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La Revanche grecque, ou Mahomet jugé par les Femmes

La Revanche grecque, ou Mahomet jugé par les Femmes, tragi-comico-vaudeville en un acte, à l'occasion de Mahomet II, de Dieulafoy et Gersain, 30 mars 1811.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Revanche grecque (la), ou Mahomet jugé par les Femmes

Genre

parodie ( tragi-comico-vaudeville)

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

30 mars 1811

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Dieulafoy et Gersain

Almanach des Muses 1812.

Le Mahomet II dont il est question, c’est la tragédie de Baour-Lormian, créée au Théâtre Français le 9 mars 1811 et qui a connu une courte carrière sur ce théâtre, 7 représentations. Elle a pour héros le sultan Mehmet II, septième sultan de l'Empire ottoman, qui a régné de 1444 à 1446 et de 1451 à 1481. Outre ses succès militaires (il a pris Constantinople en 1453), il est resté dans l'Histoire comme un homme de culture, curieux d'art, poète, ouvert à la philosophie et aux sciences. On a de lui un portrait par le peintre italien Gentile Bellini, qu'il avait fait venir à Constantinople.

Journal du soir, n° 4636 3 avril 1811, p. 4 :

[Compte rendu non dénué de réticences envers une parodie jugée excessive et offensante envers l’illustre auteur de l'œuvre originale, Mahomet II, de Baour-Lormian. Le critique commence par le rappel de l’opinion de Favart, expert en matière de parodie (justesse, exactitude et respect), avant de dire combien la parodie présente est éloignée de ce que dit Favart, tout en étant peu amusante, si ce n’est par les détails. Après un résumé de l’intrigue, le jugement : des couplets inégaux, entre « jolis » et « oiseux ou froids », une intrigue embrouillée, et le manque de respect des convenances (« plaisanteries un peu libres », des traits blessants pour l’auteur). Succès, mais que le critique constate de façon réticente.]

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation de la Revanche grecque, ou Mahomet II jugé par les femmes, tragi-comico-vaudeville en un acte.

Favart, qui était compétent pour juger de la parodie, pensait que lorsque cette censure est bien faite, elle est · peut-être le meilleur moyen de relever les défauts d'un ouvrage, pourvu, dit-il, que tous les traits de la critique portent avec justesse, que les plaisanteries ne brillent point aux dépens de l'exactitude et que l'on n'affecte point de jeter un ridicule indécent sur les beautés que l’on doit respecter.

Ce peu de mots en dit plus contre la Revanche grecque que tout ce que je pourrais ajouter ; je ne pense pas que cette parodie ait rempli toutes les conditions que ce jugement impose, encore moins celle d'amuser ; mais les détails en sont assez piquans pour légitimer quelques complimens sans conséquence. Avant de chanter le couplet d'usage, Guéné a annoncé la dernière représentation de cette pièce, avec cette restriction :

A huit représentations
Un sultan borna sa fortune,
Par respect nos faibles flons flons,
Ont dû ne s'en permettre qu'une.
Si pourtant, à tout pardonner,
Ce soir s'amuse le parterre,
Nous sonames gens à vous donner
Trente fois la dernière.

Ce couplet a été répété. Une ouverture vive et gaie l’a suivi, et enfin on a vu Mohamet II commençant sa journée par la catastrophe qui termine celle de son aîné, c’est-à-dire par la colique d’Eronime, et tomber en un moment au pouvoir de ses femmes révoltées qui l’arrêtent, l'emprisonnent et le jugent. Sa férocité, la faiblesse périodique de son caractère, sa lenteur sont les principaux griefs qu'on a contre lui. Heureusement que Constantine l'aime, le protège dans le cours de ces persécutions, et vient lui servir d'avocat à l'instant où il va être condamné faute d'en avoir. Sa défense repose sur une logique plus concluante contre lui qu'en sa faveur, car entr'autres moyens elle prouve qu'il n'a rien fait, rien dit de neuf, d'original, et pour appuyer ce raisonnement elle présente Orosmane, Vendôme, Gengis-Kan et la Vestale, qui tous ont dit et fait ce que Mahomet a répété, recommencé ; mais cela suffit pour l'absoudre. On peut lui rendre sa puissance, inutile générosité, ce héros se condamne pour quelque temps à vivre aux Réformés, et ses femmes lui chantent, sur l'air du célèbre Dumollet : Bon voyage, gai Mahomet !

Beaucoup de jolis couplets, quelques-uns oiseux ou froids, de l'esprit, une marche entortillée, obscure, des intentions pénibles, de la malice, parfois de la gaieté; des plaisanteries un peu libres et peu de réserve dans les traits qui pourraient blesser un auteur estimable, tels sont les moyens que l'on peut alternativement présenter pour ou contre cette parodie, que Laporte a dit être de MM. Dieulafoi et Gersain, nommés après un succès fort tranquillement obtenu.                M. D.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome II (mars 1811), p. 397-398 :

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

La Revanche grecque, ou Mahomet jugé par les femmes, parodie, jouée le 30 mars.

Indignées des crimes de Mahomet, les femmes de Constantinople ont levé l'étendard de la révolte ; elles s'emparent du sérail, et forment un tribunal pour juger le coupable. La jeune Constantine se déclare son avocat ; elle se présente déguisée en Derviche, prend sa défense, et lui sauve la vie aux dépens de son amour-propre. Afin de prouver que Mahomet n'a rien fait, ni rien dit d'original et de neuf, elle a réuni dans Byzance d'illustres voyageurs, qu'elle appelle comme témoins à décharge. Ce sont Orosmane, Amurat, Vendôme, Gengiskan, etc., que Mahomet II a imités. L'innocence du sultan est reconnue, on lui pardonne et il épouse Constantine.

Les auteurs sont MM. Dieulafoi et Gersain.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l'an 1812, sixième année (1812) ; p. 128-129 :

LA REVANCHE GRECQUE, ou Mahomet jugé par les Femmes, vaudeville-parodie en un acte, par MM. Dieulafoi et Gersin (30 mars.)

Indignés [sic] des crimes de Mahomet, les femmes de Constantinople ont levé l'étendard de la révolte ; elles s'emparent du sérail et font Mahomet et les siens prisonniers. Mahomet est tout surpris de ce que tant de femmes aient pu s'accorder. Elles forment ensuite un tribunal pour juger le coupable, mais elle s'attendent bien d'avance à le condamner, car, que pourrait-il dire pour sa justification ? des vers, des phrases, de lieux-communs ? Quoi qu'il en soit, une des femmes, la jeune Constantine, se déclare son avocat ; elle se présente déguisée en derviche, prend sa défense et lui sauve la vie aux dépens de son amour-propre. Afin de prouver par des exemples irrécusables que Mahomet n'a rien fait, ni rien dit d'extraordinaire, d'original, de neuf ; elle a réuni dans Byzance une foule d'illustres voyageurs, qu'elle appelle comme témoins à décharge. Ces témoins sont Orosmane, Amurat, Vendôme, Gengiskan, etc., que Mahomet II a imités. L'innocence du sultan est reconnue, on lui pardonne et il épouse Constantine.

Cette parodie, semée de traits piquans, ressemble beaucoup à la Ligue des femmes, vaudeville représenté sur le même théâtre ; mais le parterre, qui ne s'est pas souvenu de la première pièce, a fortement applaudi la seconde.

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