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Joconde, ou les Coureurs d'aventures
Joconde, ou les Coureurs d'aventures, opéra en trois actes, paroles d'Étienne, musique de Nicolo Isouard, 28 février 1814.
Théâtre de l'Opéra-Comique.
Le sujet de Joconde a déjà été traité sur les théâtres lyriques, par deux fois, en 1790, par Desforges et Jadin, et en 1792, par Léger (opéra en vaudevilles). Son succès a incité M. Aumer à en faire un ballet-pantomime en deux actes sur une musique de M. Hérold (Académie Royale de Musique, 19 janvier 1827). Son titre : Astolphe et Joconde, ou les Coureurs d’aventures.
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Titre :
Joconde, ou les Coureurs d'aventures
Genre
opéra comique
Nombre d'actes :
3
Vers ou prose ?
en prose, avec des couplets en evrs
Musique :
oui
Date de création :
28 février 1814
Théâtre :
Théâtre de l’Opéra-Comique
Auteur(s) des paroles :
M. Etienne
Compositeur(s) :
M. Nicolo Isouard
Almanach des Muses 1815.
Parti très-heureux tiré d'un conte très-connu.
Succès brillant et mérité.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez les Marchands de Nouveautés, 114 :
Joconde, ou les Coureurs d'aventures, opéra comique en trois actes ; Par M. Étienne, membre de la deuxième classe de l'institut ; Musique de M. Nicolo, de Malte. Représenté pour la première foisle 28 février 1814, sur le Théâtre de l'Opéra-Comique.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1814, p. 290-297 :
[Joconde n’est pas à sa première apparition sur un théâtre lyrique, même si ses apparitions précédentes ont eu lieu sur d’autres théâtres, et dans un autre temps (1790 et 1792). C’est seulement le lien avec le conte qui est ici mis en avant, avec pour souci de rassurer les oreilles chastes : rien de ce que le conte peut avoir de choquant ne figure dans l’opéra nouveau (et l’énumération de tout ce qui n’y figure pas est longue). Les femmes, nombreuses à assister à la représentation, ont pu accorder leurs suffrages à la pièce, au sujet pourtant si scabreux. Ce premier mérite n’est pas le seul : le critique insiste sur le fait qu’on a bien affaire ici à un véritable opéra-comique, dont le découpage est fondé sur la musique, le compositeur ayant à veiller à ne pas céder à la tentation de l’abondance et de la facilité. La pièce a paru trop longue. C’est surtout le cas du premier acte, qui est trop rempli. Il aurait fallu rejeter dans l’avant-scène certains éléments. Ce n’est qu’après l’exposition que la pièce devient vraiment amusante, en parodiant le conte, notamment par la scène de nuit que le critique loue fort. Par contre l’arrivée des princesses bafouées par Joconde et le roi conduit à une mise en prison des héros, qui ne paraît pas très neuve (encore un bailli ridicule). De ce fait, la suite est trop prévisible : les princesses délivrent leurs amants et leur pardonnent. L’ouvrage est un succès, mais l’auteur des paroles est resté anonyme. Débutant ? Expérimenté ? On ne sait pas... La musique de Nicolo a été applaudie comme son auteur. C’est là son meilleur ouvrage, lui qui en a tant produit d’excellents. Mais on peut justement regretter qu’il n’y ait là pas de morceau vraiment marquant, à part un quatuor riche « de délicatesse, de grace et d'esprit ». La pièce aura du succès, surtout après « les coupures nécessaires » et une meilleure exécution d’ensemble (aucun interprète n’est cité).]
THÉÂTRE DE L'OPÉRA-COMIQUE.
Joconde.
