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Sélico ou le Triomphe de l'amour filial

Sélico ou le Triomphe de l'amour filial, comédie en quatre actes et en prose, par M. Guilbert de Pixerécourt, 11 brumaire an 2 (1er novembre 1793).

Théâtre de Molière.

Date fournie par la Gazette nationale du 11 brumaire an 2, 1er novembre 1793, p. 308 de la Réimpression de l’ancien Moniteur, tome 19. Le parcours des numéros de la Gazette nationale de la première moitié de novembre 1793 ne montre pas d'autre représentation de la pièce (le Théâtre de Molière, devenu Théâtre des Sans-Culottes à compter du 14 brumaire an 2 [4 novembre 1793], fait plus souvent relâche qu'il ne joue...).

Le personnage de Sélico est emprunté à une nouvelle de Florian, Sélico , nouvelle africaine, dans les Nouvelles nouvelles publiées en 1792. Il a été utilisé par Guilbert de Pixerécourt, mais aussi par Godard de Saint-Just, Sélico ou les Nègres. Cette pièce, jouée en octobre 1793, est parfois confondue avec la première version de la pièce de Pixerécourt, restée à l'état manuscrit, Sélico ou les Nègres généreux.

Sélico ou le Triomphe de l’amour filial, qui a bien été joué à la fin de l'année 1793 au Théâtre de Molière, ne figure pas dans la liste des œuvres que Guilbert de Pixerécourt a établie pour la publication de son Théâtre choisi (tome 1). On n’y trouve que Sélico ou les Nègres généreux, drame en quatre actes et en prose, dont il dit (p. xliv) :

Vendu à forfait au Théâtre Molière, le 8 janvier 1793, moyennant 600 fr. non joué à Paris. Non imprimé.

Titre :

Sélico ou le Triomphe de l'amour filial

Genre

comédie

Nombre d'actes :

4

Vers / prose

en prose

Musique :

non

Date de création :

11 brumaire an 2 (1er novembre 1793)

Théâtre :

Théâtre de Molière

Auteur(s) des paroles :

Guilbert de Pixerécourt

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 1 (janvier 1794), p. 363-366 :

[Après le Sélico, ou les Nègres joué au Théâtre National en octobre (et qui est de Godard de Saint-Just), un Sélico de Pixerécourt, qui ressemble bien sûr à son homonyme. L'œuvre nouvelle trouble le critique : ce n’est pas un opéra (il y manque au moins la musique), comme la pièce de Saint-Just, mais c’est tout de même une curieuse comédie (on aimerait en savoir plus ! quelles sont les « choses qu'on ne devoit guere s'attendre à voir dans une comédie » ?) L’intrigue est racontée de façon elliptique (le début n’est pas compréhensible à celui qui ne connaît pas la pièce de Saint-Just ou la nouvelle de Florian). Le jugement porté ensuite sur la pièce est assez critique : si elle est « bien écrite », on lui reproche « quelques irrégularités », facile à faire disparaître, des scènes assez mal filées, et l’apparition de personnages mal préparée. Par contre, l’interprétation est jugée positivement : un compliment peut-être un peu ambigu (« tous les acteurs ont montré le plus grand zele & la meilleure volonté », et la mise en avant d’un acteur (nommé) et d’une actrice (anonyme).]

THÉATRE DE MOLIERE.

Sélico ou le Triomphe de l'amour filial, comédie en quatre actes & en prose ; par M. Guilbert.

Cette piece, comme celle dont nous avons rendu compte dans notre volume de Novembre dernier, & qui a été jouée sous le même titre, au théatre national, est tirée d'une des dernieres nouvelles de M. Florian. Ces ouvrages ne peuvent donc différer que dans les détails, puisqu'ils ont été faits sur le même fond. Celui dont il est question à présent, offre des développemens qu'on ne pouvoit pas trouver dans un opéra ; mais il renferme aussi bien des choses qu'on ne devoit guere s'attendre à voir dans une comédie.

