Le Trésor supposé, ou le Danger d'écouter aux portes

Le Trésor supposé, ou le Danger d'écouter aux portes, comédie en un acte et en prose, mêlée de musique, d'Hoffman, musique de Méhul. 10 thermidor an 10 [29 juillet 1802].

Théâtre de l'Opéra Comique National, rue Feydeau

Titre :

Trésor supposé (le), ou le Danger d’écouter aux portes

Genre :

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose

Musique :

oui

Date de création :

10 thermidor an 10 (29 juillet 1802)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique national, rue de Louvois

Auteur(s) des paroles :

Hoffman

Compositeur(s)

Méhul

Almanach des Muses 1803

Lucile et Dorval s'aiment ; mais Lucile est sous la tutelle d'un avare nommé Géronte, et celui-ci ne veut pas que Dorval épouse sa pupille ; il est tenté seulement d'acheter une maison qui appartient au jeune homme, et qui forme le seul débris d'une fortune qu'il a dissipée. La manie de Géronte est d'écouter aux portes. On le sait, et Crispin, valet de Dorval, imagine de faire tourner cette manie contre le vieux tuteur. Dans un moment où il est bien sûr que Géronte est aux écoutes, il lit une lettre supposée du père de Dorval, qui annonce à son fils que dans la cave de sa maison est caché un trésor. C'est à Lisette que Crispin fait cette confidence, et ils partageront le trésor entre eux. Géronte craint qu'une pareille proie ne lui échappe ; il veut traiter à l'instant même de la maison ; envoie à cet effet chercher Dorval, qui, prévenu du stratagème, met à sa maison un prix considérable. N'importe ; le marché est conclu, et Géronte va bien vite retirer de la cave la cassette qui doit contenir le trésor. Il la tient, elle est ouverte ; qu'y trouve-t-il ? un billet contenant ces mots : le vrai trésor est de savoir s'en passer. Il est au désespoir ; mais Dorval paraît, et lui offre d'annuller l'acte de vente, s'il veut consentir à lui donner Lucile en mariage. Le tuteur consent.

De l'esprit, de la gaieté, des scènes plaisantes, de très-jolis morceaux dans la musique.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, chez Ravinet, chez Charon, an XI (1803) :

Le Trésor supposé, ou le Danger d’écouter aux portes, comédie en un acte et en prose, mêlée de musique. Par le citoyen Hoffman.

La page de titre ne donne ni date et lieu de création, ni nom du compositeur.

Une indication intéressante sur les « emplois » : sous la liste des personnages, après la description du décor, on trouve :

Quoique le citoyen Gavaudan ait bien voulu se charger du rôle de Crispin dans cette pièce, ce n’est point une raison, pour que ce rôle appartienne à l’emploi des Amoureux. Je n’ai choisi le citoyen Gavaudan, que parce qu’il est également propre aux deux genres ; mais ce Crispin doit être joué par le Comique de la troupe, s’il est jeune, et si l’Amoureux ne remplit pas les deux emplois.

Courrier des spectacles, n°1972 du 11 thermidor an 10 [30 juillet 1802], p. 2 :

[La pièce nouvelle est « une folie », dont le succès repose sur la gaîté. L’intrigue est une histoire de tuteur avare ne voulant pas marier sa pupille à un homme ruiné, et qu’on contraint à accepter ce mariage en lui faisant croire que le seul bien qui reste au jeune homme es tune maison contenant un trésor : il l’achète, ne trouve pas de trésor, mais les amants annulent la vente, s’il consent à leur mariage, ce qui se fait, bien sûr. La pièce comporte beaucoup de traits d’esprit, pas tous nouveaux, un dialogue facile et « un style très-correct ». Bien sûr, le critique y a trouvé quelques longueurs. Par contre la musique lui a paru inégale : « de très-jolies choses », mais peu de morceaux remarquables. Il en donne quelques exemples. Par contre pas de réserves sur l’interprétation. Il n’y a plus qu’à nommer les auteurs.]

Théâtre de l’Opéra-Comique-National, rue Feydeau.