Joconde au théâtre ! Joconde à l'opéra-comique ! Le trait était hardi, la tentative audacieuse. S'il existait quelqu'un qui n'eût pas lu l'Arioste et La Fontaine, je ne pourrais pas décemment lui dire : Lisez l'aventure de Joconde, telle que l'ont décrite le chantre de Roland, et l'imitateur de Bocace : pour ceux qui les ont lus, le conte est resté gravé dans leur mémoire ; souvent ils l'ont relu, toujours ils en ont ri, et je ne puis que leur dire : Ne vous étonnez pas que Joconde ait paru sur la scène, que votre pudeur n'en soit point alarmée ; conduisez à sa représentation les personnes douées des plus chastes oreilles. La Fontaine n'est point ici ; le bon homme portait à tel point la naïveté ou la distraction, il était tellement ami de la nature et de la vérité, que sous son libre pinceau, tout se retrace, tout se colore, tout s'anime : il demande ingénuement pardon de la liberté qu'il prend d'être si véridique ; mais son historien est-là, derrière lui : les choses se sont passées de telle manière ; il ne peut pas les dire autrement : il en est bien fâché ; mais si vous ne voulez pas le croire, si vous le trouvez trop libre et trop vrai, laissez-là le livre ; il vous le propose quelquefois; aussi jamais il n'est obéi.
Du poëte conteur, à l'auteur dramatique, la distance est bien grande : le dernier ne peut pas dire aux gens qu'il a rassemblés pour l'entendre, fermez le livre : on lui dirait, baissez la toile, et les rieurs, toujours du parti du poëte, ne seraient pas du sien : aussi dans un ouvrage de cette nature, ce n'est pas assez d'une coupe heureuse, du piquant des situations, de l'esprit du dialogue, il faut encore à force d'artifice énoncer le sujet, et le dissimuler; ne rien dire et cependant faire tout entendre ; amuser les esprits forts sans alarmer les faibles ; parodier les situations de telle sorte, qu'elles paraissent aux uns décentes et convenables, tandis que pour les autres le voile se soulève, et que le conte, toujours présent au souvenir, vienne à chaque instant, et comme incognito, répandre sa gaîté sur l'opéra.
C'est dans un autre sens, mais dans un sens ici très-applicable, que le grave censeur qui a disserté sur Joconde en faveur de l'amitié, a dit :
Il n'est pas de serpent, ni de monstre odieux
Qui par l'art embelli ne puisse plaire aux yeux.
Joconde et son ami ne sont ni des serpens ni des monstres, et ils n'avaient pas besoin d'être embellis ; mais il étaient de fort mauvais sujets, mais ils avaient à se plaindre des femmes, mais leur manière de s'en venger multipliait par-tout l'outrage qu'ils avaient reçu ; il fallait donc beaucoup d'art et d'esprit, beaucoup d'intelligence de la scène et de respect pour les convenances théâtrales, pour les faire paraître à nos yeux. L'auteur y est très-heureusemeut parvenu.
Et d'abord puisque nous tranquillisons ainsi le lecteur sur la décence de la pièce dans un sujet qui en a si peu, on pense bien qu'il n'est point question du départ de Joconde et de son retour imprévu, ni d'envoyer personne dormir en l’autre monde,ni du nain du roi, ni de ce qu'il ne faut ni trop voir ni trop dire, ni de ce qu'on prend en homme de courage,
En galant homme, et pour le faire court
En véritable homme de cour ;
ni du livre blanc, ni sur-tout de la fillette et du valet : rien de tout cela ne se trouve dans l'opéra ; et cependant tout y est, il n'y a que manière de s'exprimer et d'entendre.
Dans le conte, l'hymen et ses droits sont très-peu respectés : ici ils ne sont pas même en danger : prudemment, tout se passe avant les noces. Le conte est un outrage perpétuel à la vertu des femmes ; l'opéra est un hommage continuel à leur esprit et à leur fidélité. Dans le conte, Joconde et le roi sont trompés autant qu'on peut l'être ; ici d'ingénieuses femmes allarment seulement leur jalousie, et gardant pour elles tous les avantages de la situation, elles laissent aux deux hommes le double tort de l'injustice et de l'infidélité. Enfin le conte est écrit dans les mœurs étrangères, et c'est tout-à-fait à la française qu'ici le sujet est traité : aussi a-t-on pu remarquer qu'à la représentation, les femmes, que le titre n'avait point du tout effrayés [sic], étaient en très-grand nombre ; que la pièce a obtenu particulièrement leurs suffrages, et qu'elle trouve ainsi la plus heureuse et la plus durable garantie de son succès.
