Le Jugement de Daniel, ou l'Innocence de Suzanne, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, de Vallée, musique de Taix, ballets de Hus le jeune, mise en scène de Ribié, 20 fructidor an 13 [7 septembre 1805].
Théâtre de la Gaîté.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1805 :
Le Jugement de Daniel, ou l'Innocence de Suzanne, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, Orné de Pantomime, Danses, Combats, etc. Par M. Vallée, Membre de l'Athénée des Arts et de la Société académique des Sciences ; Musique de M. Taix ; Ballets de M. Hus, le jeune ; Mise en scène de M. Ribié. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 20 Fructidor an 13 (7 septembre 1805).
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
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ACTEURS.
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SUZANNE.
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Mlle. Planté.
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JOACHIM, son époux, commandant les armes d'Israël.
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M. Marty.
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JOAS, enfant de 5 ans, fils de Joachim et de Suzanne.
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La petite Elisa.
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DANIEL, jeune homme de 12 ans, élevé chez Joachim.
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Mlle. Louise Rivière.
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ACARON, vieillard, juge du peuple.
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M. Rivière.
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BARSABAS, vieillard, juge du peuple.
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M. Ribié.
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ENOCH, intendant de la maison de Joachim.
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M. Genest.
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ANATHALIE, suivante de Suzanne.
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Mlle. Désarnauld.
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Un Officier de l'Armée.
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M. Camel.
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Un Juge du Peuple
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M. Révalard.
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Officiers et Soldats de l'Armée.
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Prisonniers.
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Jeunes Amalécites.
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Juges.
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Peuple.
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Femmes de Suzanne.
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La scène est dans le palais de Joachim, à Jérusalem.
Le décor de l'acte 1 représente le palais de Joachim. Celui de l'acte 2 « représente un des bosquets de Suzanne ; dans le fonds, on apperçoit un rideau, qui ferme l'enceinte où sont les bains ». A l'acte 3, « le Théâtre représente une place publique, au fond, est placé [sic] une estrade ou doivent se placer les Juges, des barrieres ferment l'enceinte ou doit se mettre le peuple ».
Courrier des spectacles, n° 3150 du 22 fructidor an 13 [9 septembre 1805], p. 2 :
[Le compte rendu commence par montrer la nécessité d'une pièce consacrée à Suzanne, après la série de pièces consacrées à d'autres héros bibliques. Son histoire est « un beau sujet de mélodrame ». Suzanne a déjà été l'héroïne d'un vaudeville, mais au vaudeville seul compte « le côté plaisant » de l'histoire de Suzanne. Ici, l'auteur du mélodrame a pu insérer dans l'intrigue « des situations grotesques, et peindre un duo de vieillards aux tempéraments opposés. « L'auteur a usé du privilège d'inventer ». Suit le traditionnel résumé de l'intrigue, qui fait de Suzanne l'épouse du commandant de l'armée d'Israël, « occupé à repousser les ennemis. Les deux vieillards nt l'intention de profiter de son absence pour séduire Suzanne. Surprise alors qu'elle est seule pour ses ablutions, elle alerte la foule. Lorsque Joachim revient de la guerre, il décide de juger son épouse qu'il croit coupable. la scène du tribunal oppose les vieillards, l'un menteur éhonté, l'autre inquiet des mensonges de son complice, mais Suzanne n'arrive p sà convaincre de son innocence, et elle est condamnée à mort. C'est là qu'intervient Daniel, qui propose d'interroger de façon séparée les deux vieillards. Ils sont confondus par les divergences concernant le lieu où elle aurait été surprise en galante compagnie, son innocence est évidente, et ce sont « les deux juges coupables « qui « sont conduits au supplice. Le jugement porté sur la pièce est positif : la pièce est « très bien monté[e] », avec des combats et des ballets parfaits (acte 1), un décor remarquable à l'acte 2, un spectacle plein de solennité à lacte 3. Il ne reste plus qu'à nommer les auteurs.]