Le Trésor supposé, ou le Danger d'écouter aux portes, est encore une folie, et toujours une folie a de quoi plaire. L’esprit couvre les défauts, la gaîté chasse l’ennui, et le succès est décidé. Voilà quel a été hier le sort du nouvel opéra.

Lucile et Dorval s’aiment, mais Lucile est sous la tutelle de Géronte, homme avare, et Dorval a dissipé toute sa fortune, il ne lui reste plus qu’une maison que le Tuteur envie beaucoup. Cette convoitise cependant ne va pas jusqu’à consentir au mariage de sa pupille avec Dorval, même quand celui-ci consentiroit à vendre sa maison. Il défend au contraire à Lucile de recevoir Dorval. Il exige même qu’elle écrive à cet amant pour lui signifier de ne plus reparoitre. Pour mieux s’assurer de la conduite de sa pupille, Géronte a pratiqué un trou à sa porte qui communique de son cabinet au sallon. Lorsqu’un fauteuil est placé de manière à ne pas masquer ce trou, c’est un signe que Géronte est aux écoutes. La Soubrette Lise à [sic] informé les amans de cette découverte, et Scapin, valet de Dorval, en tire bon parti. Il vient d’un air de mystère confier à Lise, et assez haut pour que Géronte ne perde pas un mot, qu’il s’est permis de décacheter une lettre que le père de Dorval, à ses derniers instans, adressoit à son fils pour l’informer de l’existence d’un trésor de plus de 5oo mille livres enfoui dans un coin de la cave de la maison. Scapin ne cache pas à Lise qu’il est dans l’intention de s’approprier ce trésor, et jamais conscience de Scapin ne fut plus à l’épreuve des ressentimens de délicatesse et de probité, à en juger par les principes que celui-ci feint de professer. Scapin doit donc, sans rien dire, s’emparer du trésor avant la fin du jour. Géronte, pour parer le coup, a hâte d’acheter la maison. Il en offre une bonne somme ; Dorval en veut presque le double, et le Tuteur est obligé d’en passer par-là. Il signe le contrat d’acquisition, va retirer de la cave la cassette qui renferme le prétendu trésor, l’ouvre et ne trouve qu’un billet qui contient ces mots : Le vrai trésor est de savoir s’en passer. Géronte se livre alors à un désespoir dont les suites auroient peut-être été funestes, si Dorval n’eût consenti à vendre et annuler le contrat d’acquisition, sous la condition toutefois qu’un autre contrat lui assurera la main de Lucile ; ce qui, comme on le devine, ne fait pas la plus petite difficulté.

On remarque dans ce petit ouvrage beaucoup de traits d’esprit , qui cependant n’ont pas tous le mérite de la nouveauté ; on remarque encore un dialogue extrêmement facile, mais quelques longueurs, notamment dans une scène entre le Valet et la Soubrette ; on remarque enfin un style très-correct. En voilà plus qu’il n’en faut sans doute pour couvrir ls plan le plus foible. La musique a de très-jolies choses, mais peu d’airs décidés, arrondis. L’ouverture est tout au plus un caprice de symphonie. Un quatuor qui vient à la troisième ou quatrième scène a fait plaisir, mais a paru très-inférieur à celui ds l’lrato, dont il est un peu la copie pour le genre et la situation. Mais un morceau dont le mérite l’emporte sur le reste, est, à ce qu’il nous semble, l’air placé dans la bouche du Tuteur, lorsqu’il croit déjà tenir le trésor. Voilà encore du caractère par excellence.

Le jeu du cit. Solié est parfait dans le rôle de Tuteur ; celui du cit. Gavaudan est tout-à-fait bouffon dans le rôle de Scapin. En général cette pièce et très-bien rendue.

On a demandé unanimement les auteurs ; ce sont les cit. Hoffmann et Méhul.

B * * *.          