Le premier éloge que mérite l'auteur, après celui de la difficulté vaincue, est d'avoir bien rempli son titre. Joconde n'est point une froide comédie à ariettes : ce n'est point un vaudeville déguisé sous le nom d'opéra : c'est un véritable opéra comique. La coupe en est essentiellement musicale, et le compositeur n'a eu besoin que de se tenir en garde contre son abondance et sa facilité.
Le reproche de longueur est assez général ; il tombe principalement sur le premier acte, dont l'étendue est en effet démesurée : ce n'est pas qu'il languisse, mais il est trop plein : il forme à lui seul une pièce entière ; c'est trop dans ce seul acte, que l'exposition du sujet, l'arrivée de Joconde à la cour, sa présentation à Robert, leur liaison, leur convention imitée du Curieux impertinent, le piège qui leur est tendu, l'infidélité apparente de leurs deux maîtresses, et leur départ pour courir les aventures. L'auteur aurait peut-être dû prendre les choses d'un peu moins haut, en rejetter quelques-unes à l'avant-scéne, notamment l'arrivée de Joconde ; il n'y a pas de raison pour qu'il ne fut [sic] pas déjà l'ami de Robert ; on acquérerait [sic] ainsi plus de célérité et de vraisemblance dans l'action.
Une fois sortis du palais et arrivés au village, nos aventuriers deviennent plus amusans et plus comiques. C'est une charmante parodie du conte que la scène de nuit où la petite paysanne reçoit de son amant le baiser dont Robert et Joconde sont mutuellement jaloux : on ne pouvait imaginer rien de plus délicat et de plus ingénieux. La scène d'explication qui suit est également piquante d'intention; mais le dialogue pouvait en être plus vif, plus ingénieux et plus amusant : cette scène ne tient pas tout ce qu'elle promet.
L'arrivée des princesses et de leurs écuyers, déguisés en Bohémiens pour surprendre leurs infidèles au milieu de la fête du village et de leurs entreprises galantes, est une fort bonne idée ; mais il faut être juste, elle est entièrement calquée sur celle du don Juan de Mozart, et elle a entraîné forcément le compositeur dans une lutte d'une étrange difficulté. Cet acte est un des plus piquans qui soient à l'opéra comique : on désirerait qu'il finit [sic] d'une manière plus originale. Robert et Joconde mis en prison par un ridicule bailli, qui finit par avouer qu'il est absurde, n'offrent pas une situation assez neuve; dans le choix de son épithète le bailli a trop raison.
Le troisième acte se ressent nécessairement de la faiblesse de ce moyen : on voit trop que les Bohémiennes, redevenues princesses, vont délivrer leurs amans et leur pardonner. Heureusement qu'il y a une rosière à célébrer ; que cette rosière est la petite villageoise aux trois rendez-vous ; et qu'en la couronnant de ses mains le prince ne perd pas l'occasion de se venger de sa ruse par une épigramme contre sa sagesse. C'est probablement la première fois qu'un couronnement de rosière est accompagné d'un persiflage ; le trait était neuf, mais il était piquant ; il a réussi et completté le succès de l'ouvrage, dont l'auteur veut rester inconnu : il laisse le champ libre aux conjectures. Serait-ce un novice ? Le coup d'essai serait heureux. L'ouvrage est-il d'une main exercée ? Tout l'annonce, et je le croirais malgré l'anonyme ou à cause de l'anonyme. Pour ne pas avouer Joconde, où l'on trouve de l'art, des idées piquantes, un dialogue spirituel, où l'on ne pourrait désirer qu'un peu plus de travail et de soin, il faut ou se soucier peu de commencer sa réputation en ce genre, ou en devoir une à des succès dans un genre plus élevé ; nous laisserons le lecteur juge du degré de désintéressement ou de modestie de l'anonyme.
