Le Voile, ou la Revendeuse à la toilette

Le Voile, ou la Revendeuse à la toilette, vaudeville en un acte, de Moreau et Vafflard. 14 mars 1814.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Voile (le), ou la Revendeuse à la toilette

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 mars 1814

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Moreau et Vafflard

La brochure parue chez madame Masson en 1814 donne comme titre Le Voile d'Angleterre, ou la Revendeuse à la toilette.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome II, p. 167 :

[L’essentiel du compte rendu est occupé par les aventures de ce voile qui a servi à payer une dette à l’insu du mari de la propriétaire de ce beau voile de dentelles. Sinon le critique nous indique la source de « cette petite pièce » (une comédie de Germain Garnier publiée en 1780, les Girandoles : le voile prend la place de boucles d'oreilles), et se contente de dire qu’elle a été jouée avec ensemble (sans autre précision), et de donner le nom de ses deux auteurs.]

Le Voile, ou la Revendeuse à la toilette, vaudeville en un acte , joué le 14 Mars 1814.

Madame de Senneville a perdu sur parole 50 louis au boston; elle n'a pas osé l'avouer à son mari, et elle a emprunté la somme sur sa signature. Le billet est échu; elle est fort embarrassée sur les moyens de l'acquitter. Madame Pichard, marchande à la toilette, met fin à son inquiétude, en lui conseillant d'engager son mari à lui acheter un très-beau voile de dentelles de 1500 fr. qu'elle se charge de revendre sur le champ. Madame de Senneville feint de refuser de faire aucune acquisition. Son mari, édifié d'une conduite si louable, la contraint à recevoir le voile, qui bientôt disparaît, selon la convention.

Madame Pichard l'a revendu à une riche bourgeoise, nommée Madame Bernard, et celle-ci vient justement, ainsi que son mari, passer la journée chez Senneville; elle s'est parée du voile dont elle vient de faire l'acquisition. Madame de Senneville le reconnoît et son époux aussi. Madame Bernard raconte qu'il vient d'une femme qui s'en est défait à l'insu de son mari pour payer des dettes dont il n'a pas connoissance. Senneville ne doute pas qu'il n'ait été dupé. Pour faire tête à l'orage, Madame de Senneville confie sa peine à son amie. Madame de Saint-Hilaire, femme obligeante, et qui la seconde fort bien.

Madame Bernard, qui est aussi dans l'usage de se moquer de son cher époux, homme d'une extrême économie, troque le voile de dentelle contre un modeste voile de tulle, afin de recevoir le surplus en argent. Le voile est rapporté à Madame de Senneville. Son époux, croyant bien qu'elle ne l'a plus, veut la forcer à s'en parer ; sur le refus qu'elle fait, il éclate; on le traite de monstre : il offre de parier 1500 fr. qu'elle n'a plus le voile ; on le prend au mot : le voile est déployé, et le pauvre mari trompé, mais bien persuadé qu'il ne l'a pas été, paye le montant de la gageure.

Le fonds de cette petite pièce a été pris d'une ancienne comédie qui a été donnée avec un grand succès chez Nicolet, sous le titre des Girandoles ; elle a été jouée avec ensemble. Elle est de MM. Moreau et Waflard.

[Les Girandoles, ou les Faux juifs ou la Tricherie en revient à son maître, comédie en un acte de Germain Garnier, a été joué en 1780 sur le théâtre des Grands Danseurs du Roi. Publiée, la pièce n’a subsisté qu’en deux exemplaires, l’auteur ayant supprimé le reste de l’édition.]

Esprit des journaux français et étrangers, année 1814, tome p. III (mars 1814), p. 294-297 :

[Compte rendu plutôt positif, même s’il fait des réserves : sur l’originalité de la pièce (comparée au Schall), sur sa force comique (le critique pense qu’il y avait mieux à faire), sur la qualité des couplets (là encore, on reste sur sa faim). Mais c’est néanmoins une pièce qui restera... Beaucoup d’esprit et de gaieté, et une bonne connaissance de la scène.]

Théâtre du Vaudeville.

Le Voile, ou la Revendeuse à la toilette, vaudeville en un acte.

Madame de Senneville, dont l'époux est un homme d'affaires, a perdu sur parole 50 louis au boston ; elle n'a pas osé le lui avouer, et elle a emprunté la somme sur sa signature. Le billet est échu ; elle est fort embarrassée sur les moyens de l'acquitter. Elle s'est adressée à quelques amies ; l'une lui répond que sa modiste a obtenu sentence contre elle ; l'autre, que son mari ne lui donnant que 1500 fr. par mois pour sa toilette et ses menus plaisirs, elle est très-gênée. Madame Pichard, marchande à la toilette, femme très-expérimentée, met fin à son inquiétude en lui conseillant d'engager son mari à lui acheter un très-beau voile de dentelle de 1500 fr. Vous me le rendez ensuite ; lui dit-elle ; je cours le revendre et je vous apporte la somme dont vous avez besoin. La chose a lieu comme elle l'a prévue. Mme. de Senneville feint d'avoir un accès d'économie et de refuser de faire aucune acquisition. Son mari, édifié d'une conduite si louable, la contraint à recevoir le voile, qui bientôt disparait, selon la convention.

