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Ida, ou l'Orpheline de Berlin

Ida, ou l’Orpheline de Berlin, comédie en deux actes mêlée de chants, paroles et musique de Julie Candeille, 19 mai 1807.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Ida, ou l’Orpheline de Berlin

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

19 mai 1807

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Julie Candeille

Compositeur(s) :

Julie Candeille

Almanach des Muses 1808.

Sujet déjà traité avec succès au Vaudeville, et sous le même titre1. Le public n'a pas revu cette nouvelle Ida avec le même plaisir que la première, quoiqu'il ait souvent applaudi aux talens et à la double maternité de mademoiselle Candeille.

Courrier des spectacles n° 3751 du 20 mai 1807, . 2 :

[Compte rendu légèrement condescendant à nos yeux : la pièce est d’une femme, une femme qui a bien des talents (auteur des paroles et de la musique), une femme qui veut aider son vieux père. Mais le sujet n’est pas neuf : il a été traité il y a quelques années (par Radet, sous le même titre), ce qui a conduit mademoiselle Candeille à lui rendre hommage, mais aussi à tenter de le traiter à sa manière. Et elle n’y a pas vraiment réussi : le livret n’a pas la grâce et l’esprit de ses autres pièces, et la musique manque de vigueur et d’originalité, à l’exception d’un air. Néanmoins, « c’est toujours une chose fort remarquable qu'une femme capable de composer comme poète et comme musicienne »... Rapide rappel de l’intrigue, que le lecteur est censé connaître. Madame Gavaudan est remarquable dans le rôle d’Ida. L’auteur a été nommé, mais son succès n’est pas « sans mélange ».]

Théâtre de l’Opéra-Comique.

Ida.

Cette pièce avoit droit à la bienveillance publique ; c’est l’ouvrage d’une femme, et d’une femme connue par son esprit et ses talens Un autre titre plus précieux encore, c’est que la piété filiale avoit inspiré l’auteur, et que son ouvrage étoit destiné à être joué au bénéfice de son pere.

Ida n’est point un sujet neuf ; il a été traité au Vaudeville par un homme d’un talent distingué, auquel l’auteur de la pièce nouvelle s’est plu à rendre hommage ; mais ce sujet pouvoit être présenté d'une manière nouvelle Mad. Simon-Candeille l’a essayé ; elle a fait non-seulement le poëme, mais même la musique. Le poëme n’offre pas autant d’intérêt qu’on pouvoit l’espérer. L’auteur de la Belle Fermière à contracté en quelque sorte l’engagement de ne produire que des ouvrage marqués au coin de l’esprit et de la grâce : mais les Muses sont quelquefois capricieuse et indociles ; celle de Mad. Simon ne l’a pas servi aussi bien pour Ida que pour sa belle Catherine.

La musique n’a pas non plus tout le mérite que promettoit son beau talent ; on y a cependant remarqué un air charmant chanté par Mad. Gavaudan. Le reste a paru manquer de vigueur et d’originalité ; mais c’est toujours une chose fort remarquable qu'une femme capable de composer comme poète et comme musicienne.

Ida, comme ou sait, est une jeune orpheline aussi vertueuse que jolie. Un homme âgé frappé de son mérite l’épouse ; mais avant le mariage, il reconnoit qu’elle appartient à une famille recomandable. Le rôle d’Ida est très-bien joué par Mad. Gavaudan.

L’auteur a été demandé, après la pièce, qui a obtenu des applaudissemens, mais non pas sans mélange.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1807, tome III, p. 405 :

[Un compte rendu assez méchant, finalement, d’une œuvre dont le principal mérite est « le motif » de la compositrice (venir en aide à son vieux père) qui doit couper court à toute critique. Si la pièce jouée au Vaudeville a connu le succès, on ne peut en dire autant de la pièce nouvelle, accueillie « avec indulgence ».]

Ida, ou l'Orpheline de Berlin.

Ce sujet, puisé dans un conte de Madame de Genlis, a obtenu au Vaudeville beaucoup de succès, quoique le sujet soit un peu larmoyant. Il étoit difficile de faire du même fonds un meilleur ouvrage. Mais Madame Candeille, qui avoit composé le sien loin de la capitale et dans l'intention d'en offrir le produit à son père, âgé et peu fortuné, a offert le sien sans autre prétention. Il a été accueilli avec indulgence, et joué par les premiers acteurs de l'Opéra-Comique. Le motif doit faire taire toute critique.

L'Esprit des journaux français et étrangers, tome VII, juillet 1807, p. 270-274 :

[Ce long compte rendu s’ouvre sur les circonstances très particulières de la création de cette œuvre. Tout plaide en faveur de cette pièce, sauf qu’elle est bien maladroite. D’abord dans le choix du sujet (il a été traité six ans auparavant au Vaudeville et a réussi : quel intérêt de refaire (assez mal) ce qui avait si bien réussi ? Comment ne pas évoquer l’idée de plagiat – très sensible à l’époque ?). De plus, Mlle Candeille a voulu faire sa pièce sur un plan nouveau (elle cherchait donc à faire œuvre originale), mais ses ajouts ont été malheureux : un confident pour le commerçant qui souhaite épouser Ida, une scène de reconnaissance (pour donner des parents à Ida) qui a beaucoup égayé le public, une scène jugée « révoltante » dans laquelle on voit un enfant « se trouvant mal d'inanition » sur la scène. Reste à consoler la malheureuse demoiselle : le critique s’attache à l’encourager à persévérer, elle qui a déjà connu le succès (Catherine, ou la Belle fermière), et qui a montré des qualités : dans Ida, des « romances agréables », mais à l’Opéra-Comique, il faut de « la belle musique » : on apprécie surtout «  la comédie au Théâtre-Français et les couplets au Vaudeville », les théâtres ont chacun leur spécialité...]