M. Nicolo a été nommé, demandé, présenté et trés-applaudi. On a déjà établi que Joconde était son meilleur ouvrage : il faut s'entendre, c'est peut-être comme opéra, sou ouvrage français le plus complet, le plus nourri : l'auteur lui a fait très-largement sa part, et il n'est pas demeuré en reste. Le style de l'ouvrage est généralement agréable ; il y a du chant, une expression assez juste et une coupe théâtrale ; mais dans les nombreux ouvrages de ce compositeur, par exemple, dans Lulli, le Magicien sans magie, Michel-Ange, l’Intrigue aux fenêtres, le Billet de loterie, etc. etc., il se trouve des morceaux qui, pris isolément, sont supérieurs à ceux de Joconde. Ici l'abondance nuit peut-être à l'effet général ; mais ce qui m'enhardirait dans cette opinion, c'est que tous les morceaux sans exception ont été presque également applaudis, et qu'aucun d'eux n'a obtenu cet assentiment d'enthousiasme qui caractérise à l'instant même les productions musicales d'un ordre supérieur. Il eût été juste cependant d'applaudir d'une manière encore plus marquée le charmant quatuor de la scène de nuit ; c'est le morceau capital de l'ouvrage ; il y a infiniment de délicatesse, de grace et d'esprit. Nous ne citerons aujourd'hui que celui-là ; comme l'ouvrage aura beaucoup de représentations, les coupures nécessaires et une exécution plus sûre des morceaux d'ensemble, permettront d'assigner avec moins d'empressement, et peut-être avec plus de justice, la place que Joconde doit occuper dans la collection déjà nombreuse des partitions du compositeur, S....
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1814, tome II (mars 1814) p. 163-166 :
[Impossible de ne pas commencer par dire que le sujet a déjà paru au théâtre, et qu’il est bien difficile de le traiter « avec la décence qu'exige notre théâtre ». Le critique souligne que justement l’opéra donne tort aux hommes, quand le conte met en cause les femmes, dont l’adresse n’est qu’un moyen de se défendre. L’analyse de l’intrigue montre deux hommes, le roi et Joconde, prêts à se marier, et qui veulent éprouver leurs maîtresses, lesquelles feignent de céder à leurs sollicitations. Après maintes aventures, les deux séducteurs sont tout heureux de se voir agréer comme époux. Le critiuq ene cache pas son plaisir face à la pièce : « Cet ouvrage a satisfait la bienséance, sans rien faire perdre à la gaieté. ». Il ne dit rien de particulier de la musique, et cite seulement les deux auteurs.]
THEATRE DE L’OPÉRA COMIQUE.
Joconde, opéra comique en trois actes, joué le 28 février 1814.
Ce sujet avoit jadis été traité, et Collé en avoit fait une pièce assez gaie de son Théâtre de Société. Il étoit assez difficile de concilier la gaieté du conte de La Fontaine avec la décence qu'exige notre théâtre.
Dans le conte, tout le tort est du côté des femmes ; dans l'opéra, il est tout entier aux hommes. L'un tend à prouver que toutes les femmes sont trompeuses, infidèles et prêtes à sacrifier le sentiment le plus noble et le plus tendre au caprice le plus bizarre ; l'autre, que le beau sexe ne se sert de son adresse que comme d'une arme défensive contre la perfidie et l'injurieuse méfiance des hommes. Voici la manière dont la pièce est conduite.
Robert est jeune, beau, aimable, et de plus il est prince souverain. Fatigué de ses bonnes fortunes, il est sur le point d'épouser la comtesse Mathilde. Son exemple va être suivi par Joconde, son confident et son ami, qui a reçu de la nature des dons aussi brjllans que le prince. Il soupire pour Elise, beauté vive et mutine ; mais Robert et Joconde ont été si souvent trompeurs qu'ils craignent d'être trompés à leur tour, et ils veulent éprouver leurs maîtresses. Le prince fera la cour à Elise, Joconde osera élever ses vœux jusqu'à Mathilde, et tous deux se feront confidence du succès de leur déclaration. Ce complot est trahi par le chevalier Lysandre, courtisan de Robert, et les deux Dames, offensées de l'injure qu'on leur fait en soupçonnant leur vertu, se vengent parla mystification des imprudens qui osent les mettre à l'épreuve.
