La Petite intrigue épistolaire, ou le Triomphe des femmes, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, de Pain, 14 décembre 1814.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Petite intrigue épistolaire (la), ou le Triomphe des femmes
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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14 décembre 1814
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Joseph Pain
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La Quotidienne, n° 198 du 15 décembre 1814, p. 4 :
[L’article de la Quotidienne commence par rappeler qu’avant la Petite intrigue épistolaire, il y a eu la grande Intrigue épistolaire, de Fabre d’Eglantine, dont l’auteur de l’article pense apparemment le plus grand mal (juste un peu moins que Laharpe, qui en a fait une critique assassine), et avec laquelle de toute façon la pièce nouvelle n’a rien à voir en dehors de son titre. La suite du compte rendu résume l’intrigue de la pièce nouvelle avant de conclure par un jugement qui s’ouvre par des appréciations mitigées (« première donnée [...] assez dramatique », « manque de gaieté », « écoutée avec bienveillance »), puis donne une image du « violent orage de sifflets » qui a accompagné la fin de la représentation, empêchant que l’auteur ne soit nommé. Il rapporte ensuite ce qu’il appelle des « bruits de coulisses » : il y aurait eu « une cabale dirigée contre la première actrice de ce théâtre », cabale dont il ne donne pas les raisons, mais « dont on était instruit d'avance ».]
THEATRE DU VAUDEVILLE.
Première représentation de la Petite Intrigue épistolaire, ou le Triomphe des Femmes, comédie - vaudeville en un acte.
Un auteur comique qui, malheureusement pour sa gloire, a figuré dans la grande tragédie révolutionnaire, Fabre d'Eglantine, a fait une Intrigue Epistolaire que Laharpe traite avec une aigreur qui ressemble beaucoup plus à la haine et à la vengeance, qu'à la critique littéraire. Il est difficile sans doute de lire un ouvrage plus mal écrit que l'Intrigue Epistolaire, mais la représentation en est fort agréable. Les événements y sont rassemblés sinon d'une manière très naturelle, au moins très divertissante, et l'on se rappelle encore la verve originale avec laquelle Dugazon jouait le rôle si plaisant de M. Fougères. La pièce représentée ce soir sur le théâtre du Vaudeville, n'a de rapport que par le titre avec l'ouvrage de Fabre d'Eglantine. Merville, homme à la mode, néglige un peu sa femme, et s'occupe beaucoup de celles de ses amis. Madame de Merville, par le conseil de Madame Dervieux, sa cousine, va voir Madame de Mæuris, jeune veuve courtisée par Merville, et la prévient que celui-ci est marié. Madame de Mæuris lui répond avec une délicatesse peu commune :
Si c’était un amant, peut-être
Voudrais-je l’emporter sur vous ;
Mais que faire d’un charmant traître
Qui s’avise d’être un époux ?
Reprenez votre bien Madame,
Je le rends...... sans indemnité :
J’ai juré, dans le fond de l’ame,
Respect à la propriété.
La scène se passe chez Madame de Merville. Madame de Mæuris, qui lui a rendu sa visite, se ligue avec elle et avec Madame Dervieux pour se venger des infidélités de leurs maris et de M. Deligny, amant aimé de la jeune veuve. Des déclarations écrites de la main de ces Messieurs, et qui tombent entre les mains de ces dames, servent à la mystification des petits séducteurs, et au Triomphe des Femmes.
Cette petite pièce, dont la première donnée est assez dramatique, mais qui manque de gaieté, a d'abord été écoutée avec bienveillance ; mais à la dernière scène un violent orage de sifflets a tout à coup éclaté dans le parterre, et l'auteur n'a point été nommé. On assure qu'une cabale dirigée contre la première actrice de ce théâtre, et dont on était instruit d'avance, a beaucoup contribué à l'espèce de chute que cet ouvrage a éprouvée. Je répète ces bruits de coulisses sans les garantir. D. C. y.
