Rustaut, ou la Roxelane de Chatou

Rustaut, ou la Roxelane de Chatou, comédie en un acte, mêlée de couplets, de Sewrin, créée sur le Théâtre des Variétés, 13 décembre 1814.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Masson, 1814 :

Rustaut, ou la Roxelane de Chatou, comédie en un acte, mêlée de couplets, par M. Sewrin. Représentée , pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des Variétés, boulevart Montmartre, le 13 décembre 1814.

Le Nain jaune, ou Journal des arts, des sciences et de la littérature, n° 337 (cinquième année), 15 décembre 1814, p. xi-xii :

[Un compte rendu assez méchant de la pièce de Sewrin, pas du tout originale, et pas drôle du tout, même si c'est « par système qu'il s'abstient de mettre de l'esprit dans son dialogue et dans ses couplets » (peut-être que le critique est ironique). Les interprètes ont été bons, et les sifflets ont empêché qu'on nomme l'auteur, ce que le journal feint ironiquement de croire conforme à l'intérêt de Sewrin.

Soliman, ce pourait bien être le personnage principal de Soliman II, comédie de Favart, de 1761, où il y a justement une Roxelane.]

Petits Théâtres. – Rustaut, ou la Roxelane de Chatou, qu'on a joué avant-hier au théâtre des Variétés, est une pièce du genre niais. M. Sewrin; qui en est l'auteur, a obtenu de brillans succès dans ce genre, et quoiqu'il n'ait pas accoutumé le public à se montrer difficile, il l'a trouvé cette fois plus exigeant qu'à l'ordinaire. Rustaut est une copie de Soliman, de Coradin, et d'une comédie de Flins, intitulée la Jeune hôtesse. M. Sewrin, en transportant ce sujet sur le théâtre des Variétés, a oublié que la gaîté était une condition nécessaire pour y réussir ; on assure que le talent distinctif de M. Sewrin est le naturel, et que c'est par système qu'il s'abstient de mettre de l'esprit dans son dialogue et dans ses couplets. Nous l'engageons à y renoncer, pour ne pas faire dire aux méchans qu'il fait de nécessité vertu. Le public, fatigué de n'entendre que des niaiseries, s'est fâché au dénouement ; la jolie figure de mademoiselle Pauline, et le jeu comique de Brunet, n'ont pu imposer silence à quelques sifflets obstinés, qui nous ont paru tout à fait dans les intérêts de l'auteur ; ils se sont opposés à ce qu'on proclamât son nom.

Dans la rubrique des « Bruits de ville et revue des journaux », sous la date du 15 décembre, le Nain jaune, n° 338, du 20 décembre 1814, p. xl, revient sur Rustaut :

[De rudes attaques personnelles contre Sewrin, « le Crésus des auteurs », critiqué par ses « jeunes rivaux », et accusé discrètement d'acheter les éloges dans une presse vénale.]

Le Journal Royal prétend que « Rustaut a fait généralement plaisir, et que les sifflets obstinés du parterre n'étaient dirigés, ni contre la pièce, ni contre les acteurs ; mais contre M. Sewrin, auquel ses jeunes rivaux ne pardonnent pas sa fécondité et ses nombreux succès à ce théâtre, sur lequel on voit tous les jours une et quelquefois deux de ses pièces jouées, ce qui le rend le Crésus des auteurs ».

Les Petites Affiches louent aussi Rustaut ; mais il n'est pas difficile pour un Crésus d'obtenir des éloges dans un journal où l'on en peut faire insérer tant qu'on veut, à six sous par ligne.

Journal des dames et des modes, n° 70 (dix-huitième année), 20 décembre 1814, p. 553 :

[Compte rendu plus favorable que celui du Nain jaune, mais qui met surtout en avant les interprètes. Le nom de l'auteur n'est d'ailleurs pas donné, sa pièce n'est pas originale, et le ton naïf de la pièce prend la place habituellement accordée aux calembours, ce qui n'est pas une si mauvaise chose.]

Le naturel de Brunet-Rustaut, la franchise de Tiercelin-Fallot, la maigreur de Joufflu-Vernet, la gentillesse et la malice de Pauline-Roxelane, ont fait valoir la pièce nouvelle des Variétés, intitulée : M. Rustaut ou la Roxelane de Chatou, et qui n'est qu'une imitation de quelques autres ouvrages, notamment d'Euphrosine et Coradin. La naïveté et la simplicité villageoises y tiennent lieu de calembourgs, et loin de s'en plaindre, on est tenté d'en féliciter l'auteur. Pour prouver à ses sœurs que Rustaut l'aime, la petite Roxelane chante le couplet suivant :

Air : Pourriez-vous bien douter encore ?

Depuis huit jours il se tourmente,
Il ne sait où porter ses pas ;
Il rêve, un rien le mécontente,
Rustaut ne mange presque pas.
Il est d'une tristesse extrême,
Quand on lui parle, il semble sourd ;
Si ce n'est pas là comme on aime,
Qu'appellez-vous donc de l'amour ?

Ajouter un commentaire

Anti-spam