Première représentation. d'Ida ou l'Orpheline de Berlin, comédie en deux actes, mêlée de chant, paroles et musique de Mme. Simon-Candeille.

Le petit opéra de l'Amour Filial, qu'on a donné avant la nouvelle Orpheline, en était en quelque sorte la préface, car cette Orpheline est une production de l'Amour Filial. Les intentions de Mlle. Simon-Candeille, en le composant, consignées depuis long-temps dans les journaux, sont extrêmement louables. C'est pour venir au secours de son père qu'elle est rentrée dans une carrière à laquelle elle semblait avoir renoncé. C'est sans doute aussi pour la seconder que les comédiens ont reçu sa pièce ; et le public, par la manière dont il l'a écoutée, a montré qu'il savait aussi rendre justice à toutes ces bonnes intentions. Il est fâcheux que l'auteur ne s'y soit pas pris avec plus d'adresse pour arriver à son but.

Reproduire, après cinq ou six ans, à l'opéra-comique, un sujet traité au vaudeville avec le plus heureux succès, ce n'était pas une idée heureuse. Lorsque plusieurs théâtres s'emparent à-la-fois d'un sujet célèbre, il est censé que les différens auteurs en ont eu en même temps l'idée, qu'ils ne sont point plagiaires les uns des autres, et le public s'amuse à voir comment chacun d'eux a su modifier le sujet donné et l'adapter au genre du théâtre pour lequel il travaille. C'est ainsi que Joseph, drame lyrique, pouvait encore intéresser après Joseph, tragédie. Mais quel attrait pouvait avoir; au bout de cinq ans, Ida, comédie mêlée de chants, comparée à Ida, comédie mêlée de vaudevilles ? Une musique savante et d'un grand caractère aurait pu seule établir entre les deux ouvrages une différence capable d'intéresser le public, et telle n'est point, par malheur, celle de Mme. Simon-Candeille.

Ce qui est encore plus malheureux, c'est que l'auteur de la nouvelle Ida a dû se croire obligé de s'éloigner, autant qu'il était possible, du plan de l'ancienne ; et ce plan étant très-heureux, la plupart des changemens sont devenus des fautes. M. Radet avoit été très-sage de ne point accompagner d'un confident le négociant de Breslau qui fait l'action généreuse, mais un peu folle, d'épouser l'orpheline de Berlin. Mme. Simon-Candeille, en lui en donnant un, a introduit dans sa pièce un personnage qui aurait suffi pour la faire tomber. M. Radet, en mariant un simple négociant à une orpheline sans fortune, a eu grandement raison de ne pas chercher des parens à Ida, chose dont le public ne s'inquiette guère. Mme. Simon-Candeille a voulu lui en trouver, et nous a gratifié pour cela d'une reconnaissance par-devant notaire, qui a donné au public un de ces accès de belle humeur qui rendent toujours l'auteur un peu triste. Enfin, de la famille indigente qui exerce la bienfaisance d'Ida, il ne paraît au vaudeville qu'un petit garçon de dix ans, dont la naïveté et le bon appétit produisent une scène fort gaie : au théâtre de l'opéra-comique, on a fait venir la mère et l'enfant se trouvant mal d'inanition, ce qui a produit une scène révoltante ; et tout cela, sans que l'Ida de Mme. Simon-Candeille parût plus généreuse que celle de M. Racler.

Mais en voilà assez sur une pièce qui, malgré la bonne volonté des acteurs, ne paraît pas destinée à vivre long-temps, et dont le sujet est connu de tout le monde, soit par l'Ida du vaudeville, soit par le conte de Mme. de Genlis d'où il est tiré. Espérons que le zèle de Mme. Simon-Candeille ne se rebutera pas ; elle a déjà obtenu un succès très-flatteur par sa Belle Fermière : pourquoi n'en obtiendrait-elle pas un autre en traitant un sujet neuf, et en revenant au théâtre qu'elle a quitté ? On trouve dans son Ida deux ou trois romances agréables; et c'en est assez pour faire un effet merveilleux aux Français, parce qu'on n'y promet point de chant au public, et qu'il est reconnaissant de tout ce qu'on lui donne, sans qu'il eût droit d'y prétendre; mais il n'en est pas de même an théâtre Feydeau. La société qui l'occupe ne doit jamais, perdre de vue que c'est sur-tout par la musique et par la belle musique qu'elle peut se soutenir. On ira plutôt chercher la comédie au Théâtre-Français et les couplets au Vaudeville.

Nicole Wild, David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 278 : la pièce, dont Amélie-Julie Candeille a écrit le livret et composé la musique, est inspirée d'un conte de Mme de Genlis. Elle a connu 6 représentations.

1 Ida, ou que deviendra-t-elle ? Comédie anecdotique en deux actes et en prose par J. B. Radet, représentée pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 28 frimaire, an 10. Chez Barba, libraire, an X (1802).

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