Mercure de France, littéraire et politique, tome neuvième (an X), n° LVIII (19 Thermidor an 10), p. 317-319 :

[Le critique ne manifeste pas d’enthousiasme envers une pièce que, selon lui, « on n’a point envie de revoir » et qu’il voue à « éternel oubli ». Le librettiste est présenté comme un spécialiste des pièces tristes, qui s’est égaré dans les œuvres gaies et n’a réussi à n’être ni assez gai, ni assez raisonnable. Le choix du sujet est également contesté: « il est encore ici question de ces éternels tuteurs qui défendent leurs pupilles contre les espiègleries des amants ». Un « tuteur aussi bête que les autres », un véritable Cassandre. L’intrigue résumée ensuite est présentée comme étant sans surprise, « l’imagination du spectateur devance tous ces incidents : pas de surprise dans cette folie. La musique ne vaut guère mieux: deux morceaux remarquables, « le reste est faible et insipide », et on s’étonne qu’elle soit de Méhul.]

Opéra-Comique, (Feydeau).

Le Trésor supposé, ou le Danger d’écouter aux portes est une de ces nouveautés fugitives, dont on s’amuse un moment, qu’on n’a point envie de revoir, et dont l’existence éphémère est suivie d’un éternel oubli. Le C. Hoffman, auteur de plusieurs opéras comique, très-larmoyants et très-lugubres, a voulu faire une petite débauche, et s'est déridé un peu plus qu'il ne convenait à sa gravité. Les mauvais exemples sont contagieux, il a vu que les bouffonneries réussissaient sur cette scène, que la folie y était privilégiée, et il a voulu aussi faire une folie ; mais il n'y a qu'une extrême gaieté qui puisse faire excuser ce genre. Si le Trésor Supposé est une folie, elle est trop raisonnable ; si c'est une pièce raisonnable, elle est trop folle. Il est encore ici question de ces éternels tuteurs qui défendent leurs pupilles contre les espiègleries des amants. Le grand moyen de défense de celui-ci est d'écouter aux portes ; mais il n'a pas assez d'esprit pour cacher son manège à la soubrette et à la pupille. On connaît sa cachette; on sait à point nommé, quand il s'y place, pour écouler, et on ne lui fait entendre que ce que l'on veut. Il a beau écouter aux portes, l'amant s'introduit dans la maison, sans qu'il en sache rien. Dès-lors, ce tuteur est aussi bête que les autres, malgré tout l'esprit que le C. Hoffman lui a donné. Le voilà relégué dans la nombreuse confrérie des Cassandres.

Dorval, amant de la pupille, jeune homme, presque ruiné, a une maison à vendre. Le tuteur qui n'est pas moins avare que défiant, voudrait avoir cette maison à bon marché. Pendant qu'il est aux écoutes, on lut fait entendre la lecture d'une lettre supposée du père de Dorval à son fils, dans laquelle il l'avertit qu'il a caché un trésor de cinq cent mille francs dans la cave de la maison. Dès ce moment on sait que le vieux avare va se presser d'acheter la maison fort cher, qu'il se repentira de son marché, quand il ne trouvera point le trésor, et que le jeune homme n'annullera la vente, qu'à condition qu'on lui donnera la pupille. L'imagination du spectateur devance tous ces incidents ; par conséquent la scène se refroidit, le dénouement est à la glace. Toutes les contorsions du vieillard dupé, toutes les farces de Crispin, auteur de la fourberie, n'ont plus le mérite de la surprise, si nécessaire aux folies. La musique ne réchauffe pas ce maigre croquis. On n'y remarque qu'un rondeau et un quatuor assez jolis ; mais du genre le plus mesquin. Le reste est faible et insipide, et l'on a été fort surpris d'apprendre que cette petite musique était du grand compositeur Méhul.

