Gilles aéronaute, ou l'Amérique n'est pas loin, comédie-parade en un acte mêlée de vaudevilles, d'Armand-Gouffé, Buhan et Desfougerais, 6 Thermidor an 7 [24 juillet 1799].
Théâtre du Vaudeville
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Titre :
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Gilles aéronaute, ou l'Amérique n'est pas loin
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Genre
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comédie parade mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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6 thermidor an 7 [24 juillet 1799]
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Armand Gouffé, Bihan et Desfougerais
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Almanach des Muses 1800
Peu de succès.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, de l'imprimerie de Logerot, sans date :
Gilles aéronaute, ou l'Amérique n'est pas loin, Comédie-parade, en un acte, mêlée de Vaudevilles. Par les citoyens Armand-Gouffé, Buhan et Desfougerais. Représentée pour la première fois sur le théâtre du Vaudeville, le 6 thermidor an 7 de la république française.
La pièce est précédée d'une courte note :
Cette bluette, dont le départ de l'astronome Lalande avec le physicien Blanchard, nous a fourni le sujet, a été composée à la hâte et apprise en trente-six heures. Nous ne doutons pas que l'indulgence avec laquelle le public l'a accueillie, ne soit principalement due à la circonstance et au zèle ainsi qu'aux talens des artistes du Vaudeville.
Sur le voyage aérien de Blanchard en compagnie de Lalande, un court extrait de l'Histoire des ballons et des ascensions célèbres, de A. Sircos, Th Pallier et Albert Tisandier (Paris, 1876), p. 309-310 :
Le 26 juillet 1799, Blanchard fit, avec Lalande, une ascension qui eut un certain retentissement.
Les deux aéronautes partirent du Tivoli à 7 heures trois quarts dans une nacelle suspendue à un groupe de cinq aérostats. Une ancre fixée à l'extrémité d'une longue corde maintint la flottille à la même hauteur pendant quelques heures. Les journaux du temps prétendent que Blanchard fit, ce jour-là, un nouvel essai de direction. Quoi qu'il en soit, l'expérience ne donna aucun résultat; Lalande fit peu d'observations et Blanchard ne découvrit certainement rien de nouveau, puisqu'il n'adressa pas aux journaux la moindre lettre.
Courrier des spectacles, n°884 du 7 thermidor an 7 [25 septembre 1799], p. 2 :
[Le premier argument de ce vaudeville, c’est d’avoir un titre piquant qui a attiré beaucoup de monde. Après avoir cité le couplet d'annonce, « que l’on a fait répéter », il résume l’intrigue d’une arlequinade utilisant la nouveauté du ballon captif. Gilles s’y fait prendre sa fiancée Colombine par Arlequin qui tente de le consoler en lui présentant la tante de Colombine. Gilles est bête, comme dans la tradition, il croit avoir traversé l’Atlantique, mais tout s’achève à Asnières. Les couplets du début ont plu, mais le critique a noté « des longueurs qui ont manqué d’être fatales à l’ouvrage ». L’auteur n’a pas été demandé : ce n’est pas bon signe ! Mais les auteurs nous sont connus par la brochure.]
Théâtre du Vaudeville.
On sait ce que peut sur les Parisiens un titre piquant donné à un ouvrage dramatique. C’est sur-tout au Vaudeville où l’esprit et la gaîté ont coutume de se réunir, qu’un semblable titre doit produire plus d’effet. Aussi y avoit-il beaucoup de monde à la première représentation qui y fut donnée hier de Gilles Aéronaute, ou l’Amérique n’est pas loin, folie en un acte.
Voici le couplet d’annonce chanté par le cit. Rosières, à la fin de la Petite Métromanie, et que l’on a fait répéter :
Laissant à de grands voyageurs,
L’honneur d’un long pèlerinage,
Gilles avec de petits auteurs
Entreprend un moindre voyage.
Ceux-là cherchent d’autres climats,
Gilles est moins difficile :
Cependant il ne voudroit pas
Tomber au vaudeville.
Gilles cherchant a faire fortune, afin d’obtenir la main de Colombine, s’embarque dans un balon pour précéder en Amérique les Aéronautes qui se disposent à ce voyage. Le terme du sien est Asnières, où se font les noces d’Arlequin avec Colombine. Gilles qui se croit descendu en Amérique rencontrant Arlequin, le prend pour un nègre. Celui-ci profite de sa méprise, et lui fait accroire qu’il peut lui procurer dans l’isle un excellent mariage, en lui faisant avoir la main d’une très-aimable personne qui ne veut épouser qu’un savant. Cette aimable personne qu’Arlequin destine à Gilles, est Madame Cassandre, la propre tante de Colombine. La pauvre dame très-inquiète du Gilles, a plus d’une fois cherché à connoitre par les cartes quel seroit le succès de son voyage Arlequin va la tirer d’inquietude, et l’amene avec tout le village devant Gilles qui, d’abord très-étonné de retrouver tout Asnières en Amérique, l’est encore plus de se trouver lui-même à Asnières.
