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Relâche

Relâche, folie-vaudeville en un acte, d’Aude neveu, Décours (ou Duchatel ?) et Defresnoy.

Théâtre de la Société Olympique (30 pluviôse an 12 [20 février 1804]). La pièce porte alors le titre du Vaudeville qui n'en est pas un, ou Relâche.

Théâtre de la rue de Thionville (Théâtre des [Jeunes] Élèves) le 13 mars 1806.

En 1804, Aude neveu ne figurait pas dans la liste des auteurs, et Décours [Eugène-Hyacinthe Laffillard] non plus: la pièce était attribuée à Duchatel et Defrenoy.

 

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Allut et chez Fages, an XII = 1804 :

Le Vaudeville qui n’en est pas un, ou Relâche, folie-vaudeville en un acte, par MM. Duchatel et Defrenoy ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Société Olympique, le 30 pluviôse an 12.

Courrier des spectacles, n° 2551 du 1er ventôse an 12 [21 février 1804], p. 2 :

[L’article commence par une mise au point : le triomphe apparent de la pièce, attribué par le critique à une claque efficace, cache en fait une profonde indifférence du public : il juge que la pièce « n’est ni une bonne comédie, ni un drame passable, ni même un vaudeville », c’est « une piece du genre de celles qu’on appelle à tiroirs » qui rappelle bien d’autres pièces. L’intrigue est simple : un directeur est à la recherche d’un acteur, et il voit défiler tous ceux qu’un comédien qu’il a refusé lui propose pour remplir sa distribution. Défilé hétéroclite, mais pas moyen de trouver une pièce à jouer ensemble : l’affiche annoncera Relâche. La pièce contient un très grand nombre de couplets, un pour chaque titre évoqué par chacun des acteurs potentiels. Mais il n’y en a que quelques-uns de « passables » : l’ouvrage est « froid et monotone comme la plupart de ceux de ce genre ».]

Théâtre Olympique.

Première représentation du Vaudeville qui n'en est pas un.

Succès fou, à en juger par les applaudissement, les bravos, les trépignemens d’une partie des auditeurs ; succès plus que modeste, si l'on veut s’en rapporter à l’indifférence de l’autre partie des spectateurs durant cette représentation. A voir la maniere dont les premiers s’agitoient dans le parterre, et accompagnoient chaque phrase, chaque couplet, chaque vers, chaque mot d’un orchestre bien nourri de battoirs, on eût pu croire qu’il ne s’agissoit de rien moins que d’un chef-d’œuvre auquel étoient attachées les destinées de la scene française.

Parturient montes, nascetur ridiculus mus.

Cette production n’est ni une bonne comédie, ni un drame passable, ni même un vaudeville : c’est une piece du genre de celles qu’on appelle à tiroirs, et à laquelle on auroit pu donner le titre de la Comédie sans comédie, celui du Directeur dans l'embarras, celui de la Piece qui n'en est pas une, etc., si ces titres là n’avoient pas déjà été pris d’avance.

Le directeur du théâtre de St.-Quentin manquant d’acteurs pour une représentation du dimanche, refuse de jouer un mélodrame, malgré les offres qu’un comédien de Paris nommé Télégraphe, lui fait de ses services. Celui-ci piqué de ce refus, cherche à s’en venger par des conseils perfides, et finit par convoquer les Comédiens chez le directeur de la troupe. L’un vient costumé en Tancrede, l’autre en Arlequin, l’autre en Alceste, un autre en Scapin.

De cette diversité de personnages il résulte qu’ils ne peuvent pas jouer ; et après avoir passé en revue les pièces tant anciennes que modernes, ils prennent le parti d’afficher Relâche.

Tel est le fonds de cette bluette, où les couplets ne sont pas épargnés ; car chaque nom d’ouvrage dramatique prononcé par un acteur amene un couplet analogue. Il y a des couplets sur l'Ecole des Maris, sur celle des Femmes, sur le Vieux Garçon malade, sur l’Homme à trois visages, sur la Femme à deux Maris ; sur l’Amour fugitif, sur le Français à Londres, sur Molé, sur Fleury, voire même sur le lecteur Brunot, etc. Dans la quantité il y en a quelques-uns passables, mais en général l’ouvrage est froid et monotone comme la plupart de ceux de ce genre.

L'identification de tous ces titres ne va pas de soi...

L'Ecole des maris : la pièce de Molière en 1661.

Courrier des spectacles, n° 3527 du 15 mars 1806, p. 3 :

[Après avoir rendu compte de Collin-d'Harteville aux Champs-Élysées créé dans une représentation pour un élève comédien malade, c’est de Relâche, donné dans la même représentation du 13 mars 1806, mais qui n’est pas vraiment une nouveauté, puisque « jouée au Théâtre de la Société Olympique, il y a deux ans ». Intitulée Relâche, le mot qui barre les affiches quand, justement, on ne joue pas, elle met en scène une troupe qui, venue en province, éprouve de telles difficultés qu’elle est obligée de décevoir les gens de la ville qui brûlaient de les voir, et de ne pas jouer.]

La seconde à laquelle le même auteur [Dufresnoy] a coopéré avec MM. Decours et Aude neveu a pour titre ; Relâche. Ce n’est pas, à proprement parler, une nouveauté ; elle a été jouée au Théâtre de la Société Olympique, il y a deux ans. Le fonds en est léger ; c’est une simple bleuette dans laquelle l’auteur a voulu donner une idée des petites tracasseries des coulisses. Une trouppe de comédiens de province arrive à St. Quentin ; toute la ville qui n’est pas accoutumée à semblable aubaine, nage dans la joie ; les bourgeoises font leur toilette des beaux jour» pour assister à l’ouverture. On lève le rideau ; mais les fatigues du voyage, les petites rivalités, et beaucoup d’autres incidens de même nature ne permettent pas la représentation, et l’on annonce Relâche.

On voit qu’il ne faut pas fatiguer les organes de l’intelligence pour accoucher d'une idée aussi forte ; mais Molière n’a pas légué son génie à tout le monde, et tout le monde même n’a pas besoin du génie de Moliere pour s’amuser.

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