L’Esprit des journaux français et étrangers, trente-unième année, vendémiaire an XI [octobre 1802], p. 181-186 :

[La pièce méritait les noms de folie ou de parade. L’intrigue montre un véritable tuteur de théâtre (comparable à un Cassandre, ou à Bartholo) dont le point faible est d’écouter aux portes, mais si maladroitement que tous le savent et en profitent pour le manipuler. Le valet (un Crispin) le trompe en lui faisant croire qu’il peut lui vendre une maison contenant un trésor. Cette maison sera le moyen par lequel arrivera le dénouement (« facile à prévoir » !), qui est bien sûr le mariage de la pupille de Géronte avec son amant. Le jugement porté sur cette sorte d’arlequinade sans Arlequin est bienveillant : elle comporte « des scènes plaisantes, des jeux de théâtre assez bouffons », n’est ni nouvelle, ni vraisemblable, mais elle fait rire, par la qualité de son dialogue, auquel on peut juste reprocher de manquer de naturel. La musique de Méhul fait l’objet d’un long développement. Elle est jugée inégale, comportant « des parties dignes de son talent, d'autres qu'il a traitées avec négligence ». L’ouverture est « sans dessin et sans effet », on ne sait trop si tel air est une aria ou un couplet (opéra ou vaudeville ? la question est importante !), si tel autre est bien une romance, on reconnaît dans un quatuor une imitation évidente, mais d’un morceau de Méhul lui-même (de l’auto-plagiat...), et un duo paraît bien trop compliqué à exécuter. Les chanteuses ont tenté de relever le challenge de l’interpréter, mais ce n’était pas sans risque. Reste toutefois un air remarquable. Un jugement aussi sévère de la musique de Méhul vient peut-être de l’impression très favorable laissée par l'Epreuve villageoise appréciée récemment. L’interprétation, en dehors des cantatrice, n’est évoquée que par la figure du jeune Baptiste, qui confirme à la fois son talent, et la froideur de son jeu.]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

Le Trésor ou le Danger d'écouter aux portes, com.

On ne l'a point intitulée Folie, Parade : elle eût cependant justifié l'un ou l'autre de ces titres, tout aussi bien que les ouvrages qui les ont reçus.

M. Géronte, (on eût fort bien pu l'appeler M. Cassandre), tuteur comme Bartholo, comme Bartholo très avare, est moins amoureux que lui. Il a retenu des proverbes de Figaro, que le meilleur moyen pour entendre, c'est d'écouter ; & pour surveiller les intelligences secrettes de sa pupille, il s'est ménagé, dans l'une des portes de son appartement, une espèce de judas très bien nommé, puisque cet artifice doit le trahir. La pupille, son amant, Lisette & Crispin, quatuor obligé dans les opéras de ce genre, en sont aux expédiens pour réparer les torts de la fortune & accomplir les vœux de l'amour. L'idée d'une fausse confidence faite à l’Ecouteur aux portes sourit à Crispin. Une vieille maison est ce qui reste à l'amant des débris de sa fortune. Elle est inhabitée ; elle est à vendre. Crispin la rend sur-le champ d'un prix considérable, en la supposant dépositaire d'un trésor de 500,000 liv. caché dans une de ses caves. Il développe sur ses droits à ce trésor une logique tout-à-sait convenable à son habit & à son état continuel de querelle avec la justice. Cassandre aux aguets a tout entendu ; il donne dans le piège, achète la maison 50,000 écus : Crispin ne veut céder les clefs qu'à la condition d'un partage, au moins d'un riche cadeau, ou menace de parler & de faire rompre le marché. Le traité est conclu, la maison payée, le don s'acquitte, la cassette s'ouvre.....

D'argent point de caché.

Mais un billet avec cette maxime : Le trésor le plus précieux est de savoir s’en passer. La Fontaine avoit mieux dit, & plus justement sans doute :

Mais le vieillard fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

Le dénouement est facile à prévoir : par un de ces coups du sort que l'on ne trouve guères qu'au théâtre, l'amant qui étoit ruiné retrouve tout-à coup sa fortune : il est aimé, il lui est aisé d'être généreux : il déchire le contrat de vente & signe son contrat de mariage.

Cet ouvrage offre des scènes plaisantes, des jeux de théâtre assez bouffons : ils n'ont pas plus le mérite de la nouveauté que celui de la vraisemblance ; mais ils excitent le rire, ce doit être assez. Le dialogue est serré, piquant; la répartie y est vive & spirituelle ; mais sa précision sent un peu le travail, & sa symétrie la recherche : en général, on y reconnoît plus de jargon que de gaîté, quelques idées critiques bien placées, & certains traits comiques & de caractère qui ont été vivement sentis. Le C. Hoffmann a été nommé comme auteur de cette bagatelle.

