L'Héloïse de l'Ile-Saint-Louis

L'Héloïse de l'Ile-Saint-Louis, vaudeville en un acte, de Georges Duval [et Dumersan], 26 Frimaire an 14 [17 décembre 1805].

Théâtre Montansier.

Le Courrier des spectacles, n° 3247 du 26 frimaire an 14 [17 décembre 1805] annonce la première représentation de l'Héroïne de l'isle St.-Louis. Erreur reproduite le lendemain. Le titre exact est donné le 19 décembre, lors du compte rendu de la première représentation.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh, 1806 :

L'Héloïse de l'Ile-Saint-Louis, vaudeville en un acte ; par M. Georges Duval ; Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre Montansier, le 26 Frimaire an 14 (Mardi 17 décembre 1805).

Courrier des spectacles, n° 3249 du 28 frimaire an 14 [19 décembre 1805], p. 2-3 :

[Le critique considère que le Théâtre Montansier est spécialisé dans les pièces comiques, riches en rébus, quolibets et calembours : on n'y va que pour rire « de grosses plaisanteries capables de dilater les poumons », ce dont témoigne un bon nombre de pièces. Mais la nouvelle pièce, dont l'intrigue est jugée froide et niaise, a recueilli des sifflets : l'auteur a dû rester anonyme. Le résumé de l'intrigue montre qu'elle repose sur une sorte de parodie burlesque du roman de Rousseau. Mais elle « manque d'intérêt et de gaîté », à l'exception de deux couplets. L'article s'achève par un jugement sur les interprètes, bien jugés, même si Brunet n'est pas aussi « plaisant » que la caricature de Vautour.]

Théatre Montansier.

L'Héloïse de l'Isle St.-Louis.

Le Théâtre Montansier est le séjour du rire et de la Gaîté ; c’est l’asile des rebus, des quolibets, des calembourgs ; on ne le fréquente qu’autant que les ouvrages qu’on y joue offrent de grosses plaisanteries capables de dilater les poumons et d’épanouir les larges figures des spectateurs. On court à Vautour ; l'Intrigue sur les toits ne vieillit presque point ; Fagotin débite toujours ses fagots devant un nombreux auditoire émerveillé de l’entendre ; mais après ces chefs-d’œuvre, que l’on ne vienne point nous présenter des intrigues froides et niaises ; l’auditeur bâillera, ou sifflera. Il faut désarmer sa sévérité par le rire et la bouffonnerie ; c’est ce que n’a point fait l’auteur de l'Héloïse de l'Isle St.-Louis. Le titre seul de la pièce annonçoit quelque chose de burlesque et de réjouissant, des mots plaisants, des couplets agréables ; l’exécution n’a pas répondu à l’attente du public. Quelques traits spirituels, mais en petit nombre, n’ont pu conjurer les sifflets, et la majorité de l’auditoire s’est obstinée à laisser à l’auteur le mérite de l'incognito. Voici le sujet de la pièce :

Un M de la Bretonnière, ancien caporal. et maître d’armes, a une fille nommée Julie, dont il a confié l’éducation à un M. Petit-Preux, honnête magister. Celui-ci devient amoureux de son élève ; et pour la disposer à entendre une déclaration, il lui prête la Nouvelle Heloïse. La Bretonnière surprend et confisque le roman, déclare à sa fille qu’au lieu d’épouser un magister, elle doit donner sa main à M. Pomard, Prévost de sa salle. Il signifie aussi à Petit-Preux que c’est l’epée à la main qu’il doit disputer Julie à son rival. Petit-Preux, qui n’a jamais manié que son canif, esquive la proposition par une fausse confidence qu’il fait à Julie, et qui est entendue de Pomard, Celui-ci, plein du sentiment de sa dignité, se livre à un glorieux courroux, et le manifeste si hautement, que La Bretonnière veut le congédier ; mais un mot d’explication suffit pour mettre en évidence la mauvaise foi et la poltronnerie de Petit-Preux ; et Pomard vainqueur épouse sa Julie.

Tel est le fonds de dette bluette, qui n’a qu’un malheur, celui de manquer d'intérêt et de gaîté. On a néanmoins fait répéter deux couplets, dont un à la gloire de J.-J. Rousseau.

Brunet est assez plaisant dans le rôle de Petit-Preux ; mais sa caricature ne vaut pas celle de Vautour. Les autres personnages sont bien représentés par MM. Joly, Cazot et Mad. Drouville.

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