Gentil Bernard

Gentil Bernard, comédie en un acte, de Le Prévôt d'Iray et Philipon de Lamadelaine, 1er nivôse an 9 [22 décembre 1800].

Théâtre du Vaudeville.

La Biographie universelle et portative des contemporains, tome 4, p. 925, fait de Le Prévost d'Iray le coauteur de Philippon-Lamadelaine pour Gentil Bernard, comme pour quatre autres pièces (Carlin débutant à Bergame, les Deux Henriettes, Maître Adam, les Troubadours).

Titre :

Gentil Bernard

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

1er nivôse an 9 [22 décembre 1800]

Théâtre :

Théâtre du vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Le Prévôt d'Iray et Philipon de Lamadelaine

Almanach des Muses 1802

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Brunet, sans date :

Gentil Bernard, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles. Par les citoyens Le Prévôt d'Iray et Philipon-la-Madelaine. Représentée sur le Théâtre du Vaudeville, le 1er. nivôse an 9. Accompagnée de notes.

Les notes promises par la brochure : elles figurent à la fin de la brochure, et sont au nombre de trois, toutes trois biographiques : l'une est consacrée à Gentil Bernard, la seconde à Samuel Bernard, l'illustre financier, et la troisième à Rameau.

Courrier des spectacles, n° 1394 du 2 nivôse an 9 [23 décembre 1800], p. 2-3 :

[Librettiste de certains opéras de Rameau, Gentil Bernard devient le héros d’un vaudeville à l’intrigue conventionnelle : Gentil Bernard retrouve son amour de jeunesse que convoite son quasi homonyme le riche Samuel Bernard, et bien sûr il l'emporte sur son rival avec la complicité de Rameau. Le jugement porté sur la pièce est très positif : « il est semé de traits délicats et fins », rempli d’esprit, parfois de façon excessive, même si l’exemple d’un tel excès n'est pas très convaincant. Les couplets sont pleins de grâce et de facilité. Certains seraient même de Gentil Bernard lui-même. Les auteurs sont cités, les interprètes sont félicités. Mais le critique a tout de même quelques reproches à formuler : scènes à mieux lier, entrées et sorties trop peu motivées. Le dernier reproche (une scènes qui devrait être « plus qu’indiquée ») n’est pas très explicite. L’article s’achève sur deux couplets, dont l’un a été injustement mal reçu d'après le critique.]

Théâtre du Vaudeville.

On connoît trois Bernards :

L'un est ce saint ambitieux reclus,
Prêcheur adroit, fabricateur d'oracles ;
L'autre Bernard est l’enfant de Plutus,
Bien plus grand saint, faisant plus grands miracles ;
Et le troisième est l’enfant de Phœbus
Gentil Bernard, dont la muse féconde
Doit faire encor les délices du monde
Quand du premier on ne parlera plus.

C’est en empruntant les expressions de Voltaire que les auteurs du vaudeville donné hier sur ce théâtre sous le titre de Gentil Bernard, sont venus nous annoncer qu’ils alloient nous offrir le chantre des Grâces et le peintre de l’Amour.

Gentil Bernard a jadis, sous le nom d’Auguste, connu et aimé Claudine, jeune paysanne de Fontenay-aux-Roses, qui y demeure encore, mais sous le nom de madame Dorly. Dix ans d’absence et un premier hymen n’ont pu effacer de son cœur l’image de son amant ; elle est veuve, et le fameux financier Samuel Bernard lui offre sa main et sa fortune.

Il vient d’acquérir le titre de comte ; on lui prépare une petite fête comme s’il étoit parmi des vassaux et c’est Rameau, ami de Gentil Bernard, qui s’en est chargé. Il invite celui-ci à quitter la retraite où il se tient caché à Paris pour figurer dans le divertissement. Gentil Bernard arrive, Rameau lui donne son rôle ; on doit simuler un mariage, et c’est lui qui sous les habits de chasseur doit avec mad. Dorly, déguisée en paysanne, présenter le faux contrat à signer au Comte. Ce dernier prévenu par Rameau du déguisement de madame Dorly, se prête à l’intention de la fête, les deux prétendus amans croient se reconnoître. Ils expriment devant Samuel Bernard leur envie de s’unir, ils se sont aimés de la même manière, ils ont pour gages de leur amour mutuel, l’un un nœud de rubans, l’autre une romance, ils se nomment, et Gentil Bernard redevenu un instant Auguste embrasse sa Claudine. Samuel Bernard qui voit que les caresses se prolongent trop, prétend que le rôle d’Auguste doit finir et le sien commencer. Les deux amans le désabusent, et ils se promettent de ne plus se quitter.

Ce joli ouvrage a obtenu le plus brillant succès. Il est semé de traits délicats et fins, que ne désavoueroit pas l’auteur de l’Art d’aimer. On pourroit même dire qu’il y a trop d’esprit dans ce vaudeville, puisqu'une simple suivante en a tout autant que ses maîtres, et c’est une tâche légère que l'actrice peut aisément faire disparoître, en adoptant un costume moins villageois et plus habillé, conséquemment plus analogue à son rôle.

Les couplets portent le cachet de la grâce et de la facilité. Les auteurs ont prêté à Gentil Bernard quelques uns de ses couplets et ils l’ont fait très-adroitement.

Cette production est du citoyen Philippon-la-Madeleine et Prévost-d’Irai.

Les citoyens Henry, Carpentier, Chapelle et Albert, mesdames Sarra et Blosseville ont contribué par leur jeu à faire réussir ce vaudeville , dont le succès eût été encore plus mérité, si les scènes étoient mieux liées, les entrées et sorties mieux motivées, et si la scène du Gascon arec Samuel Bernard étoit plus qu’indiquée.