Thatre [sic] de la Gaité.
Daniel, ou l'Innocence de Susanne.
Susanne est la Lucrèce de l’Histoire Sainte ; son histoire est moins tragique que celle de la chaste Romaine ; sa résistance fut plus heureuse ; mais elle n’avoit à faire qu’à des viellards ; Lucrèce avoit à se défendre contre un prince jeune et entreprenant. Après Esther, Saül et David, il convenoit de nous montrer Susanne, et le Jugement de Salomon rappeloit naturellement celui du jeune Daniel. C’est un beau sujet de mélodrame que cet épisode de l’Histoire juive.
Une femme exposée à la fureur du peuple et à la vengeance des loix par deux coupables vieillards, défendue par un enfant inspiré un Ciel, et rendue à son époux et à son fils, que peut on demander de plus intéressant, et quel fait est plus susceptible de toute la pompe théâtrale ? Le vaudeville s’en est déjà emparé, mais le vaudeville est un enfant malin qui ne prend des objets que le côte plaisant. L’auteur du nouveau mélodrame a voulu faire mieux ; il a entremêlé à la pompe solemnelle de ce jugement des situations grotesques ; et pour éviter la monotonie en peignant ses deux juges, il a fait l’un méchant et barbare par calcul, et l’autre une espèce de Cassandre aussi burlesque dans ses amours que ridicule dans ses terreurs. Tout le monde connoit le fonds de cet épisode. L’auteur a usé du privilège d’inventer ; voici de quelle manière il l’a traité :
Susanne, tendre et vertueuse mère, se console par les soins qu’elle donne à son fils de l’absence de son époux Joachim, occupé à repousser les ennemis d’Israël. Deux vieillards, Barzabas et Acaron,. juges du peuple, voudroient profiter de l’absence du mari pour séduire la femme, mais ils attendent de concert un moment favorable. Après une fête très-brillante que le peuple a célébrée en réjouissance d’une victoire remportée par Joachim, Susanne se rend au lieu des ablutions, et tandis qu’elle est seule, les deux vieillards viennent 1’y surprendre. Susanne pénètre leurs coupables desseins, les repousse vigoureusement, et appelle ses femmes et le peuple à son secours ; les deux vieillards surpris essaient de se tirer d’affaire en accusant la Princesse d’avoir un commerce illicite avec un amant.
Joachim arrive alors ; on peut juger s’il entend avec plaisir l’accusation ; il croit son épouse coupable, et bientôt tout le peuple assemblé à la voix de ses juges, se rassemble dans l’enceinte destinée aux jugemens. Acaron se constitue accusateur, et descend aux pieds du tribunal, avec Barzabas qui meurt de peur et qui ouvre de grands yeux à chaque mensonge que profère son camarade ; Susanne se défend avec fermeté ; mais rien ne détruisant l’accusation, elle est condamnée à mort. Arrêtez, s’écrie à l’instant une voix au milieu du peuple, arrêtez, cette femme est innocente. C’est Daniel qui prend la defense de Suzanne.
Daniel est inspiré de Dieu, ses accens rappellent les juges, qui le font monter près d’eux. Alors d’une voix forte il interroge les deux vieillards l’un après l’autre ; il leur demande sous quel arbre ils ont vu l’adultère ; l’un répond sous un palmier, et l’autre sous un figuier. Cette contradiction et les aveux de Barsabas démontrent l’innocence de Susanne, et les deux juges coupables sont conduits au supplice.
Ce mélodrame est très-bien monté. Les réjouissances du premier acte offrent des combats exécutés avec une adresse et une précision extraordinaires par dix ou douze Israélites, et des ballets qui ne laissent rien à désirer pour la fraicheur et la variété. Le second acte est remarquable par une décoration très-brillante. La solemnité du jugement et la pompe du spectacle font le mérite du troisième. Les auteurs sont MM. Vallée pour les paroles, Taix pour la musique, et Hus pour les ballets.
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