Ici le frere de Sélico, pour aller au secours de sa mere en détresse, vient avec lui pour le vendre à un marchand d'esclaves européen ; mais Sélico se rappellant alors qu'il a entendu publier que pendant la nuit il s'est introduit un homme dans le sérail, & que le sultan promet une forte récompense à celui qui livrera cet audacieux, dit à son frere : fais-moi passer pour cet homme, & tu retireras bien plus d'argent que ne peut nous en donner le marchand d'esclaves ; ce dernier se retire. Non, lui répond son frere, je n'y consentirai jamais.

Le sultan survient, & Sélico mettant ce moment à profit pour exécuter son dessein, se fait lier les mains derriere le dos, se présente devant le tyran ; & comme son frere n'a pas le courage de l'accuser, ni même celui de répondre, il assure qu'il est celui qui s'est introduit dans le sérail, & le tyran, qui le croit, fait donner la récompense promise au frere de Sélico, qui se retire au désespoir.

La décoration du théatre représente au quatrieme acte la place des exécutions. Sélico, enchaîné, est amené par une troupe de Negres vers le bûcher, au milieu duquel il doit perdre la vie. Chacun de ces Negres tient une torche allumée ; le cortege fait le tour du théatre, pendant que l'orchestre joue l'air : Dans le cœur d'une cruelle. Sélico est attaché au poteau fatal. C'est mener gaiement les gens au supplice.

L'amante de cet infortuné, Bérissa, qui est celle qu'on avoit voulu enlever, & qui y ayoit consenti, a été condamnée au même supplice, & conduite, sur le même air, par une troupe de Négresses. Mais, ô ciel ! quel est son étonnement, lorsqu'en approchant de l'horrible bûcher, elle reconnoît Sélico ! Ah ! s'écrie-t-elle, vous allez commettre la plus grande des injustices, ce n'est pas cet homme qui a tenté de me ravir. Eh bien ! reprend aussi-tôt le sultan, nomme-le ce ravisseur, & celui-ci obtiendra sa grace. Bérissa s'obstine à garder le silence.

Le pere de cette infortunée survient tout-à-coup, & il avoue que c'est lui qui a voulu enlever sa fille. Le sultan devient furieux. Un sage vieillard de sa cour veut l'adoucir & lui parler de clémence ; mais l'exécrable tyran, pour le punir de ses sentimens d'humanité, lui ordonne de prendre une torche, & d'allumer lui-même le bûcher.

Ah ! c'en est trop, s'écrie celui-ci, en frappant le tyran avec son poignard, il faut que la terre soit délivrée d'un monstre tel que toi. Le sultan meurt ; Sélico & Bérissa sont délivrés, & n'en descendent que pour embrasser leur famille, & témoigner avec elle leur reconnoissance au vieillard, qui vient de rendre la liberté à un grand peuple, en donnant la mort à son tyran

On a lieu de remarquer dans le plan de cette piece, d'ailleurs bien écrite, quelques irrégularités qu'il seroit assez facile de rectifier; & il seroit à désirer que plusieurs des scenes les plus importantes fussent mieux filées. L'entrée du marchand d'esclaves dans le second acte, & celle du sultan, n'étant pas assez préparées, ils ont l'air, pour nous servir d'une expression proverbiale, de tomber des nues.

Cette piece a été jouée avec ensemble, & tous les acteurs ont montré le plus grand zele & la meilleure volonté ; mais M. Villeneuve a développé un vrai talent dans le rôle de Sélico, & l'actrice qui a rempli celui de Bérissa, l'a joué avec beaucoup de sensibilité.

(Journal des spectacles.)

Si César connaît Sélico, ou les Nègres généreux, il ignore la comédie de Pixerécourt, Sélico, ou le Triomphe de l’amour filial. Il règne d’ailleurs une assez grande confusion autour de l’adaptation du roman de Florian, entre ce qu’a écrit Pixerécourt et l’opéra de Godard de Saint-Just, César confondant l'opéra de Godard de Saint-Just et la première version du Sélico de Picerécourt, celle qui n'a pas été jouée (il parle d'un drame en 4 actes, écrit par Guilbert de Pixerécourt, et il en attribue la musique à Bernardo Mengozzi, compositeur de la musique de la pièce de Godard de Saint-Just, mais il n'y a pas de musique dans la comédie de Guilbert de Pixerécourt).

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