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Lisidore et Monrose

Lisidore et Monrose, opéra français en trois actes, paroles de Monnet, musique de Scio, 26 avril 1792.

Théâtre de la rue Feydeau.

Titre :

Lisidore et Monrose

Genre

opéra français

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

 

Musique :

oui

Date de création :

26 avril 1792

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

M. Monnet

Compositeur(s) :

M. Scio

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le Citoyen Cailleau, l'an second de la République Française :

Lisidore et Monrose, drame héroï-lyrique, en prose et en trois actes. Représenéte, pour nla prmeière fois, à Paris, sur le Théâtre de la rue Feydeau, le Jeudi 26 Zvril 1792. Paroles de Monnet, Musique de Scio.

Liste des personnages :

PERSONNAGES.

ACTEURS.

 

Les Citoyens

LISIDORE, épouse de Monrose.

Mme. Scio.

MONROSE, Chevalier des Croisades.

Gaveaux.

Le Comte RIGOBERTn sire de Bretagne.

Chateaufor.

YSEUL, fils de Lisidore et de Monrose, âgé de huit ans.

Mlle. Verteuil.

GREGOIRE, ancien domestique de Monrose, Jardinier chez le Comte Rigobert.

Valliere.

NICETTE, jeune personne attachée à Lisidore.

Mlle. Parisot.

GEFARD, Ecuyer du Comte.

Vassaux du Comte.

Piqueurs.

Gardes

Choeurs.

Les Costumes sont ceux du temps de Saint-Louis. La Scène est en Bretagne, chez le Comte Rigobert.

Le décor :

Le Théâtre représente dans le fond un Château-fort, dont une entrée fait face au parterre ; au dessus est une croisée à balcon : une galerie tenant à une tour placée du côté droit des spectateurs, est jointe au château, par le rapport de deux ponts-levis ; l'entrée de la tour fait également face au public. Un fossé régne de la tour au château, & le dessous du pont laisse voir un lointain d'architecture gothique : les coulisses du côté gauche représentent des arbres, celles du côté opposé sont, remparts tenant à la tour, & arbres sur le devant. Un poteau, portant les armoiries du. Comte Rigobert, est place du côté droit, au niveau de la première coulisse; un banc de pierre est appuyé contre.

Mercure universel, tome 14, n° 425 du samedi 28 avril 1792, p. 447 :

[Un nouvel opéra à succès, qui renvoie à l'époque « gothique » de la chevalerie médiévale. On sent chez le critique une forte volonté de déprécier « ces petits tyrans, despotes dans leur souveraineté ». L'essentiel de l'article est consacré au résumé de l'intrigue, acte par acte, en insistant sur le caractère odieux de l'époque : répétition du mot tyran, dénonciation du « joug honteux de la féodalité », triomphe des humbles cotre les puissants. Les autres points indispensables dans un compte rendu d'opéra ne sont pas oubliés : relevé des « réminiscences », signes d'un manque flagrant d'originalité, éloge d'une musique « tout à la fois mâle, expressive, douce et mélodieuse » (il s'agit donc bien d'une musique de théâtre). Deux morceaux sont mis en avant. Les auteurs ont été nommés et ont paru. Une actrice est félicitée, elle a onze ans (encore un enfant prodige, que l'époque aime beaucoup). Et le critique ne peut s'empêcher de citer un couplet qui peut nous sembler misogyne.]

Theatre de la rue Feydeau.

L'opéra en trois actes, donné jeudi sous le titre de Lisidore et Monrose, a obtenu du succès.

C'est encore un sujet de chevalerie puisé dans le temps gothique des seigneurs et des vassaux. Châteaux, pont-levis, gardes et chatelains, vexations, injustices, violences, telles étoient la demeure et les plaisirs de ces petits tyrans, despotes dans leur souveraineté.

Monrose, vaillant chevalier, étant parti pour la guerre, a laissé une épouse chérie, nommée Lisidore, et un gage précieux de leur tendre amour. Pendant son absence, Rigobert, seigneur du pays, est devenu éperduement amoureux de Lisidore, il l’enferme pour la punir de sa fidélité envers Monrose ; ce dernier arrive, il se donne pour écuyer de Monrose ; mais le tyran le surprend ; à l’instant où il apperçoit son épouse, son trouble le rend suspect ; il le fait enfermer.

Au second acte, Lisidore demande une entrevue avec le prétendu écuyer ; refus de Rigobert, qui cède ensuite, à condition qu’il sera présent à l’entretien : d’un autre côté, il ordonne à Monrose de déclarer à Lisidore que son époux est mort ; entretien des deux époux ; scène muette du tyran, qui impatienté, les sépare, fait enfermer Monrose, et veut forcer Lisidore à recevoir sa main.

Au troisième acte, Grégoire, jardinier attaché de Monrose, fait armer tous ses amis qui, las des vexations de Rigobert, ont résolu de se soustraire au joug honteux de la féodalité. Combat des paysans avec les troupes du tyran ; Monrose a sauvé son épouse, mais Rigobert tient le fer levé sur la tète de leur fils ; effroi des parens ; à l'instant de frapper, Grégoire surprend Rigobert, le désarme, rend à des époux réunis leur fils chéri, et le tyran n’a plus en partage que les remords et le désespoir.

Cet opéra offre, comme l’on voit, beaucoup de réminiscences et des scènes accrochées à Lodoïska, joué au même théâtre, à Agnès et Olivier, joué aux Italiens, etc.

