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La Capricciosa corretta

La Capricciosa corretta, opera buffa en deux actes, livret de De Ponte, musique de Martin Y Solar (Vincenzo Martini), 25 mars 1815.

Théâtre de l’Impératrice (Opéra italien).

Titre :

Capricciosa corretta (la)

Genre

opéra

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

vers

Musique :

oui

Date de création :

25 mars 1815

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon (Opéra Italien

Auteur(s) des paroles :

Da Ponte

Compositeur(s) :

Martin Y Solar (Vincenzo Martini)

Dans leur Dictionnaire lyrique ou Histoire des opéras, Félix Clément et Pierre Larousse consacrent une courte notice à la Capricciosa corretta :

Capricciosa corretta (la), opéra buffa en deux actes, paroles de Da Ponte, musique de Martini (Vincent), représenté d’abord en Italie, puis à l’Opéra italien de Paris le 25 mars 1815.

La Capricciosa corretta est la réapparition en 1815 sur le même théâtre, de la Moglie corretta de 1806.

Castil-Blaze, l’Opéra-Italien de 1548 à 1856, p. donne comme date de création le 6 novembre 1815, alors que la date du 25 mars est confirmée par le Journal des débats politiques et littéraires du 25 mars, où la création est annoncée.

Journal de l’Empire, 30 mars 1815, p. 1-3 :

[Après avoir chanté l’éloge de Napoléon Ier qui a sauvé le Théâtre de l’Odéon (et l’art en général), l’attention du critique se porte sur les chanteurs italiens, auxquels il donne des conseils sans doute fort utiles, pour les inciter à faire mieux encore. On arrive enfin à la pièce du jour, dont il rappelle qu’elle n’est pas nouvelle, et qu’elle a déjà paru sous un titre mieux adapté. Pas question d’en faire une « analyse régulière » : tous les opéras italiens sont des pièces contraires à toutes les règles, et l’inquiétude s’étend même sur une pièce à venir, adaptation d’une comédie célèbre, et que la transformation en opéra italien n’a pu que gâter, mutiler, disloquer (les verbes ne sont pas de moi !). Le critique propose aux auteurs de livrets italiens les exemples illustres de notre opéra comique. La question lui tient à cœur : il plaide pour « une révolution salutaire » qui bannisse « du théâtre ce pitoyable genre, opprobre de l’art ». Un extrait de la pièce permet au lecteur de se rendre compte de la défectuosité de paroles dont la musique est par contre « vive, piquante, spirituelle ». Le compositeur est d’ailleurs bien mieux traité que l’auteur du livret, et une longue liste de morceaux remarqués en témoigne. L’interprétation est également jugé satisfaisante, à une exception près, à la limite du ridicule, mais le critique croit devoir mettre en garde le public sur l’abus qu’il fait des bis : il ne se rend pas compte de l’importance des efforts demandés aux chanteurs.]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

La Capricciosa corretta (la Capricieuse corrigée) opéra buffa en deux actes, musique de Martini.

Ce théâtre, menacé depuis plusieurs mois dans son existence, lève aujourd'hui un front moins timide, et sort, pour ainsi dire, de ses ruines. L'administration, il est vrai, n'a jamais perdu ni l’espérance ni le courage. Appuyée sur ses droits qui sont incontestables, sur la foi des engagemens garantis par l'autorité suprême, elle se flattoit qu’un montent viendroit où la voix harmonieuse d'une étrangère ne prévaudroit plus sur celle de la justice où les intérêts du plus beau quartier de la capitale ne seroient plus immolés à un caprice ministériel, ou peut-être à des considérations plus honteuses. Je réclamai, dès l’origine, contre cette scandaleuse opération. J’essayai de soulever l'opinion publique en faveur d'un établissement indispensable au faubourg Saint-Germain, dont la stricte équité demandoit la conservation, et qu'une politique bien entendue auroit dû créer, s'il n'avoit pas existé d'avance ; j’étois loin sans doute de prévoir par quel côte le secours devoit lui arriver. Mais enfin le prodige s'est opéré. L'Empereur vient de rétablir dans tous leurs privilèges le Conservatoire et les quatre grands théâtres. L'Odéon se pare encore de l’auguste nom qui est à la fois son appui et sa gloire. M. Alexandre Duval est nommément confirmé dans la direction, celle de la musique est rendue au célèbre auteur de Camille et de la Griselda. Tout est en mouvement pour redonner la vie à cette administration : voilà déjà un opéra remis ; la semaine prochaine en verra mettre un autre du même auteur ; et enfin la Jeunesse de Henri V, si souvent applaudie au Théâtre Français, se montrera incessamment à l’Odéon, escortée de la musique de M. Paër, dont la place n'est jamais pins utilement remplie, que lorsqu'il a compose lui-même la musique qu’elle l’oblige de diriger.