Le Nain jaune, ou Journal des arts, des sciences et de la littérature, volume XIX, n° 338 (20 décembre 1814) p. XXXIX :
[« Une pièce de salon » (une pièce où on ne quitte pas le salon, qui se réduit à des discussions, et donc « une pièce ennuyeuse »). L’auteur est accessoirement accusé de ne pas savoir de quoi il parle. L’action est « entortillée », et ne contient que « deux jolies scènes au milieu de tout ce fatras ». mais ces deux scènes ne sont que des emprunts à une pièce de Marsolier, la Confiance trahie, qui les avait empruntée à une pièce anglaise. L’auteur a juste fourni « un dialogue trivial, quelques plaisanteries rebattues sur les maris, et une foule de couplets plus prétentieux que spirituels ». La pièce est tombée à cause d’une cabale, mais ce n’était pas nécessaire pour la faire échouer. Les actrices sont ensuite jugées, négativement (et assez méchamment) pour les deux premières, positivement pour la troisième. Les deux titres cités à la fin de l’article ont pour auteur Joseph Pain.]
La petite Intrigue épistolaire est ce qu'on est convenu d'appeler une pièce de salon, ce qui veut dire une pièce ennuyeuse. C'est une intrigue de boudoir, conduite par un homme qui semble n'y être jamais entré. L'action de cet ouvrage est entortillée, elle est conduite avec une difficulté et un embarras fatigant. Il y a deux jolies scènes au milieu de tout ce fatras, mais il faut tout dire, elles n'appartiennent pas à l'auteur; il les a empruntées à une ancienne pièce de M. Marsolier, intitulée la Confiance trahie, qui lui-même les avait prises dans une comédie anglaise, traduite par Madame Riccoboni, qui a pour titre : La façon de la fixer. Ce qui appartient à l'auteur, c'est un dialogue trivial, quelques plaisanteries rebattues sur les maris, et une foule de couplets plus prétentieux que spirituels. La pièce n'a pas eu de succès et ne devait pas en avoir; mais elle est tombée par suite d'une cabale qui était fort inutile. Elle a été froidement jouée, même par madame Hervey, qui joue presque toujours bien. Cette actrice, dont la nature n'a fait qu'une bonne comédienne, a la prétention d'être une mauvaise chanteuse, elle veut essayer de briller dans des airs difficiles quand elle a tout juste la voix qu'il faut pour fredonner un vaudeville. Mademoiselle Rivière soigne beaucoup plus sa toilette que ses rôles. Quant à Mademoiselle Desmares, elle est, depuis quinze ans, une bonne ingénuité. L'auteur n'a pas été demandé. S'il faut en juger par les pièces qu'on donnait le même jour, Florian, et Amour et mystère, c'est un homme d'esprit qui s'est trompé.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome VI, p. 396.
[Le compte rendu s’ouvre sur un long résumé d’une intrigue compliquée, mettant en action trois hommes et deux femmes dans un jeu de séductions vraies ou simulées. Le critique finit par avouer qu’il était difficile de « comprendre la pièce, et [d’]en suivre la marche ». Il isole deux situations dont il souligne qu’elles sont, l’une « d’un excellent comique », l’autre « une scène qui appartient à la bonne comédie ». Mais c’est ruse de la part du critique qui affirme que la pièce n’est que « l’extrait d’une comédie angloise en cinq actes » (un extrait, c’est un résumé, et le mot est employé dans ce sens dans des critiques) : cela explique l’obscurité de l’intrigue (cinq actes réduits à un) et le style, qui sent la traduction : il a « une teinte étrangère ». Ce qui explique l’échec de la pièce, dont on n’a pas demandé l’auteur.]
La petite Intrigue épistolaire, ou le Triomphe des Femmes, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, jouée le 14 Décembre.
M. de Merville, époux d'Eugénie, néglige sa femme, quoiqu'elle soit jeune et jolie. Il a été présenté, sous le nom du comte de Valborne, chez Madame de Mœuris, jeune veuve, qui, le croyant libre,:a accueilli ses hommages. Eugénie a découvert l'intrigue : elle a été trouver Madame de Mœuris qui ne fait aucune difficulté de rendre Merville sans indemnité, parce qu’elle a juré, dans l'ame, respect à la propriété.. De son côté, Madame de Mœuris a beaucoup à se plaindre de son infidèle amant, nommé Déligny, qui a fait une déclaration d'amour par écrit, à Eugénie.