Nous citerons avec plaisir les couplet suivans dont le premier manqua son effet à la représentation, et qui méritoit peut-être le plus d’être applaudi :

Mme Dorly.

Air : Trouverez-vous un Parlement ?

Les beaux arts sont comme l’amour :
Pour de vrais amans sans folie.
Phœhus ! c'est de même à ta cour,
Sans transport point de vrai génie.
Son vol va dérober aux Dieux
Le feu sacré qui les anime ;
S’il tombe, c’est du haut des Cieux,
Et sa chûte même est sublime.

Rameau.

L'Amour qu’offensoient à la fois
La licence et la pruderie,
Voulut enfin fixer les lois
De l’aimable galanterie.
Sur ses aîles au même instant
II prend une plume légère,
Puis à Bernard 1e présentant
Il lui dit, Sois mon secrétaire.

F. J. B. P. G***.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, sixième année, tome 5 (pluviôse an 9 – 1801)

[Après l’annonce du succès connu par la pièce, le compte rendu donne le résumé de l’intrigue qui tourne autour d’amours anciennes que le hasard ressuscite. Tout finit bien, naturellement, et le critique se contente de regretter qu’une « scène épisodique » n’ait pas été plus développée. Sinon, des couplets « remplis de délicatesse et de grâce ». Les auteurs sont nommés, tout comme les principaux interprètes. Le couplet du vaudeville final est cité.]

Théâtre du Vaudeville.

Gentil-Bernard.

Ce Vaudeville a été joué le 1.er nivôse avec succès. Gentil-Bernard a aimé une jeune personne de Fontenay-aux-Roses, nommée Claudine. Dix ans d'absence n'ont pu l'effacer de son cœur. Claudine, veuve d'un premier mari, pense encore à Auguste, c'est le nom sous lequel elle a connu Bernard ; et elle refuse d'épouser le riche Samuel Bernard, financier, qui lui fait la cour. Celui-ci vient d'acquérir le titre de comte : on lui prépare une petite fête ; c'est Rameau, ami de Gentil-Bernard qui s'en est chargé; il a invité l'aimable poète à quitter la retraite où il se tient caché à Paris, pour venir jouer un rôle à Fontenay-aux-Roses.

Il vient à la tête des garçons du village; M.me Dorlis s'avance, de l'autre côté, à la tête des filles, et au lieu de jouer la scène qu'ils ont apprise, ils en jouent une autre où ils peignent la surprise de deux amans qui se revoient après une longue absence ; ils se reconnaissent enfin, et Samuel Bernard abandonne à son rival la main de M.me Dorlis. Une scène épisodique d'un gascon qui vient emprunter de l'argent à Bernard, qu'il prend pour Samuel, indiquait une situation que l'auteur auroit pu étendre davantage.

Les couplets sont remplis de délicatesse et de grâce.

Les auteurs sont les CC. Prévost d'Iray, Phlippon-la-Madelaine.

Les rôles de Bernard, Samuel-Bernard , et M.me Dorlis, ont été très-bien joués par les CC. Henri, Chapelle et M.me Sara, celui de Rameau a été chanté parfaitement par le C. Albert.

Voici le couplet du vaudeville final :

Notre Bernard a tout à craindre,
S'il n'a dans vos cœurs un appui.
II eût fallu, pour le bien peindre,
Aimer et plaire comme lui.
L'auteur eut pu vous satisfaire,
S'il eût ici, pour se former,
Des loges, appris l'art de plaire,
Et du parterre l'art d'aimer.

Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, tome IV (Paris, 1809), p. 227-228 :

[De ce court article, retenons que le texte reprend force vers de Gentil-Bernard, auxquels on a ajouté de nouveaux vers qui ne détonent pas. Sinon, court résumé, anecdote finale, intrigue jugée « fort légère » (on peut être d’accord).]

GENTIL-BERNARD, comédie-vaudeville en un acte, en prose, par MM. Prévôt d'Iray et Philipon la Magdeleine, au Vaudeville, an 1800.

Samuel Bernard, ce favori de Plutus dont Voltaire a parlé, a formé le projet de s'unir avec Mme. Dorly, jeune veuve immensément riche, qui habite Fontenay-aux- Roses ; mais le célèbre Rameau, ami de la maison, veut tâcher de l'unir avec Gentil-Bernard. Celui-ci arrive à Fontenay. Ce joli endroit, où il a senti les premiers feux de l'amour, lui rappelle des souvenirs bien chers. C'est-là qu'il a aimé pour la première fois. Depuis dix ans il regrette sa Claudine. Il la retrouve dans Mme. Dorly, et s'unit avec elle.

Tel est le fonds de ce vaudeville, où l'on a fort heureusement encadré un grand nombre des jolis vers du plus aimable de nos poëtes ; ceux que les auteurs y ont ajoutés ne sont point indignes du sujet. Quant à l'intrigue, elle est fort légère, comme celles de toutes les pièces de ce genre. Samuel Bernard surtout y joue un rôle fort désagréable. Il trouve pourtant l'occasion d'obliger un certain Pontac, joueur de profession, qui vient lui emprunter deux mille écus. Ce gascon, d'ailleurs assez mauvais sujet, après l'avoir accablé de ses complimens, lui dit qu'il doit s'étonner de ce que, ne le connaissant pas, il vienne lui emprunter deux mille écus ; je vais vous étonner bien davantage, lui répond le financier, c'est que, vous connaissant, je vous les prête. Cette anecdote est vraie : elle se trouve déjà consignée dans cet ouvrage; mais on l'a mise sur le compte d'un autre personnage.

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