Ainsi tout est rétabli dans son premier état, et le zèle des artistes va redoubler avec leur sécurité. La confiance est nécessaire au travail : on sème avec négligence quand on ne compte pas sur la récolte ;mais aussi l'ardeur est sans égale, lorsque la récompense est au bout du sillon. Courage donc, enfans harmonieux de l'Ausonie ! vous, Porto dont la voix est si mâle et si sonore, pénétrez-vous de !'esprit de vos rôles ; mettez de l’aplomb et de la dignité dans votre démarche ; laissez la farce à Barilli ou à Bassi ; c'est leur emploi, et ils t excellent. Vous, sage Crivelli, animez cet organe si pur, ne vous contentez pas de charmer l’oreille ; aspirez à un triomphe plus éclatant et plus durable ; communiquer des émotions délicieuses à des spectateurs déjà ravis de vous entendre, mais qui demandent autre chose que d'agréables sons à la langue divine des Durante, des Leo, des Pergolese. Et vous, mesdames, qui vous êtes partagé le bel héritage de l’inimitable Barilli, songez à la dette immense que vous avez contractée envers le public ; soyez noblement rivales ; que votre émulation tourne au profit de nos plaisirs ; que l’une de vous surtout s'accoutume à articuler nettement, à soutenir sa voix, à ne pas essayer au-delà de ses forces, et surtout à diriger vers la prononciation d’une langue qui ne lui pas encore très familière, les peines qu’elle se donne pour se créer d'inutiles difficultés.

La Capricieuse corrigée est le titre nouveau d’une pièce ancienne représentée en 1806, sous celui de la Femme corrigée. Je préfère le dernier; car Mme Bonario ou Ciprigne, n’est pas seulement une femme à caprices ; c’est un tyran ou un dragon femelle, dontl’unique plaisir est de faire enrager son mari, de contrecarrer les amours des entant du premier lit, de mettre le désordre dans la maison :

C'est la vraie Alecto peinte dans l'Enéide
Portant la rage au sein d'Amate et de Turnus ;

qui par ses fureurs finit par armer contr'elle père, enfans, valets. et qui se corrige assez singulièrement grâce à une mystification bouffonne, imaginée et exécutée par un laquais.

L’analyse régulière d'un opéra bouffon italien est. est, je l’avous, un ouvrage au-dessus de mes forces : il semble que ces sortes de pièces se fassent par gageure et que le poète ait prié de violer toutes les règles du théâtre et toutes celles du bon sens. Mais au nom du ciel, qu’en coûteroit-il donc d'être sage ? Pourquoi ne pas essayer de rappeler ces muses ultra-montaines aux règles du devoir ? Quelle inconcevable manie de gâter à dessein des ouvrages tout faits, et qu'il ne faudrait que traduire pour les rendre supportables ! Nous allons voir la Gioventu d’Enrico Quinto, Comment s’y est-on pris pour gâter, pour mutiler, pour disloquer cette charmante comédie ? Quoi ! l'exemple de notre opéra comique devroit-il pas dessiller les yeux à ces étranges compositeurs ? N'est-il pas démontré que la musique s'accommode on ne peut pas mieux de paroles, de scènes, de situations raisonnables ? Vous voulez absolument des duo. des quatuor, des quintetti des finales ; ma:! n'en trouve-t-on pas de charmans, quoique bien amenés, dans les opéras de Favart, de Sedaine. de Monvel, de M. Hoffman, de M. Etienne ? Mais ne pourroit-on, ne devroit-on pas faire dans un genre ce qui, dans un autre, a si bien réussi à Apostolo Zeno et à Métastase ? En un mot les oreilles ne peuvent-elles être flattées sans que l'esprit soit choqué et la musique elle-même ne gagneroit-elle pas infiniment à exprimer des sentimens et des idées approuvées par le jugement et par le goût ? Telles sont les questions que j'ai déjà proposées plusieurs fois, et que je répéterai sans me fatiguer et sans craindre même de fatiguer nos lecteurs, jusqu’à ce qu’une révolution salutaire ait enfin banni du théâtre ce pitoyable genre, opprobre de l’art et réprouvé par ceux qui prennent le plus vif et le plus sincère intérêt à la gloire de la musique italiennc.

