Les Deux Henriettes

Les Deux Henriettes, vaudeville, de Philippon-Lamadelaine et Le Prévost d'Iray, 14 fructidor an 5 [31 août 1797].

Théâtre du Vaudeville.

La Biographie universelle et portative des contemporains, tome 4, p. 925, fait de Le Prévost d'Iray le coauteur de Philippon-Lamadelaine pour les Deux Henriettes, comme pour quatre autres pièces (Carlin débutant à BergameGentil BernardMaître Adam, les Troubadours.

Titre :

Deux Henriettes (les)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 fructidor an 5 [31 août 1797]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Philippon-Lamadelaine et Le Prévost d'Iray

Courrier des spectacles, n° 238, du 15 fructidor an 5 [1er septembre 1797], p. 2 :

[Une pièce au petit succès, dont l'intrigue est bien difficile à résumer à cause d'une exposition « très-compliquée », une pièce froide, « sans aucun intérêt », qui « n'attache aucunement le spectateur », mais qui est « généralement fort bien jouée ». Le critique donne le nom des acteurs, mais pas celui des auteurs.]

Théâtre du Vaudeville.

On donna hier à ce théâtre la première représentation des Deux Henriette, vaudeville en un acte. Cette pièce a eu un très-médiocre succès. On peut même dire que sans beaucoup de jolis couplets dans le genre gracieux, et sans quelques autres de circonstance, ce vaudeville ne se seroit pas relevé.

Il nous est diffîcile d’en donner une analyse bien juste, car l’exposition, qui est le fondement d’une pièce, est très-compliquée, ce qui ôte beaucoup la facilité de bien saisir l’intrigue.

M. Artaud de Caudebec a une fille nommée Henriette, amante adorée d’un jeune homme appelé Duval. Le père ne voulant pas qu’ils se marient, ni même qu’ils ayent occasion de se voir à Paris où il va pour affaire, a fait prendre à sa fille le nom de Victoire, et sous le nom de Ducastel, il est venu loger chez une demoiselle appelée Henriette Arnauld. L’amante de Duval a sçu par une lettre l’instruire de sa demeure, et Duval s’est déjà présenté plusieurs fois pour la voir. Henriette Arnauld a apperçu Duval se promener souvent autour de sa maison ; elle en est éperduement éprise, et a le dessein de l’épouser. Elle met dans sa confidence un jeune maître à danser qui vient donner des leçons à Henriette Artaud qu’il ne connoit que sous le faux nom de Victoire. Le maître à danser est pareillement dans la confidence de Duval. Celui-ci lui donne une lettre pour remettre à sa maîtresse. Le maître à danser la donne à Henriette Arnauld ; elle répond ; Duval ne reconnoit pas l’écriture de son amante ; celle-ci qui avoit été témoin de la réception de la lettre de Duval, et qui l’avoit cru infidèle fait voir que c’est une méprise causée par le double nom d’Henriette ; Mlle Arnauld reconnoit dans Duval un neveu qu’elle avoit cru mort, et dont elle s’étoit déjà approprié les biens. Le père consent au mariage de sa fille avec Duval.

Cette comédie est souvent froide, sans aucun intérêt ; en un mot, elle n’attache aucunement le spectateur ; ce qui de plus a singulièrement nui à cette comédie, c’est le personnage de M. Artaud, qui, ne pouvant donner à ses idées une juste valeur, est obligé de les expliquer par des continuels c’est-à-dire ; mais il s’embrouille au point qu’il ne cesse de faire des paradoxes. Nous pensons bien que l'auteur retranchera une très-grande partie, c'est-à-dire, la totalité de ses c'est-à-dire, qui lui ont fait beaucoup de tort. Quelques voix ont demandé l’auteur, mais il n’a pas paru ; nous ignorons encore son nom.

La pièce a été généralement fort bien jouée par MM. Carpentier, Chapelle, Leger, et Mes Sara et Duchaume.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 3e année, 1797, tome III, p. 257-258 :

[Le compte rendu s’ouvre par le résumé de l’intrigue. Puis le critique donne son opinion, assez modérée : il ne dit rien de l’intrigue, assez peu originale, mais il admet que la pièce a « quelques endroits foibles », mais compensés « par un grand nombre de saillies heureuses ». Comme souvent, c’est la qualité des couplets qui est mise en avant : certains dénoncent « la nombreuse classe des intrigans, [...] les parvenus, et le goût actuel des français pour les bals et les feux d'artifices » (esquisse d’un inventaire à la Prévert ?). Le personnage de Ducastel paraît trop caricatural, à caude s’un tic de langage (et seulement à cause de cela ?). Les interprètes ont droit à une citation élogieuse, certains ayant su tirer partir de « rôles assez ingrats par eux-mêmes ».

On a donné au Théâtre du Vaudeville, le 15 fructidor, la première représentation des deux Henriettes.
Un habitant de Caudebec veut faire voir Paris à sa fille Henriette. Il prend le nom de Ducastel, et lui donne celui de Victoire, pour éviter les poursuites de Duval son amant, cousin d'une demoiselle Henriette Arnauld, qui est en possession de ses biens, parce qu'on le croit mort, et chez qui viennent loger M. Ducastel et sa fille.

Ces deux personnes, qui portent chacune le nom d'Henriette, causent les quiproquos qui font le sujet de la pièce.

Roberti, maître de danse, se croit aimé de Victoire, et ménage à Duval, qui l'en avoit prié, un rendez-vous avec la vieille Henriette ; ne connoissant la jeune que sous le nom de Victoire, et la vieille lui ayant avoué qu'elle sent de l'amour pour Duval.

Duval écrit, reçoit une réponse de la vieille Henriette ; vient au rendez-vous avant l'heure indiquée, et trouve cette Henriette qu'il aime, qui le croit infidèle sur le rapport de sa lettre, et qui le traite fort mal.

La vieille Henriette aime, et trouve un amant qui se moque d'elle, et que le vieux serviteur reconnoît pour le cousin qu'on croyoit mort. Tout s'éclaircit ; Duval épouse la jeune Henriette, et M. Ducastel épouse la vieille, qui rend à son cousin sa part de l'héritage.

La pièce a quelques endroits foibles, mais elle s'est soutenue par un grand nombre de saillies heureuses. En général tous les couplets ont été fort applaudis, sur-tout ceux qui tomboient sur la nombreuse classe des intrigans, sur les parvenus, et le goût actuel des français pour les bals et les feux d'artifices. On a trouvé beaucoup trop chargé le rôle de M. Ducastel, qui a la ridicule manie de répéter à chaque instant c'est-à-dire. Ce c'est-à-dire a pourtant amené un très-joli couplet, et que le public a beaucoup applaudi. Il finissoit ainsi :

Et bien des orateurs chez nous
Auroient besoin du c'est-à-dire.

Un autre couplet a été redemandé, c'est celui où madame Duchaume,en parlant du boulevard Italien, dit : cette promenade étroite, où l'on voit

Des demoiselles qui le soir
Viennent pour briguer le mouchoir,
Et des filous qui vous le prennent.

Carpentier et Chapelle ont fait valoir les rôles,assez ingrats par eux-mêmes, qu'ils avoient à remplir. Léger a fait l'imbécille en homme d'esprit. Les citoyennes Duchaume et Lescaut ont montré dans leur rôle tout le talent dont on les connoît capable [sic].

La pièce a réussi ; les auteurs sont les citoyens Phelippon-la-Madelaine, et Prévost.

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