Le C. Méhul partage ce nouveau succès ; le nom de ce compositeur promet tant, qu'il rend difficiles ceux qui l'écoutent, & sévères ceux qui le jugent. Cette nouvelle production offre des parties dignes de son talent, d'autres qu'il a traitées avec négligence : en vain essaieroit-on de le justifier, en alléguant la petitesse du sujet & le genre de l'ouvrage. Si le compositeur donne de la musique foible, en disant elle est assez bonne pour l'ouvrage ; si l'auteur de son côté laisse son ouvrage imparfait, en disant il est assez bon pour la musique, il peut en résulter que le public ne trouve assez bonne pour lui, ni la musique ni les paroles. Or, est-ce une ouverture que ce morceau sans dessin & sans effet, exécuté avant le lever de la toile ? Peut-être allons-nous involontairement mettre l'erreur d'une cantatrice au nombre des torts du musicien, mais sont-ce des couplets, ou bien est ce une aria que chante Mlle. Philis ? Si j'en crois la coupe du morceau, ce sont des couplets; si j'en crois Mlle. Philis, & ses points d'orgue brillants, hasardés, & surtout placés sur la syllabe la moins lyrique que l'on puisse concevoir, c'est un air de bravoure ; on voit qu'ici la confusion des genres doit nuire à l'effet du morceau. Le quatuor a une coupe heureuse, mais c'est une imitation trop évidente d'un chef-d'œuvre en ce genre : heureux l'auteur de n'avoir pu imiter que lui, alors même qu'il est loin de s'être égalé. On a fait, non sans opposition, répéter ce quatuor, quoique les paroles du Presto offrent une répétition choquante des consonnances les plus désagreables ; mais tous ceux qui ont quelque sentiment de la musique, désireront toujours que l'on répète celui de l’Irato : Est-ce ensuite une romance que chante si sagement Mlle. Pingenet ? Elle est peu en situation ; sa mélancolie n'appartient guères au sujet : plus d'expression & de mélodie l'auroient sans doute fait entendre avec plus de charme. Il en est même d'un duo dont la fin offre des traits si rapides & d'une si difficile exécution, que les plus habiles cantatrices de l'Italie hésiteroient probablement à s'en charger. Mesdemoiselles Philis & Pingenet ont eu la complaisance ou la témérité de tenter cet effort, & elles y ont un peu compromis leur réputation, en signalant leur zèle.

Heureusement nous arrivons enfin à un morceau où le compositeur a déployé la touche savante. Là, se trouve enfin gravé le cachet du maître; nous voulons parler de l'air de l’Avare, chanté d'une manière supérieure par Solié. Ici les applaudissemens ont été unanimes, parce que le morceau est fait d'inspiration, qu'il est plein de verve, de chaleur & de mouvement, que le dessin en est sage, & le coloris animé.

Peut-être en appréciant avec cette sévérité quelques parties de cette musique, étions-nous encore frappés de l'impression que venoit de produire sur nous l'Epreuve villageoise : cette pastorale à laquelle on ne peut reprocher qu'un peu trop d'élégance & de recherche, a beau être négligée par l'orchestre, & abandonnée par les premiers sujets du théâtre, elle ne peut l'être du public ; tous les airs dont elle se compose, ont fait fortune ; & c'est là la fortune constante de son célèbre auteur.

Le jeune Baptiste reparoît dans cette pièce : il chante le rôle de M. de la France avec grace, méthode & pureté. C'est beaucoup sans doute, & nous apprécions de telles qualités jointes à une voix très agréable ; mais il est froid, sans expression, & surtout il est imitateur. Nous ne pouvons taire ces défauts précisément lorsqu'ils sont reconnus dans un chanteur jeune encore.

D’après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 424, la pièce, créée le 29 juillet 1802, a été reprise le 7 juillet 1807 avec des changements et a été jouée jusqu’en 1825.

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