Elise feint de ne pouvoir se défendre du penchant qui l'entraîne vers le prince, et lui donne pour gage d'amour une chaîne d'or à laquelle est suspendu un chiffre qu'elle destinoit à Joconde ; le prince triomphe, et se promet de bien se divertir aux dépens du pauvre chevalier : mais que devient-il quand Joconde lui montre une belle écharpe que Mathilde ayoit brodée pour son futur époux, et qu'elle n'a pu refuser aux instances de son nouvel amant. Robert et Joconde, après avoir bien maudi un sexe perfide et volage, cherchent une consolation dans le plaisir de la vengeance. — Il nous faut des victimes, s'écrie Joconde ; et ils partent pour en chercher.... On annonce à la cour que le prince et le chevalier vont faire la guerre aux infidèles.
Ils dirigent leurs pas vers un village où l'on va couronner une rosière. On fait les préparatifs de la fête, et une troupe de Bohémiens et de Bohémiennes viennent dire la bonne aventure aux paysans, et en préparer une mauvaise à nos voyageurs. Lysandre, Mathilde et Elise, déguisés, sont à la tête de la troupe. On fait la leçon à la rosière, qui entend à demi-mot. Nos deux aventuriers, déguisant leur nom et leur rang, cherchent à séduire la rosière qui les joue l'un et l'autre. Les voilà dupes d'une petite villageoise. Ils savent qu'en amour les cadeaux sont un bon moyen de succès ; le prince offre sa brillante écharpe, Joconde sa chaîue d'or et le riche médaillon. Pressée de déclarer celui qu'elle préfère, la rosière répond : « Il le saura ce soir, » et leur assigne un rendez-vous. La nuit vient, et la friponne arrive avec son amant. Joconde et le prince sont placés chacun à côté d'un arbre aux deux extrémités de la scène. Le milieu est occupé par la rosière et son amant ; elle lui fait de tendres protestations ; il y répond par de douces caresses, et chacun des témoins croit que son compagnon est heureux, et attend son tour en enrageant. Enfin ils entendent appliquer un vigoureux baiser ; ils n'y tiennent plus ; mais nos deux amans sont déja bien loin. — Parbleu, dit le prince à Joconde, vous êtes un rude causeur. — Il s'ensuit une explication interrompue par l'arrivée du bailli et des villageois, dont les uns portent des armes et les autres des torches ; c'est encore un effet des bons offices des Bohémiennes. Nos aventuriers sont arrêtés comme vagabonds, et renfermés jusqu'au lendemain. Le bailli les accuse de se servir du nom respecté du comte Robert, qui se garderait bien de porter ainsi le trouble et la séduction dans les familles. Leur affaire va mal, et, pour comble d'humiliation, ils entendent la petite rosière rire aux éclats, avec son amant, du joli rôle qu'ils ont joué dans le rendez-vous nocturne. C'est ainsi qu'ils apprennent la cause de leur mutuelle erreur.
On annonce l'arrivée de la comtesse Mathilde, qui vient avec toute la cour assister à la fête : nouvel embarras pour Joconde et Robert. Leurs amantes leur demandent si ils ont été faits prisonniers par les infidèles, et leur reprochent un départ précipité qui les a empêchées de leur offrir des gages d'amour ; et l'écharpe et le médaillon reparoissent encore après avoir passé dans bien des mains, et il faut que le prince couronne la rosière. Nos deux chevaliers, bernés, et repentans, sont trop heureux qu'on veuille d'eux pour époux.
Cet ouvrage a satisfait la bienséance, sans rien faire perdre à la gaieté. La pièce, amusante d'un bout à l'autre, offre plusieurs scènes très-agréables. Le poème est de M. Etienne. La musique est un des bons ouvrages de M. Nicolo.
Joconde, ou les Coureurs d’aventure a connu une longue carrière à l’Opéra-Comique : il a été repris en 1857, dans une version révisée par la fille du compositeur (Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 293)
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