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La Laitière suisse ou l’Aveugle de Clarens

La Laitière suisse, ou l’Aveugle de Clarens, comédie en un acte, en prose, mêlée de couplets, de Sewrin, Dumersan et Merle, 11 mai 1815.

Théâtre des Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, à paris, chez Mme. Masson, 1815 :

La laitière suisse, ou L'aveugle de Clarens, comédie en un acte, mêlée de couplets, par MM. Sewrin, Dumersan et Merle. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 11 mai 1815.

Journal de Paris, politique commercial et littéraire, n° 138 du 18 mai 1815, p. 2 :

[Compte rendu d’une pièce dont le genre est mal déterminé (entre drame et vaudeville : la nouveauté du Vaudeville dont il est question doit être la Bouquetière anglaise). L’histoire racontée met en scène un seigneur qui a séduit une jeune fille, mais s’est repenti de sa faute et l’a épousée. Mais le père (aveugle) de celle-ci n’a pas pardonné à sa fille. Bien sûr tout finit bien, et le dénouement est dramatique à souhait, sauf que ce dénouement rappelle fortement celui d’un mélodrame de Pixerécourt, la Femme à deux maris, d’après le Mémorial dramatique de 1816, p. 156-157 : faut-il crier au plagiat ? Le critique ironise sur les mœurs du Parnasse, où on est devenu bien tolérant, d’autant que le public a aimé la pièce, et c’est lui qui décide. Car la pièce a des qualités : « un intérêt doux », « des détails agréables ». Et elle est fort bien jouée.]

Théâtre des Variétés.

La Laitière suisse, ou l'Aveugle de Clarens.

Cette petite pièce a aussi une teinte de drame, mais moins foncée que la nouveauté du Vaudeville.

Un jeune seigneur a séduit et enlevé une jolie villageoise ; cela se voit trop souvent ; mais, ce qui ne se voit guère, il a réparé tous ses torts, en lui donnant son nom et sa fortune. Il est mort, et sa veuve est devenue propriétaire du château d'où dépend le village qu'habite son père, vieux et aveugle. Il a juré de ne jamais pardonner à sa coupable fille et les moyens qu'elle emploie pour fléchir son père et en obtenir sa grâce, forment l'intérêt de la pièce.

L'Antigone villageoise guide les pas de sou père, prévient ses besoins et lui fait mille petits cadeaux au nom de la dame invisible du château qui a pour elle beaucoup d'amitié.

On pense bien que tout finit par une reconnaissance, un pardon, une réconciliation ; mais ce dénouement est amené d'une manière dramatique et qui aurait paru neuve, si elle n'avait rappelé trop vivement le dénouement d'un fameux mélodrame ; M. Dumersan a chassé sur les terres de M. Guilbert-Pixerécourt ; il a fait pis, il s'est emparé de la pièce que ce dernier avait abattue. Les lois du Parnasse sont aujourd'hui dans une si grande confusion, que je serais embarrassé pour qualifier le délit, encore plus pour appliquer la peine ; d'ailleurs le public a absous le coupable ; et il est juge souverain.

Il règne dans l'Aveugle de Clarens un intérêt doux auquel plusieurs détails agréables font d'heureuses diversions. La pièce est bien jouée,surtout par Bosquier et Mlle. Pauline.

Annales lyonnaises, 42e livraison (2e année), Lyon, 19 août 1815, p. 9-10 :

[La représentation lyonnaise de la Laitière suisse a eu un succès mitigé : pièce froide, plus proche du mélodrame (ce n’est apparemment pas un compliment) que du vaudeville : même les couplets manquent de piquant, et rien de comique hors un rôle de bourgmestre bien joué, peut-être même trop bien (l’acteur en aurait-il trop fait ?). La pièce a été sauvée par l’air final. Sinon, les interprètes ont plus ou moins bien rempli leur rôle, et c’est le costume de Madame Guillemin qui a droit au compliment le plus flatteur.]

Théâtre des Célestins.

Après la Rosière de Verneuil, je ne connais pas de petit drame en vaudevilles, plus froidement sentimental que la Laitière Suisse ou l'Aveugle de Clarens. Une fille coupable et repentante, qui, sous un nom supposé, vient habiter près de son père, pour en obtenir son pardon ; n'est-ce pas là un joli cadre de vaudeville ? en vérité on peut rien voir de plus misérable ; aussi l'auteur a-t-il été constamment au niveau de son sujet de mélodrame : pas un couplet saillant, pas une intention comique, si ce n'est dans le rôle d'un bourguemestre, que Moëssard a rendu avec beaucoup d'originalité, et dont il a fait plus qu'on ne pouvoit faire.

Le public a écouté cette rapsodie, avec une patience admirable. Un air charmant, qui termine fort heureusement la pièce, a obtenu grâce pour tout le reste. Le costume de Mme. Guillemin, dans la Laitière, est d'une vérité et d'une élégance qui fait honneur à son goût ; cette actrice se met toujours fort bien ; elle a de la décence, de la tenue, mais peu ou point de chaleur, et c'est vraiment dommage.

Je suis sûr que Guillemin, préfère le rôle du Savetier à celui du père aveugle ; et il a raison : un gros rire vaut mieux qu'une petite larme.

Le rôle du pâtre, confié à Bertin, paraissait promettre quelque chose, et n'a pas tenu parole ; c'est tant pis pour Bertin et pour le public, qui aimerait à voir ce jeune acteur remplir des rôles plus importans.

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