Le Tanneur de Lesseville, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles, de Melchior [Boisset], 7 mars 1815.
Théâtre de la Porte Saint-Martin.
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Titre :
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Tanneur de Lesseville (le)
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Genre
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comédie / mélodrame avec des vaudevilles
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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7 mars 1815
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Théâtre :
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Théâtre de la Porte Saint-Martin
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Auteur(s) des paroles :
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Melchior [Boisset]
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez J. N. Barba, 1815 :
Le Tanneur de Lesseville, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles, Par M. Melchior ; Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, 7 mars 1815.
Journal des débats politiques et littéraires, 11 mars 1815, p. 1-2 :
[Encore une pièce sur la bataille de Meulan, victoire de l’armée royale grâce à l’argent d’un bourgeois (ou d’une bourgeoise), qui devait servir de dot et qui se transforme en financement de la guerre (et de la victoire). L’anecdote a déjà été utilisée plusieurs fois au théâtre, mais c’est ici un mélodrame mêlé de vaudevilles. Cette association nouvelle paraît incongrue au critique, qui attribue à ce mélange des genres le faible succès de la pièce, d'autant que l'interprétation n’est pas satisfaisante : l’acteur principal, déjà difficile à entendre quand il parle, manque complètement « d’habitude et de capacité » pour le chant, et il n’a été écouté que parce qu’il jouait un rôle à la gloire du dévouement pour le roi. Et l’article finit donc sur une question politique...]
THEATRE DE LA PORTE SAINT-MARTIN.
Première représentation du Tanneur de Lesseville, mélodrame, en deux actes mêlé de vaudevilles par M. Melchior.
C'est ce trait si connu déjà mis aux Variétés sous le titre du Souper de Henri IV, et à l'Odéon, sous celui de la Journée de Meulan : seulement, dans le mélodrame, Mme Leclerc n'est point veuve, car c'est M. Leclerc qui est le héros de la pièce, et le Roi est remplacé par son ministre Sully.
La tannerie de M. Leclerc a été préservée du piage des troupes royales par un officier inconnu auquel, en reconnoissance, Leclerc a voué un attachement éternel ; mais cet officier n'a pas reparu et l’obligé est au désespoir de n'avoir pu encore acquitter sa dette envers lui.
Leclerc a une fille recherchée par le neveu d'un gentilhomme voisin qui a refusé jusqu'alors son consentement à une alliance que sa vanité réprouve. Marier son neveu à la fille d'un tanneur, quel afront [sic] pour la noblesse de sa race Cependant une considération de quelque poids balance son opposition ; Mme Leclerc doit recevoir en dot cinquante mille écus comptant, déjà réalisés par le père, et serrés dans un coffre qui n'attend qu'un signe pour passer de la tannene dans le château délabré du gentilhomme.
L'orgueilleux oncle s'est enfin laissé fléchir. Le mariage est prêt à se célébrer : une circonstance vient le retarder ; les troupes royales et celles des ligueurs cantonnées dans le voisinage sont en présence, le bruit du canon annonce que la bataille va s'engager. Dans ce monent, un officier arrive et demande à Leclerc un entretien secret ; Leclerc retrouve en lui le brave homme auquel il doit la conservation de sa fortune. Que veut-il ? que demande-t-il ? Leclerc va au-devant de ses désirs et l'invite à disposer de sa fortune, de sa personne sans ménagement et sans scrupule.
L'inconnu ne se fait pas prier ; il a un besoin pressant de tout l'argent comptant que Leclerc peut avoir chez lui : Leclerc, au comble de la joie, lui offre les cinquante mille écus destinés à la dot de sa fille. L’officier les accepte, veut en passer une reconnoissance ; mais Leclerc la refuse avec la même générosité qu'il a donné l'argent.
La bataille est livrée, et la victoire a été fidèle au parti du Roi. L’amant de Mlle Lerlerc s'y est distingué ; il reparoît avec un drapeau enlevé à l'ennemi. On s'occupe alors des prëparatifs du mariage ; mais Leclerc est obligé d'avouer qu'il ne possède plus la somme promise. A cette occasion, un bailli, qui fait office de notaire se permet de lui adresser des reproches ridicules, et le menace de le poursuivre en déclaration de faux et de stellionnat. Cette absurdité a excité de justes murmures. Puisque le contrat n'est pas signé, il n’y a aucune observation à adresser à un père dont la volontë est libre et révocable jusqu'au dernier moment. Fût-il même signé, le retard dans le paiement de la dot, ne donneroit lieu qu'à une action civile de la part des deux époux.
L’obstacle est bientôt levé par le retour de l'inconnu, qui n'est autre que Sully. L'argent emprunté a servi à payer la solde de l'armée et à remporter la victoire. Le Roi, instruit de la conduite généreuse de Leclerc, lui envoie des lettres de noblesse, et un brevet de sous-lieutenant dans ses gardes au jeune guerrier, dont l'union avec Mlle Leclerc n'est plus combattue par les préjugés de l'oncle, puisque le tanneur est devenu son égal.
La confusion de deux genres aussi opposés que celui du mélodrame et du vaudeville, a nui au succès de cet ouvrage, dont le fonds d’ailleurs étoit connu d'avance, et qui n'auroit pu réussir que par une grande supériorité sur ceux dont il avoit été précédé. L'exécution ne lui a pas été plus favorable. Bourdais, chargé du rôle de M. Leclerc, a bien assez d'avoir à se faire entendre quand il parle ; il manque absolument, pour le chant, d'habitude et de capacité ; cependant il a eu l'avantage d'être écouté avec intérêt, grâce aux sentimens qui animent son rôle. On lul a fait répéter, et l’on a applaudi avec transport un couplet où étoit exprimé le bonheur et le devoir de se dévouer pour son Roi et pour la patrie. C.
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