Veut-on voir jusqu'à quel point l’oubli de toutes les convenances est porté dans ces paroles qu'heureusement la plupart des spectateurs n’entendent pas ? Je prends le duo du second acte ; c'est un des morceaux de l'ouvrage le plus applaudi, et on l'a fait répéter. La musique en est vive, piquante, spirituelle : mais voici sur quelles paroles elle est brodée : c’est un dialogue d'injures entre Bonario et sa femme :

LA FEMME.

« Avec sa face grêlée, son teint couleur de safran, et ses jambes, le pauvre homme ! qu'il a dérobées à une petite table, quand il veut faire l’amoureux, il paroît tout dehanché.. Femmes aimables, si tous voulez, vous pouvez en faire votre profit.

LE MARI.

« Oh! regardez quelle figure pour agacer un mari ! Elle a la bouche faite tout exprès pour le service de la poste ; elle a les jambes si bien faites qu'elles forment le chiffre 77. Mes chers amis, si vous voulez, vous pouvez en faire votre profit. »

Telles sont les horribles platitudes qui seroient certainement repoussées sur nos tréteaux des Boulevards, et qui passant néanmoins sur un théâtre imperial, à l'aide du voile dont les couvrent la musique et un idiome étranger.

Les morceaux qu'on a le plus applaudis sont le quintetto de la première scène, Se figli vi siumo ; l’air de Ciprigue, Guardami un poco da capo ai piedi ; le duo dont je viens de parler ; l’air de Benario, Se mia moglio crepasse una volta ; les deux finales de chaque acte, et surtout un zir extrêmement original de M. Paër, dont le chant et l’accompagnement expriment avec beaucoup d vérité les inquiétudes d’un vieux mari qui consulte les cartes, et qui y lit successivement sa bonne et sa mauvaise aventure. M. Paër soutient parfaitement la concurrence avec Vincent Martini, auteur de ect opéra et de la Cosa rara, qu’il ne faut pas confondre avec M. Martini, à qui le théâtre Fevdeau doit la Bataille d’Ivry, l'Amoureux de quinze ans, et le Droit du Seigneur.

Mme Mainvielle-Fodor a chanté avec goût et avec expression le rôle très fatigant de Ciprigue, surtout dans le premier acte et dans la première moitié du second. Le public, en lui faisant répéter, ainsî qu'à Bassi, un duo qui dure à peu prêt vingt minutes, use avec indiscrétion d'un droit qu'il a sans doute, et qui est un hommage au talent mais il ne fait pas assez d'attention qu'un morceau de longue haleine n'est pas un couplet de Vaudeville, et qu'après avoir épuisé les moyens d'une cantatrice, il n'a plus le droit d'en exiger à la fin le même développement. Bassi est bon dans Bonario; mais je ne sais où l’on a été déterrer un certain Sigisbée que je n'ai encore vu dans aucun rôle, qui, je crois, chante dans les chœurs, et qui a ajoute au lridicule du défaut abso!u d'habitude, celui d'une toilette de très mauvais goût, dont l’idée n'a pu lui être suggérée que par l'auteur des paroles de opéra.

 

[L'Amoureux de quinze ans ou la Double fête est une « comédie en trois actes et en prose, mêlée d'ariettes, de Laujon, musique de Johann Paul Aegidius Martini, créée le 18 avril 1771.

Le Droit du seigneur est une comédie en trois actes et en prose mêlée d'ariettes, de Desfontaines, musique de Johann Paul Aegidius Martini, créée le 17 octobre 1783 devant le Roi.]