Merville ne se borne pas à être volage ; il donne des conseils qui tendent à compromettre l'autorité des femmes. C'est lui qui a mis dans la tête de M. Dervieux, époux fort débonnaire, de devenir maître chez lui ; mais Madame Dervieux qui connoît le foible de son mari, ne doute pas qu'il ne finisse par lui demander pardon. Cependant elle se ligue avec Mesdames de Merville et de Mœuris, pour venger l’honneur du corps, et punir ces Messieurs.
Merville, mécontent de la froideur avec laquelle Madame de Mœuris vient de le recevoir, veut mettre à profit la désunion qui règne entre Dervieux et sa femme, pour séduire l'épouse. Dervieux s'efforce en vain de secouer le joug conjugal ; sentant qu'il ne peut avec succès faire le petit tyran domestique, il a écrit à sa femme pour protester de sa soumission et de son obéissance ; et il charge Merville de remettre sa lettre, sur laquelle ce dernier écrit l'adresse. Notre séducteur substitue à cette lettre celle qu'il a écrite lui-même, et qui contient une tendre déclaration d'amour. L'épître est fort mal reçue : Madame Dervieux la déchire. Dervieux, qui croit que c'est sa lettre, est furieux, et refuse même d'entendre sa femme, qui veut lui faire connoître toute la duplicité de Merville ; il déclare que ce n'étoit qu'une épreuve, et que Merville n'a agi ainsi que pour l'obliger.
Merville, qui a trouvé une lettre de Déligny à Eugénie, et qui le surprend aux genoux de sa femme, prétend tirer vengeance de l'injure qu'il croit avoir reçue ; c'est, dit-il, une action infâme de la part d'un ami ; mais Dervieux a aussi trouvé les morceaux de la lettre que Merville a écrite à sa femme, et il la remet à Déligny qui prend sa revanche. L'arrivée de Madame de Mœuris met le comble à la confusion de Merville, qui reconnoît qu'on l'a attrapé, et qui joue le rôle du Trompeur trompé. Les trois coupables, dévoilés et confondus, implorent à genoux leur pardon, et finissent par l'obtenir.
La scène où Dervieux observe la contenance de sa femme pendant qu'elle lit la lettre qu'il croit la sienne, et à laquelle Merville a substitué une déclaration d'amour, est d'un excellent comique ; la désolation du mari, en voyant qu'on déchire l'épître, a paru très»plaisante. La colère de ce même Dervieux contre sa femme, qu'il refuse d'écouter, quand elle veut le détromper sur le compte de son faux ami Merville, offre encore une scène qui appartient à la bonne comédie.
Il est malheureux que ce soit précisément là ce qui n'appartient pas à l'auteur. Sa pièce, en un acte, est l'extrait d'une comédie angloise en cinq actes de Murphy, intitulée la Façon de le fixer. L'auteur du vaudeville s'est servi, tout bonnement, de la traduction imprimée du Théâtre anglois, en deux volumes. On conçoit qu'une intrigue, développée en cinq actes, peut manquer de clarté, réduite en un petit acte. C'est ce qui est arrivé. On a eu peine à comprendre la pièce, et à en suivre la marche. Le style s'est ressenti de la traduction ; il avoit une teinte étrangère : au total, la pièce n'a pas réussi. On n'a pas demandé l'auteur.
L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1814, tome XII (décembre 1814), p. 297-298 :
[Inutile de commenter une pièce qui n'est « qu'un froid extrait d'une comédie anglaise en 5 actes ». Le critique se contente d’une petite notice bibliographique.]
14 Décembre. La Petite Intrigue Epistolaire, ou le Triomphe des Femmes, comédie en un acte, mêlée de vaudeville , Par........
Cette pièce n'est qu'un froid extrait d'une comédie anglaise en 5 actes, de Murphy, intitulé la façon de le fixer, dont la traduction est imprimée dans un ouvrage ayant pour titre Théâtre Anglais, deux vol. in-12.
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