La musique est à tout à la fois mâle, expressive, douce et mélodieuse. On a fort applaudi au second acte une ariette chantée par madame Scio qui jouoit Lisidore, ainsi que la finale du même acte. On a demandé les auteurs; c’est M. Monney pour le poëme, M. Scio pour la musique : ils ont paru. Le public a applaudi mademoiselle Verteuil, âgée de onze ans, qui jouoit le rôle d’enfant : elle annonce des dispositions.

Nous ne terminerons pas cet article sans rapporter le couplet de la fin, chanté par M. Valliere :

« Messieurs, retenez cet avis,
» Pour avoir un bonheur durable.
» Qui possède une femme aimable,
» Ne doit pas quitter son logis».

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 7 (juillet 1792), p. 324-326 :

[Le compte rendu insiste d’abord sur l’absence d’originalité du sujet : inspiré d’une nouvelle, il a déjà été traité, et la pièce ressemble à trop d'œuvres antérieures pour ne pas être « foible du côté du plan ». Mais elle vaut cependant par « de l'intérêt & des tableaux déchirans, surtout ceux du dernier acte ». Pour la musique, due à un débutant (époux d’une actrice du théâtre), elle « offre de la verve, & beaucoup plus de connoissances de l'harmonie que de la mélodie » (est-ce un compliment ?). Comme pour l’auteur du livret, la jeunesse du compositeur mérite des encouragements. Jugement positif de l’interprétation.]

Le jeudi 26 avril, on a donné la premiere représentation de Lisidore & Monrose opéra françois en trois actes, paroles de M. Monnet, musique de M. Scio.

Les nouvelles de M. d'Arnaud ont déja enrichi la scene de plusieurs productions estimables : c'est encore cette mine intarissable qui a fourni les principales données de Lisidore & Monrose : c'est le commencement de l'histoire de Raoul sire de Créqui. M. Monvel l'a prise, dans son opéra du théatre italien, au moment où Raoul est enfermé dans une tour obscure. L'auteur de Lisidore & Monrose l'a traitée dès le retour de Raoul de la Palestine. C'est absolument le même sujet ; le dénouement & les noms seuls sont changés. Monrose arrive des croisades, où il a accompagné S. Louis. Il apprend qu'un comte Rigobert a enlevé sa femme & son fils. Raoul se met seul en route, pour aller à la recherche de cette chere famille. Près d'un château antique, il rencontre Grégoire, un de ses anciens serviteurs. Ce fidele domestique le reconnoît, lui apprend qu'il est jardinier du comte Rigobert, dont on apperçoit le chateau, & que Lisidore & son fils y sont enfermés. Monrose, ne pouvant pénétrer dans la forteresse que sous un déguisement, adopte celui d'un pauvre, & se met à chanter une romance, dans laquelle il détaille les malheurs du chevalier Monrose & de sa tendre moitié. Lisidore & son fils paroissent sur une galerie. Lisidor[e] descend, reconnoît son époux : mais au même moment Rigobert paroît avec ses soldats, & fait arrêter le prétendu pauvre qui se donne pour un écuyer de Monrose. Rigobert a fait accroire à Lisidore que son époux est mort : il force Monrose lui-même, qu'il prend pour l'écuyer de ce jeune chevalier, à persuader cette fausse nouvelle à Lisidore, qui n'en croit rien, puisqu'elle l'a sous les yeux. Cependant Grégoire a fait assembler les vasseaux [sic] du comte, qui sont mécontens de sa domination. Monrose se met à leur tête ; il attaque les soldats de Rigobert, & trouve le moyen d'enlever son épouse : mais Rigobert paroît d'un autre côté, tenant dans ses bras le jeune fils de Monrose, & se préparant à le poignarder. Grégoire lui arrache encore cette tendre victime, & le tyran est confondu.

Telles sont les principales situations de cet ouvrage foible du côté du plan, attendu qu'il ressemble à Richard-cœur-de-lion, aux deux Lodoïska, & pour bien dire à tout ; mais c'est le défaut des ouvrages de ce genre ; il y a néanmoins de l'intérêt & des tableaux déchirans, surtout ceux du dernier acte. C'est, d'ailleurs, le début, dans ce genre , d'un jeune homme qui annonce des talens, M. Monnet, à qui l'on doit, aux ci-devant Variétés, la jolie comédie de l'Inconséquente ou le Fat dupé. La musique, qui est de M. Scio, époux d'une actrice de ce théatre; offre de la verve, & beaucoup plus de connoissances de l'harmonie que de la mélodie ; mais il y a des morceaux estimables, & en général, une facture qui peut créer de meilleurs ouvrages encore, si ce jeune compositeur veut se modérer, & songer plus aux effets dramatiques qu'à son orchestre : c'est aussi son début ; & le public, qui l'a beaucoup encouragé, a demandé les auteurs, qui se sont présentés tous deux. Mme. Scio a joué & chanté le rôle de Lisidore avec un talent qui lui fera bientôt une haute réputation: M. Vallière a mis beaucoup de jeu & de sensibilité dans le rôle de Grégoire ; & les autres rôles ont été bien rendus par MM. Gaveaux & Châteaufort. Mlle. Verteuil, fille d'une très-bonne actrice de ce théatre, a montré, dans le rôle de Fanfan (nom mal choisi du fils de Monrose) beaucoup d'intelligence & de dispositions.

L'Inconséquente ou le Fat dupé est une comédie en un acte et en prose de Monnet, jouée sur le Théâtre du Palais-Royal le 20 août 1787.

César : 13 représentations du 26 avril 1792 au 13 février 1793.]

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