Le Premier homme, ou la Création du sommeil, vaudeville en un acte, de P.-A. Vieillard et anonyme(s), parodie de la Création, oratorio de Haydn, 9 nivôse an 9 [30 décembre 1800].
Théâtre Favart.
Joseph Goizet fait d'Antoine Année le coauteur du Premier homme, ou la Création du sommeil (Dictionnaire universel du Théâtre en France, deuxième partie, p. 53).
La première de la pièce est annoncée ainsi le 9 nivôse dans le Courrier des spectacles : « Aujourd., la première représ. du Premier Homme du monde, ou la Création du sommeil, folie vaudeville en 1 acte ».
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Titre :
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Premier homme (le), ou la Création du sommeil
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Genre
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parodie en vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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9 nivôse an 9 [30 décembre 1800]
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Théâtre :
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Théâtre Favart
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Auteur(s) des paroles :
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P.-A. Vieillard
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Courrier des spectacles, n° 1404 du 12 nivôse an 9 [2 janvier 1800], p. 2 :
[La première parisienne de l’oratorio de Haydn la Création le 3 nivôse an 9 [24 décembre 1800] sur un livret de Ségutr jeune provoque une série de parodies, gages de son succès. Le Théâtre Favart rivalise avec le Théâtre du Vaudeville (qui donne la Récréation du monde le 10 nivôse an 9 [30 décembre 1800]) avec ce Premier Homme, qui connaît le succès. De l’esprit, des sarcasmes, mais les auteurs ont eu la prudence, ou le bon goût de supprimer « quelques personnalités trop directes » : on peut mettre des allusions personnelles dans une parodie, mais à condition de rester dans les limites des convenances. Le critique donne « un léger apperçu » de la parodie, ce qui permet de constater qu’elle consiste en une arlequinade à l’envers : Arlequin dans le rôle du démon tentateur, Gilles en Adam et Colombine en Ève, et pour une fois Arlequin ne réussit pas à ravir Colombine à Gilles. Les auteurs ont été nommés, mais le critique ne donne qu’un nom, le coauteur restant inconnu (s’il n’y en a qu’un). Les interprètes sont cités avec éloges. Les couplets sont également remarqués, et celui qui est cité donne une dimension politique à la pièce, puisqu’il est à la gloire de Bonaparte, dimension soulignée de façon un peu mystérieuse avant le couplet lui-même).]
Théâtre Favart.
L’Oratorio d’Haydn paroît à peine, que la parodie s’en empare. Déjà le Vaudeville a donné le signal : Favart vient de répondre dignement à cet appel. Rien de plus gaî, rien de plus original, mais aussi rien de plus méchant que le vaudeville intitulé : le Premier Homme, ou la Création du Sommeil, donné le 9, pour la première fois à ce théâtre. Les auteurs, qui y ont prodigué tout ce que l’esprit a de plus délicat, et le sarcasme de plus malin, ont avec raison supprimé, à la seconde représentation, quelques personnalités trop directes.
Nous en donnerons un léger apperçu :
Gilles respire, il est seul et s’ennuie. Arlequin , un serpent à la main, le vient trouver et l’engage à chercher l’objet qui manque à son amusement : c’est la femme. Gilles la voit près d’un arbre ; ils s’approchent l’un de l’autre, mais ils ne savent comment passer le tems. Arlequin leur montre des fruits où il assure que l’esprit est renfermé.
Gilles et Colombine brûlent d’en manger, lorsqu’un écriteau lumineux les arrête, en leur faisant connoître qu’ils auront de tout, excepté de l’esprit. Cependant, afin de déterminer Colombine à cueillir la pomme. Arlequin veut endormir le premier homme. Il cherche le meilleur narcotique ; aucun ne lui paroît plus sûr qu’un Oratorio, sur-tout pour un nigaud tel que Gilles. Il convoque les harmonies infernales, fait venir un chanteur étranger... (ce personnage n’a que trop bien été saisi et reconnu), et exécute devant les deux êtres créés l’Oratorio bruyant qui endort bientôt le pauvre Gilles. Arlequin profite de son sommeil pour faire cueillir la pomme par Colombine.
En ce moment un coup de tonnerre réveille le dormeur qui voyant la pomme entre les mains de la femme, refuse de l’ouvrir, mais enfin se rend à ses larmes. A peine la pomme est-elle entamée qu’il en sort une fumée qui noircit la figure de Gilles. Arlequin se présente, veut souffler la femme à son rival, mais Colombine préfère l’homme noirci par la faute d’autrui à l’homme noirci par sa propre méchanceté.
Les auteurs de cette pièce sont les citoyens Vieillard et ... . Le rôle d’Arlequin est rendu avec grâce et légèreté par le citoyen Bertin. Le citoyen Dozainville est infiniment plaisant dans celui de Gilles ; et mademoiselle Philis ainée a chanté avec bien du goût dans le rôle de Colombine. Tous les couplets en général sont pleins de sel et tournés avec facilité. Mais aucun n’a produit autant d’enthousiasme que le suivant. Déjà les bruits les plus favorables circuloient dans toute la salle ; nous ne devancerons pas ici, en les publiant, l’intention du gouvernement ; mais nous citerons le couplet impromptu auquel ils ont donné lieu :
Air : Trouverez-vous, etc.
Au sein des plus affreux hazards,
Pour nous toujours le Ciel conserve
Le héros favori de Mars
Et digne élève de Minerve.
Le peuple enivré des succès
Sur lesquels son bonheur se fonde
Dans celui qui fera la paix
Voit le premier homme du monde.
F. J. B. P. G**
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1801, tome V, p. 128.-129 :
[Le vaudeville est censé parodier l'oratorio de Haydn la Création. Mais si Adam et Eve sont bien présents dans cet oratorio, il n’y est pas question du péché originel. Il s’agit en fait d’une arlequinade transposant la rivalité d’Arlequin et de Gilles dans la conquête de Colombine. Et il semble bien que ce soit Gilles qui l’emporte, pour une fois. Le jugement final est positif pour les couplets et pour les interprètes masculins.
Le premier Homme, ou la Création du Sommeil,
On a joué, le 9 nivôse, cette jolie parodie de l'Oratorio d'Hayden.
Gilles est seul et s'ennuie. Arlequin, un serpent à la main , lui montre la femme qui pourra le désennuyer ; Gilles la voit près d'un arbre et s'en approche. Ils ne savent comment passer le temps. Arlequin leur montre des fruits où est renfermé l'esprit ; mais un écriteau lumineux leur ordonne de n'en point manger. Arlequin, pour déterminer Colombine, veut endormir Gilles ; il ne trouve pas de plus sûr moyen qu'un Oratorio ; il réussit en effet. A son réveil, Gilles voit la pomme dans les mains de Colombine ; il l'entame, et il en sort une fumée qui lui noircit le visage. Arlequin veut alors souffler la femme à son rival, mais Colombine préfère l'homme noirci par la méchanceté d'un autre, à celui qui l'est par sa propre méchanceté.
Les couplets sont la plupart piquans et bien tournés. La pièce est des CC Viellard, et de quelques anonymes.
Le C. Bertin a joué l'arlequin avec grâce et légèreté. Le C. Dozainville. a été on ne peut plus original dans le rôle de Gilles.
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