Encore des Ménechmes

Encore des Ménechmes, comédie en trois actes, en prose,  Picard, 9 juin 1791

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Encore des Ménechmes

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

9 juin 1791

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

M. Picard

Journal de Paris, n° 161 du 10 juin 1791, p. 648 :

[Une histoire de mariage, ce n’est pas neuf, une histoire de ressemblance, ce n’est pas neuf. Un oncle et sa fille, un neveu qui veut épouser sa cousine malgré l’oncle, on se déguise en oncle, on arrive presque à tromper tout le monde, sauf que l’oncle revient au mauvais moment. Heureusement le valet (l’indispensable valet de ce genre de pièce) arrange toute l’affaire. La pièce a réussi.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

Encore des Menechmes ! c'est le titre de la pièce représentée hier pour la première fois à ce théâtre. Il prévient le reproche qu'on auroit pu faire à l'Auteur d'avoir choisir [sic] un cadre usé. On peut l'atténuer encore en observant que les méprises sont presque toujours des sources fécondes du vrai comique.

Ici les Ménechmes sont un Oncle & un Neveu qui se ressemblent beaucoup. Toute la différence, c'est que l'Oncle porte perruque & qu'il a un uniforme différent. Cet Oncle est allé chercher un prétendu pour sa fille ; pendant ce tems-là, le Neveu devient amoureux de la jeune personne qui est sa Cousine. Le Valet imagine de lui faire prendre la perruque & l'uniforme de son Oncle, & ensuite de le faire reparoître sous son véritable costume, pour que le mariage puisse avoir lieu. Ce projet commence à s'exécuter; toute la maison s'y méprend jusqu'à la femme de l'Oncle elle-même : mais ce maudit Oncle arrive préciſément lorsque tout alloit le mieux du monde. Delà une foule de quiproquo très-plaisans. Le Valet qui s'est un peu pris de vin est trompé comme les autres par la grande ressemblance & découvre le stratageme : il en invente un autre pour l'eloigner. On nous dispensera sans doute de détailler tous ces imbroglio qui sont quelquefois obscurs, mais qui remplissent leur objet en faisant beaucoup rire. La marche de la pièce est rapide ; plusieurs scènes marquent du talent & elle a eu du succès. Le public a demande l'Auteur : on a nommé M. Picard, Auteur du Badinage dangereux, Comédie donnée l'année dernière au même théâtre.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 25 du samedi 18 juin 1791, p. 111 :

[Le compte rendu a commencé avec le Vendemie, il s’achèvera avec Adélaïde et Mirval. Place maintenant à une pièce d’un quasi débutant, Picard, sur un sujet rebattu qu’il a su renouveler, Encore des Ménechmes. L’intrigue repose sur la confusion entre un neveu et son oncle, auquel il a emprunté ses habits. Rien de bien nouveau, mais Picard a su en tirer « un imbroglio souvent très-piquant, & des scènes pleines de gaîté, de sel & d'intentions comiques ». Le dialogue est à l’unisson de la construction de l’intrigue. Quelques reproches toutefois, « quelques inconvenances, quelques défauts dans la contexture », mais elle révèle un talent rpécoc, déjà remarqué dans une première pièce.]

Nous avons à parler de trois Nouveautés, deux au Théatre de Monsieur, & une au Théatre Italien. [...]

On a donné depuis, au même Théatre, une Comédie de M. le Picard, intitulée Encore des Ménechmes. Ce sujet est fort usé ; mais l'Auteur, qui, dans un âge très jeune, annonce beaucoup d'imagination, a trouvé le secret de le rajeunir. C'est un jeune Officier qui, pour éviter les suites d'une affaire d'honneur, vient se cacher à Paris, sous les habits de son oncle, auquel il ressemble prodigieusement. Il arrive assez tôt pour empêcher le mariage de sa cousine, dont il est amoureux & aimé. Il en reçoit l'aveu d'elle même, qui le prend pour son pere. Mais son oncle arrive avec le jeune homme auquel il destine sa fille. On les prend à tout moment l'un pour l'autre. Il en résulte un imbroglio souvent très-piquant, & des scènes pleines de gaîté, de sel & d'intentions comiques. Il n'y a pas moins de mérite dans le dialogue dans les situations; & quoiqu'on puisse reprocher à l’Auteur quelques inconvenances, quelques défauts dans la contexture, on ne peut que l'encourager à poursuivre une carriere dans laquelle il promet de se distinguer. Cet Auteur a déjà donné au même Théatre une petite Comédie intitulée le Badinage dangereux, qu'on a vue avec plaisir.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 7 (juillet 1791), p. 289-291 :