Le Nain jaune, n° 360 (cinquième année, 10 avril 1815, p. 11-12 :

[Longtemps attendue, la pièce nouvelle pourrait bien ne pas en être une, ce que le critique signale qu’il y a équivalence entre la Capricciosa coretta et la Moglie corretta. La musique n’est pas vraiment valorisée, et c’est sur l’interprétation que l’article s’étend le plus, pour des jugements plutôt positifs, même s’il signale les réticences d’« un certain nombre d’amateurs ». Le cas du livret est vite réglé : « Comme il est convenu qu'un drame italien doit être mauvais, je crois inutile de m’étendre sur les inepties et les invraisemblances que présente celui-ci », et le procédé employé pour amener le dénouement, « l’éternelle parade des Turcs » est qualifié de « grossière mystification », simple occasion de finir la pièce, et de faire jouer une marche. L’annonce de pièces à venir semble aussi une mise en garde à l’administration du théâtre, prié « de ne rien ajouter ».]]

Opéra-Buffa. – La Capriciosa- corretta. -- Après nous avoir promis pendant plus d’un mois ce charmant ouvrage, et avoir épuisé les en attendant, les incessamment, les irrévocablement, et tout le banal protocole des affiches, l’administration s’est enfin déterminée à nous en faire jouir. Je ne déciderai pas jusqu’à quel point il peut lui être utile de spéculer sur l'impatience du public ; mais la salle était passablement pleine.

L'ouverture de la Capriciosa, ou si l’on veut de la Moglie corretta, n’a pas paru le morceau le plus estimable de l'ouvrage, et je crois qu’il faut attribuer à l’orchestre tout l’effet qu’elle a produit. Elle n’offre qu’un motif assez vague qui se répète après de petits solos.

L’introduction du premier acte a toute la facture qu’exigent ces sortes de morceaux. Angrisani a chanté avec succès un air très-bouffe, dans lequel le contraste d’un fausset grêle avec une basse-taille bien pleine, a paru fort plaisant. Bassi a un air semblable dans le second acte. Guglielmi indique plutôt qu’il ne chante une cavatine charmante ; mais les amateurs lui tiennent compte de ses efforts, et, grâce à son goût, on oublie souvent qu’il n’a pas de voix.

Tous les morceaux chantés par madame Mainvielle-Fodor sont vivement applaudis. La voix pure et touchante de cette cantatrice n’a pas ajouté peu de charmes au joli air déjà connu : Guarda mi un poco. Quand madame Mainvielle n’aurait pas, en prononçant ces paroles, un excellent moyeu de disposer favorablement le public, il lui suffirait de se faire entendre pour obtenir des suffrages.

Je le dis avec tout le plaisir qu’on doit avoir à donner d'heureux présages ; malgré un certain nombre d'amateurs dont les regrets sont un peu trop exclusifs, madame Mainvielle parviendra à nous consoler de la perte de madame Barilli. Un sentiment exquis de la mélodie, beaucoup d’âme et de goût, remplaceront toujours avec quelque succès cette pureté de méthode, cette prodigieuse facilité que nous avons si justement admirées. Madame Mainvielle fait en outre de progrès sensibles. Elle ne s’est jamais laissée effrayer par les difficultés ; elle s'en tire toujours de manière à se féliciter de les avoir abordées.

Bassi fait beaucoup rire dans les différentes charges dont son rôle est rempli. Son duo : Ah ! guardate che figura a provoqué le bis. Madame Mainvielle y descend à des tons aussi graves que le peut faire une voix de contralto. Ce duo doit être remarqué comme un modèle dans le genre de la musique bouffe. La sotte grossièreté des paroles ajoute au triomphe du compositeur ; et quoique très-commun eu Italie, ce tour de force a toujours son mérite.

Comme il est convenu qu'un drame italien doit être mauvais, je crois inutile de m’étendre sur les inepties et les invraisemblances que présente celui-ci. Il signer poeta a employé l’éternelle parade des Turcs, grossière mystification qui paraît être favorite à ses confrères. C’est du moins un excellent moyen de préparer un dénoûment. C'est aussi pour le compositeur une occasion de faire une marche.

On nous promet la remise de la Cosa rara. M. Paër doit donner-aussi la Gioventu d’Enrico quinte. Le public attendra sans doute cette représentation avec impatience, à laquelle nous prions l’administration de ne rien ajouter.

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