Ce petit vaudeville sans prétention offre, dans le commencement, plusieurs couplets qui ont assez généralement plu, mais la nullité de l’intrigue y laisse appercevoir des longueurs qui ont manqué d’être fatales à l’ouvrage, dont l’auteur n’a point été demandé.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, Ve année, tome second, Paris, Fuchs,an VII, 1799 p. 395-396 :
[On est dans les années des débuts de « l’aérostatisme », et les auteurs s’en donnent à cœur joie. Toutes ces pièces ne se valent pas, et celle-ci n’a eu qu’un « médiocre succès : elle ne contient pas des plaisanteries nouvelles. Quelques changements, et elle a mieux réussi. Nom des auteurs, rien sur l’interprétation.]
Gilles aéronaute, ou l'Amérique n'est pas loin, parade jouée le 6 thermidor.
La vieille demoiselle Cassandre se désole de ce que son amant Gilles l'a quittée, et de ce qu'animé de l'amour de la gloire, il est parti dans un ballon d'essai, précédant la flotte aérienne qui va en Amérique.
Gilles aimoit Colombine, nièce de la demoiselle Cassandre ; mais celle-ci, pour se l'assurer, s'est empressée de marier sa nièce à Arlequin. La scène se passe le jour de la noce, à Anières, dont M. Cassandre est magister. Le ballon de Gilles tombe précisément dans cet endroit ; tout le monde s'enfuit de frayeur, excepté Arlequin. Gilles se croit descendu en Amérique, prend Arlequin-pour un nègre ;et, après plusieurs quiproquo un peu froids, surtout dans une scène entre Gilles et M. Cassandre, où ils se prennent l'un et l'autre pour deux savans, on se moque de Gilles qui épouse sa vieille amoureuse, ne pouvant faire autrement ; et la pièce finit au moment où la flotte aérienne passe dans les airs.
Comme toutes les plaisanteries sur l'aérostatisme avoient été épuisées dans le Ballon Biron, et le Retour du ballon à Mousseaux, il étoit difficile d'en faire de nouvelles qui fussent piquantes ; aussi, cette pièce a-t-elle eu un médiocre succès. Quelques changemens l'ont cependant fait mieux réussir. Elle est des CC. Buhan, Armand-Gouffé et Desfougerais.
L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome XII, fructidor an 7 [août 1799], p. 220-221 :
[Compte rendu peu enthousiaste : la pièce, une « Bluette », commence mieux qu’elle ne finit, au point que le critique soupçonne un travail trop rapide à la fin. C’est une pièce de circonstance, sur les voyages en ballon du temps. Elle est sauvée par la qualité de ses couplets, qui lui servent de parachute (on reste dans l’image aérostatique).]
Gilles aéronaute.
La Bluette, jouée sur ce théâtre, sous le titre de Gilles aéronaute, a été accueillie comme pièce de circonstance : on y trouve nombre de traits faisant allusion aux voyages aériens faits ou projetés. La malignité ne les a pas toutefois également saisis ou goûtés. Aux traits saillans du commencement de la pièce & aux longueurs qui en refroidissent la fin, on seroit tenté de croire qu'elle a été commencée à loisir & finie trop précipitamment. L'ouvrage, ainsi que nos globes aérostatiques, s'est d'abord élevé à la hauteur d'un grand succès, puis il est retombé comme eux presque tout à coup, Heureusement des couplets extrêmement jolis lui ont, vers la fin, servi de parachute, Parmi ceux qui ont été redemandés , nous avons retenu le suivant, sur un air que nous ne connoissons point.
On fait fortune en vendant ;
On la fait en demandant.
On fait fortune en rampant,
En agiotant,
Surtout en flattant ;
Mais un moyen excellent,
C'est de la faire en volant.
Un autre couplet chanté sur l'air de Zéphire (de Psyché), a paru un modèle de grâce & de délicatesse. - L'auteur n'a pas été demandés.
D’après la base César, la première de la pièce eut lieu le 24 juillet 1799. Il y a eu 14 représentations au Théâtre du Vaudeville, jusqu’au 5 septembre 1799.
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