Madame Pichard l’a revendu à une riche, bourgeoise, nommée, madame Bernard, et celle-ci vient justement, ainsi que son mari, passer la journée chez Senneville ; elle s’est parée du voile dont elle vient de faire l'acquisition. Madame de Senneville le reconnaît et son époux aussi. Madame Bernard raconte qu'il vient d'une femme qui s'en est défait à l'insçu de son mari pour payer des,dettes dont il n'a pas connaissance. Senneville ne doute pas qu'il n'ait été dupé. Pour faire tête à l'orage, madame de Senneville confie sa peine à son amie, madame de Saint-Hilaire, femme à la mode, mais obligeante, et qui la seconde fort bien. D'ailleurs, le ciel, comme on sait, fait toujours triompher l'innocence des femmes accusées par leurs maris. Madame Bernard, qui est aussi dans l'usage de se moquer de son cher époux, homme dont le défaut est une extrême économie, troque le voile de dentelle contre un modeste voile de tulle, afin de palper le surplus en argent. Le voile est rapporté à madame de Senneville. Sou époux, croyant bien qu'elle ne l'a plus, veut la forcer à s'en parer ; sur le refus qu'elle fait, il éclate; on le traite de monstre; il offre de parier 1500 fr. qu'elle n'a plus le voile ; on le prend au mot : le voile est déployé, et le pauvre mari trompé, mais bien persuadé qu'il ne l'a pas été, et tout honteux d'avoir pu soupçonner sa femme, paie le montant de la gageure. Lorsque madame Pichard apporte à madame de Senneville le billet acquitté, madame Saint-Hilaire pousse l'impudence au point d'avertir le mari qu'on vient de remettre en secret un papier à sa femme, et lui dit qu'on le trompe ; celui-ci trouve la plaisanterie charmante, et déclare, pour faire excuser ses torts, qu'à l'avenir sa confiance sera sans bornes, et qu'il ne croira pas même ce qu'il verra.

On se rappelle que le même sujet, la même intrigue, les mêmes détails ont été offerts il y a quelques années au théâtre des Variétés étrangères, rue Saint-Martin, sous le titre du Schall. Mais le nouvel auteur ou traducteur, en remettant cet ouvrage sur le métier, a eu le mérite d'y glisser des couplets de sa façon. Ces couplets sont presque tous spirituels, et, sans être fort saillans, ils ont mérité que les gens de goût les applaudissent.

On reviendra souvent assister aux représentations du Voile, parce que si l'ouvrage n'est pas animé de toute la verve, de toute la force comique que le sujet pouvait faire désirer, il se soutient du moins, depuis le commencement jusqu'à la fin, par beaucoup d'esprit et de gaieté; on découvre même une connaissance véritable de la scène.

On a demandé les auteurs d'une manière très-animée, qui nous a paru le résultat de la satisfaction générale. On est venu nommer M. Moreau, membre du Caveau moderne, connu par des pièces qui ont obtenu le plus grand succès , et par de charmantes chansons. Il a un adjoint dont nous croyons que le nom finit en art, terminaison d'un heureux augure. Une autre fois nous serons assez heureux pour le nommer en entier.

Mémorial dramatique: ou Almanach théâtral pour l'an 1815, p. 122-123 :

[Deuxième vaudeville à faire triompher (ou presque) la cause des femmes sur le même théâtre, la pièce nouvelle pose essentiellement au critique une question morale : peut-on rire d’un spectacle moralement condamnable ? Il répond presque oui, en trouvant cela bien fâcheux.]

LE VOILE, OU LA REVENDEUSE A LA TOILETTE, vaudeville un acte, par MM. Moreau et Vafflard.              (14mars.)

Les Femmes Tyrannomanes avaient péché seulement par la licence des mots ; on a généralement condamné ce vaudeville, et l'on a bien fait ; mais le Voile pêche par la licence de l'action ; il donne à-la-fois des leçons de coquetterie, de mensonges, de mauvais ton, et on l'applaudit ; voilà bien les jugemens du jour ! Une femme, un peu plus que légère, escroque à son mari 1500 francs pour payer une dette qu'elle a faite au jeu ; lorsqu'elle se voit presque trahie, elle paie d'audace et de ruse ; elle oblige son cher époux à reconnaître ses torts, à demander pardon, et non contente de ce petit triomphe, elle lui vole encore 1500 francs, qu'il a fort imprudemment pariés avec elle. Voilà le sujet du Voile ; on ne saurait se refuser à y trouver quelqu'intérêt ; mais nous laissons à d'autres le soin d'en chercher la moralité.

Nous avouerons cependant que cette pièce est pleine de grâce, d'originalité, que les couplets en sont bien tournés, et que les scènes qui choquent le plus, sont gaîment amenées ; mais n'est-il pas fâcheux de trouver tant d'esprit dans un pareil ouvrage.

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