[La pièce reprend une intrigue un peu usée, et que le critique invite à abandonner, parce que les auteurs ne peuvent plus l’utiliser qu’en la rendant toujours plus compliquée. Sinon, la pièce mérite plutôt des éloges : si elle « n'est pas généralement bonne », « elle offre des traits d'un excellent comique, une conception hardie & une imagination féconde » : le talent de son très jeune auteur est prometteur ! Et la pièce est « bien jouée » (ce qui est un compliment bien sobre !).]

Encore des Ménechmes, comédie en trois actes. Les Ménechmes ou la ressemblance frappante de deux personnes, ont été une mine inépuisable pour Ménandre, Plaute , &, dans les modernes, pour Shakespear, Regnard, & plus de vingt auteurs qui ont imité ceux-ci. En effet, quand une fois on a pris son parti sur la vraisemblance, qui se trouve toujours choquée dans ce genre d'intrigue, il faut convenir que rien ne prête mieux au comique & aux situations piquantes ; mais il nous semble qu'il seroit bon d'abandonner ce fonds, sur lequel on a tant travaillé. A force de le retourner, on l'épuise, & l'on finit par fatiguer l'esprit du spectateur, en le forçant de suivre une intrigue qui, pour être neuve, doit être nécessairement forcée &. embrouillée. C'est un labyrinthe dans lequel on s'engage, & d'où, après l'avoir fait beaucoup marcher, on ne le fait sortir que d'une manière toujours peu satisfaisante. Quoi qu'il en soit, la piece intitulée : Encore des Ménechmes, en trois actes, en prose, donnée jeudi sur ce théâtre, a obtenu du succès au milieu des inutilités & des longueurs qui en obstruent la marche. Dorsigny, officier dans un régiment, a une fille & une nièce charmantes. Son neveu, qui porte son nom & sa figure, car il lui ressemble au point que ses plus proches parens s'y trompent, est amoureux de sa cousine : il s'avise, pendant l'absence de son oncle, de prendre son uniforme & sa perruque, & de se présenter chez lui comme le maître de la maison. Ceci donne lieu à des quiproquos multipliés, & qu'il est difficile d'analyser. L'oncle revient, le neveu est découvert, un valet adroit embrouille de nouveau toute l'intrigue : enfin un M. de Lormeuil, qui devoit épouser Mlle. Dorsigny, la cède à son cousin, & tout le monde est content jusqu'au valet, qui se permet des gentillesses un peu trop fortes ; mais à qui l'on pardonne en faveur du succès de ses ruses. Cette piece n'est pas généralement bonne ; mais elle offre des traits d'un excellent comique, une conception hardie & une imagination féconde : en un mot, elle fait concevoir des espérances de son auteur, jeune-homme de 22 ans, que le public, qui se montre toujours l'appui des jeunes talens, a beaucoup encouragé : il a été demandé ; c'est M. le Picard, auteur à ce théâtre, du Masque & du Badinage dangereux. Cette piece est bien jouée par Mrs. Paillardelle, Chevalier, Pelissier, de Vigny, Montgautier, Folleville, & par Mesd. Josset & Dumont.

César : l'auteur, c'est Louis-Benoît Picard. Sa pièce a été jouée 9 fois au Théâtre de Monsieur / Théâtre Feydeau, du 9 juin au 11 août 1791. Elle a été reprise au Théâtre de Louvois à compter du 18 floréal an 10 (8 mai 1802).

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