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Georges Duval et Rochefort

Journal de Paris, politique, commercial et littéraire, n° 220 (mardi 8 août 1815), p. 2 :

[Quinze ans après la pièce jouée au Théâtre des Troubadours, le Vaudeville réduit à nouveau Regnard en esclavage. D’emblée, le critique regrette que ce nouveau Regnard soit bien peu ressemblant, lui qu’on sait « si plaisant et si gai ». L’intrigue tourne autour des amours de Regnard et de Constance. Hélas, il a pour rival le dey, qui, surprenant un message de Constance à egnard, décide de le punir : au lieu de sa belle, il est condamné à épouser la plus laide du sérail. Mais Constance réussit à se faire passer pour une vieille, et c’est elle que Regnard épouse. Le jugement porté ensuite sur la pièce est bien peu positif : « L'action est lente, froide, remplie d’invraisemblance ». Et le Regnard de la pièce trahit celui de l’histoire : il est « précieux, maniéré, langoureux », qu’on connaît plein de verve. Et son sentimentalisme contamine le dey, qui « enfile des madrigaux » et à qui Regnard explique par des exemples occidentaux ce qu’est la comédie. Le critique marque finalement sa surprise devant le succès d’une telle pièce dont les auteurs ont été nommés : certains ont applaudi, personne n’a désapprouvé.

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation de Regnard esclave, ou la Provençale, comédie-vaudeville en un acte.

Ce n’est pas la première fois que l'on voit sur la scène Regnard à Alger, et cela ne sera peut-être pas la dernière ; mais, dans quelque cadre qu’il plaise aux auteurs de placer le portrait de ce poëte si plaisant et si gai, espérons qu’ils le peindront plus ressemblant qu'il ne l’est dans la galerie du Vaudeville. Le sujet de la pièce est tout tracé dans la Provençale. Regnard, dans le récit de ses voyages, a fourni le canevas de toutes les pièces où l'on voit un Français amoureux qui enlève une sultane du Sérail et trouve un généreux sultan qui pardonne.

Regnard, esclave d’Achmet-Talem, doit la faveur dont il jouit, à son esprit, et à ses talens pour la cuisine. Il est tout à-la-fois cuisinier en chef et confident du dey d’Alger ; mais il éprouve que ces fonctions ne peuvent suffire à son bonheur. Il est tourmenté du besoin de la gloire et sent que le ciel l’a fait naître pour adresser ses hommages à Thalie. Devenu amoureux d’une jolie Provençale, nommée Constance, esclave comme lui, son espoir est de l’enlever et de retourner avec elle en France. Mais Achmet s'étant plaint de la langueur qui l’accable au milieu de ses femmes, il lui a conseillé de s'attacher à une seule, et le conseil lui a été funeste, car le dey a fixé son choix sur Constance qu’il veut faire sultane favorite. Un billet, adressé par elle à Regnard, est surpris par Talem, et il est résolu de se venger. Au lieu de le faire étrangler, ou empaler, comme c'est l’usage eu pareil cas, il veut le forcer à épouser la plus laide et la plus décrépite des esclaves du vieux Harem. Constance, qui était aux écoutes lorsqu'il a donné cet ordre à l’eunuque Kankan, a recours à un stratagème : déguisée en vieille, elle est unie à son amant, et. Achmet, qui pardonne la ruse, rend la liberté à ces tendres amans.

L'action est lente, froide, remplie d’invraisemblance s; mais peut-être eût-on pardonné tous ces défauts en faveur d'un dialogue vif, piquant et spirituel. Le nom de Regnard prescrivait aux auteurs l’obligation de lui conserver son caractère, son langage, et de le faire parler comme il écrivait, autant que cela leur eût été possible. Mais Regnard, précieux, maniéré, langoureux ; Regnard débitant sans cesse de petites fadeurs à l’eau rose ; Regnard disant par exemple, en parlant des Françaises :

Si Mahomet eut régné sur nos belles,
Elles auraient brûlé ses lois cruelles
    Avec le flambeau de l'amour,

oh ! Regnard n'est plus reconnaissable : C’est Demoustiers, c’est D....

Il faut croire que l’air d’Afrique, qui pourtant ne ressemble guère à celui des rives du Lignon, avait bien altéré, bien affadi la verve pétillante et audacieuse de notre poète. Sa maladie gagne le Dey, qui enfile des madrigaux comme Sancho enfilait des proverbes. Ce Dey, bien plus Cassandre encore que Soliman II, se laisse duper le plus niaisement. du monde par une Roxelane de carnaval.

Il demande à Regnard ce que c'est que des comédies, et le poète, pour lui donner l'explication de ce mot qu’il ne comprend pas, lui parle de Molière et de Thalie, et le Dey comprend alors à merveille.

Ce que je n’ai pas compris, moi, c'est que cette pièce ait obtenu une espèce de succès. Quelques spectateurs ont applaudi, les autres se sont tus : qui ne dit mot consent. On a nommé les auteurs : ce sont MM. Rochefort et Georges Duval. Ce dernier est bien plus heureux dans ses petites courses à Versailles que dans ses voyages d’outre-mer.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année,1815, tome IV, p. 443 :

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Regnard esclave, ou la Provençale, comédie-vaudeville en un acte, jouée le 7 Août.

Ce n'est pas la première fois que l'on voit sur la scène Regnard à Alger. Le sujet de la pièce est tout tracé dans le récit de ses voyages.
Regnard, esclave d'Achmet-Talem, doit la faveur dont il jouit, à son esprit, et à ses talens pour la cuisine. IL est tout à la fois cuisinier en chef et confident du Dey d'Alger; mais il éprouve que ces fonctions ne peuvent suffire à son bonheur. Il est tourmenté du besoin de la gloire, et sent que le ciel l'a fait naître pour adresser ses hommages à Thalie. Devenu amoureux d'une jolie provençale, nommée Constance, esclave comme lui, son espoir est de l'enlever, et de retourner avec elle en France. Mais Achmet s'étant plaint de la langueur qui l'accable au milieu de ses femmes, il lui a conseillé de s'attacher à une seule, et ce conseil lui a été funeste, car le Dey a fixé son choix sur Constance qu'il veut faire sultane favorite. Un billet, adressé par elle à Regnard, est surpris par Talem, et il est résolu de se venger. Au lieu de le faire étrangler, ou empaler, comme c'est l'usage en pareil cas, il veut le forcer à épouser la plus laide et la plus décrépite des esclaves du vieux Harem. Constance, qui étoit aux écoutes lorsqu'il a donné cet ordre à l'eunuque Kankan, a recours à un stratagème : déguisée en vieille, elle est unie à son amant, et Achmet, qui pardonne la ruse, leur rend la liberté.

L'action est lente et froide, le style peu piquant. Regnard et le Dey d'Alger débitent des madrigaux à qui mieux mieux : celui-ci se laisse duper comme un Cassandre. la pièce a eu peu de succès. Elle est de MM. Georges Duval et Rochefort.

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