Le Berger de la Sierra-Morena, ballet-pantomime en trois actes, d’Antoine Petitpa, sur une musique d'Alexandre [Piccinni],16 février 1815.
Théâtre de la Porte Saint-Martin.
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Titre :
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Berger de la Sierra Morena
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Genre
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ballet-pantomime
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Nombre d'actes :
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3
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Musique :
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oui
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Date de création :
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16 février 1815
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Théâtre :
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Théâtre de la Porte Saint-Martin
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Compositeur(s) : :
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Alexandre [Piccinni]
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Chorégraphe(s) :
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Antoine Petitpa
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Journal des débats politiques et littéraires, 24 février 1815, p. 3-4 :
[Après des réflexions sur les mélodrames joués au Théâtre de la Porte Saint-Martin, moins bien accueillis que les ballets, le critique promet un grand succès au Berger de la Sierra-Morena, non pour son sujet, d’une banalité remarquable (apprécions l’image de la distillation pour trouver l’essence d’une pièce !), mais pour la qualité de la danse. Le critique a été ébloui en particulier par « une espèce de fantasmagorie » qui consiste à faire danser les interprètes devant une fausse glace : ce qu’on y voit n’est pas le reflet des danseurs, mais d’autres danseurs faisant la même chose avec une extrême précision. Ce spectacle le remplit d’admiration.]
THÉATRE DE LA PORTE SAINT-MARTIN.
Le Berger de la Sierra-Morena, par M. Petitpa musique de M. Alexandre.
Jusqu'ici ce théâtre n'a pas eu lieu de se louer de ses mélodrames : son Vieux de la Montagne et son Sergent polonais n’ont eu qu’un médiocre succès ; mais en revanche ses ballets en ont eu un très grand. Les Ingénus ont attiré la foule, et, pour le dire en passant, Pierson, qui a un talent remarquable pour les niais, peut en revendiquer une bonne part. L'idée de ce ballet est ingénieuse, quoique cependant peu naturelle ; car comment trouver dans un même village, et tout d'un coup, six ingénus qui aient passé à travers la corruption du siècle, sans rien perdre de leur candeur et de leur innocence ? Hélas ! ce n'est plus qu'au théâtre ou dans les romans que nous retrouvons quelque peinture de cet âgc d'or si vanté par les poètes !
Le succès du Berger de la Sierra-Morena sera encore plus grand que celui des Ingénus. Dans ce nouveau ballet, rien que de naturel. Une jeune fille qui a donné son cœur à l'insu de ses parens ; un imbécille qui a. des prétentions et qui se trouve dupe, tout cela se voit tous les jours dans le monde et peut-être un peu trop souvent au théâtre ; car c'est l'éternel canevas sur lequel sont faites toutes les comédies. Si l'on pressuroit et que l'on fit passer à l'alambic cette multitude de petites pièces qui défraient le théâtre depuis son origine, le résidu seroit toujours le même ; et quand toutes les idées accessoires se seroient volatilisées, un imbécille dupé ou un tuteur trompé, voilà ce qu'on trouveroit toujours dans la cornue.
Ce n'est donc pas par le fond que se recommande le ballet nouveau, mais par la forme, il y a de la grâce dans la manière dont les dessins en sont tracés. Les danses exécutées sous des berceaux mobiles, et avec lesquels les danseuses tracent différentes figures en les fixant sur les planches du théâtre, sont d'une invention tout-à-fait heureuse mais ce qui enlève tous les suffrages et assure le succès du ballet. c'est une espèce de fantasmagorie dent je vais essayer de donner une idée.
Le seigneur du village, dont c'est la fête, a rassemblé chez lui tout les villageois. Quand les danses générales ont cessé, il engage le marié à danser un pas devant une glace : des rideaux s'ouvrent au fond du théâtre; le danseur alors tournant le dos au parterre, s'avance vers cette vers cette glace et exécute un pas que le public voit répété avec la plus grande exactitude. A gauche et à droite de la glace sont le bailly et le nigaud, dont tous les gestes et tous les mouvemens y sont également répétés avec la plus grande fidélité. Tout cela n'auroit rien d'extraordinaire si c’étoit une glace véritable ; mais, comme on s'en doute bien, ce n'est qu'une gaze derrière laquelle sont d'autres acteurs absolument pareils à ceux qui sont devant. On conçoit combien il faut qu'il y ait d'exactitude, de précision, et surtout de parité dans l’exécution, pour qu'un bras, une jambe se lève toujours en même temps, pour qu'une pirouette et un entrechat finissent juste et à point au-delà et en-deçà de la glace : le moindre retard, le moindre défaut de concordance seroit remarqué ; mais l’illusion est complète. et il y a tant de précision dans les mouvemens, que les personnages qui agissent et ceux qui les représentent semblent dirigés par le même ressort, et mis en mouvement par la même mécanique. C'est admirable. C.
Mercure de France, volume 62, n° DCLXXII (25 février 1815), p. 364-365 :
[La question qui ouvre l’article (comment peut-on continuer à produire sans cesse des pièces sur les sujets les plus éculés ?) permet de critiquer la nouvelle production du Théâtre de la Porte Saint-Martin, une histoire d’amants qui trompent un tuteur. Le ballet ne vaut que par la danse (« de jolis pas et des mouvemens de scènes agréables ». Le Théâtre de la Porte Saint-Martin ferait bien de se limiter à la danse, où il excelle.]
Théâtre de la Porte Saint-Martin. — Tous les jours on dit : Comment peut-on encore faire des épigrammes contre les femmes, les médecins et les procureurs ? et tous les jours on en fait, on en répète, et l'on en rit : tous les jours de même on se demande quand on proscrira du théâtre ces mystifications de tuteurs dupés, nées de l'enfance de l'art ? et tous les jours on les renouvelle , et tous les jours on réussit.
Le Berger de la Sierra-Morena en est la preuve : toute l'intrigue roule sur les tours que deux amans jouent à un tuteur et à un niais. Le compositeur a tiré un très-bon parti de ces situations connues : il les a rajeunies par de jolis pas et des mouvemens de scènes agréables : ce théâtre possède pour la danse ce qu'il aura sans doute plus tard pour le vaudeville, la comédie et le mélodrame, des sujets distingués ; qu'il s'en tienne donc pour le moment à des ballets ; et toujours va qui danse.
Jean-Philippe Van Aelbrouck, Dictionnaire des danseurs : chorégraphes et maîtres de danse à Bruxelles de 1600 à 1830 (Pierre Mardaga éditeur, Liège, 1994), p. 195 :
Coup sur coup, Petitpa compose deux nouveaux ballets pour le Théâtre de la Porte Saint-Martin : le 7 janvier 1815, il met en scène Les Six Ingénus, une pantomime inspirée de celle de Duport et mise en musique par Alexandre Piccini; le 16 février il présente Le Berger de la Sierra Morena, pantomime en trois actes.
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