Les Rivaux, ou le Prix au mérite, comédie en un acte et en prose, par M. Merville ; 26 janvier 1815.
Théâtre de l'Odéon.
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Titre :
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Rivaux (les), ou le Prix au mérite
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ?
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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26 janvier 1815
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Théâtre :
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Théâtre de l’Odéon
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Auteur(s) des paroles :
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M. Merville
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Almanach des Muses 1816.
Un épais Mondor, espèce de veau doré, un petit charadiste, pincé, musqué, et le redoutable Hector, effroi des amans et des belles, aspirent à la main de Cécile. La petite personne trouve de son goût un certain Edmond, dont la voiture s'est brisée près du château de sa tante. Caquets, prétentions, rivalités. Edmond a déplu aux trois prétendans. Mondor se dit riche ; Fadet bel esprit ; Hector, invincible. Edmond humilie l'un, confond l'autre, désarme le troisième ; et Cécile devient le prix de tant de hauts faits.
Bagatelle agréable, assez gaie. Demi-succès.
Les Rivaux, ou le Prix au mérite a été créé le même jour qu'Amélie, ou l'Héritage mystérieux sur le même théâtre, et le Journal de Paris a rendu compte des deux pièces dans un seul article. Je reproduis ici la partie qui concerne les Rivaux.
Journal de Paris, n° 27, du 27 janvier 1815, p. 3 :
Pour prouver qu'il n'avait pas pris pour unique devise : vivitur ex rapto, M. Merville a donné un petit échantillon de la richesse de son portefeuille et de son imagination. C'est une petite comédie en un acte, intitulée : les Rivaux, ou le Prix au mérite.
M. de Mercourt, âgé de plus de cinquante ans ; Mondor, aussi riche qu'ignorant ; M. Fadel, petit poète ridicule de province, M. Hector, grand tapageur, la terreur du pays, aspirent à la main de Cécile, nièce de Mme Dermont, qui lui enjoint de faire un choix, quoiqu'elle déclare qu'aucun d'eux n'a touché son cœur. Un jeune homme, nommé Edmond, que Cécile a vu dans un voyage, et dont la voiture s'est brisée à quelques pas du château de Mme Dermont, a obtenu la permission de s'y arrêter, et c'était là l'objet de ses vœux ; on l'autorise de plus à s'associer aux prétentions de ses rivaux. Edmond se trouve être le neveu de Mercourt ; il prouve qu'il est plus riche que Mondor ; il a vaincu le bel esprit provincial dans une lutte académique, et il désarme le ferrailleur dans un duel: Quant à Mercourt, il cède ses droits à son neveu qui, en épousant Cécile, obtient le prix dû au mérite.
Si je disais que cette petite bagatelle vaut mieux que le grand ouvrage, je craindrais d'offenser à-la-fois MM. Kotzebue et Merville. J'aime mieux leur présenter à tous deux un calcul consolateur. Deux demi-succès peuvent être comptés pour un succès tout entier.
J'accorde peut-être un peu trop ; si l'on se dispute pour le partage, ce ne sera pas ma faute ; j'en appellerai aux témoins qui, malheureusement pour le bénéficier, n'étaient pas nombreux.
A. Martainville.
La Quotidienne, n° 27 du Vendredi 27 janvier 1815, p. 4 :
Théâtre de l'Odéon.
Je m'élevais dernièrement dans ce journal contre la ridicule manie des représentations à bénéfice, données coup sur coup. Je disais que ces faveurs prodiguées cessaient de devenir utiles ; j'avais raison : je viens d'en avoir la preuve sans replique. On donnait ce soir deux nouveautés, et il n'y avait pas cinq cents francs de recette.
La première pièce, intitulée Amélie, ou l'Héritage mystérieux, est en 4 grands actes : elle a paru ennuyer considérablement le peu de monde qu'il y avait dans la salle ; elle a été sifllée : l'auteur est M. Merville.
La seconde pièce, intitulée les Rivaux, ou le Prix au Mérite, a beaucoup moins ennuyé : elle n'est qu'en un acte ; elle a été sifflée aussi ; l'auteur est encore M. Merville. A. D. C.
La Quotidienne, n° 28 du Samedi 28 janvier 1815, p. 3-4 :
THÉATRE DE L'ODÉON.
Première représentation d'Amélie, ou l'Héritage mystérieux, comédie en 4 actes ; et des Rivaux, ou le Prix au mérite, comédie en un acte.
[Après une analyse peu favorable d'Amélie, ou l'Héritage mystérieux, le critique s'en prend aux Rivaux, guère mieux traités:]
On a joué ensuite les Rivaux, ou le Prix au mérite ; cette petite pièce a paru un peu longue, parce que les scènes manquent de liaison entre elles ; il est pourtant juste de dire qu'on y a trouvé quelques plaisanteries agréables, et quelques mots de scène. On a beaucoup ri lorsqu'un jeune homme, provoqué par un fier-à-bras, qui se nomme Hector, lui dit : De grâce, Monsieur, ne soyez pas si orgueilleux de votre nom : vous vous appelez Hector ; mais si, par hasard, je m'appelais Achille.
Au total, à travers les défauts nombreux qui frappent l’œil le moins exercé, on remarque dans cette bluette des lueurs de talent : on assure que l'auteur a passé plusieurs années en pays étranger ; ne nous étonnons pas si ses productions ont encore un goût de terroir ; elles deviendront meilleures quand il sera resté quelque temps dans la patrie de l'esprit, du goût et des arts. A. D. C.
Journal des débats politiques et littéraires, 29 janvier 1815, p. 4 :
[Deux pièces du même auteur, le même soir, et d’un auteur qui, de plus joue dans ses pièces. Après avoir parlé de la première, jugée avec sévérité, la petite pièce (qui ressemble beaucoup à une pièce antérieure) est rapidement résumée, avant que le critique porte sur elle un jugement plus modéré que sur le drame, une grosse production germanique (ce n’est pas un compliment !).
THEATRE DE L'ODEON.
Premières représentations d'Amélie, ou l’Héritage Mystérieux, drame en quatre actes et en prose ; et des Rivaux, ou le Prix au mérite, comédie en un acte et en prose ; par M. Merville.
Un gros drame bien épais, bien allemand, bien romantique, et une petite comédie bien mince, faisoient les frais de cette soirée, dont M. Merville, en qualité d'auteur, devoit avoir la gloire et dont, en qualité de comédien, il étoit appelé à recueillir les avantages. Les intérêts de l'acteur et de l’écrivain ont été servis à peu près dans la même proportion, et son trésor n'a pas dû être plus enflé que sa vanité, du résultat de cette représentation.
[...]
Les Rivaux ne sont au fond que les Prétendus de Rochon de Chabannes. Un financier, un poëte et un fier à bras, se disputent la main de Cécile ; mais Cécile leur préfère en secret le chevalier de Mercour : celui-ci bat le spadassin, triomphe aux Jeux Fioraux du faiseur de vers, et, par ]a générosité d'un de ses oncles se trouve trois fois plus riche que l’homme. de finance. Avec tant d'avantages, il n'a pas de peine à déterminer en sa faveur une préférence que l'amour lui a d'avance assurée dans le cœur de Cécile.
Le petit acte de M. Merville sans être pompeux, vaut cependant mieux que le drame d’outre-Rhin : il seroit à desirer qu’il y eut, dans la république des lettres, des douaniers vigilans, chargés, non pas d'assujetir à aucun droit les productions germaniques, mais d'en empêcher sévèrement l’importation. C.
Journal des dames et des modes, (dix-neuvième année), n° 6 (31 Janvier 1815), p. 43 :
L'Odéon vient de donner le même jour un drame bien long, traduit de l'allemand, sous le titre d'Amélie ou l'Héritage mystérieux, et une petite comédie intitulée : Les Rivaux ou Le prix au mérite.
Le premier de ces ouvrages a faiblement réussi et le second a été accueilli avec indulgence. Il n'y avoit presque personne à la première représentation de ces deux pièces, et il est probable qu'il n'y aura pas foule aux représentations suivantes. L'Odéon qui accorde si généreusement tant de bénéfices en auroit grand besoin pour lui-même.
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