La Sorcière, parodie en un acte de Médée, opéra de Hoffmann, musique de Chérubini), de Sewrin, 7 germinal an 5 [27 mars 1797].
Théâtre de la Cité.
A ne pas confondre avec le vaudeville de Ravrio de 1799.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, au théâtre, 1797 :
La Sorcière, parodie en un acte et en vaudevilles de Médée. Par B. Sewrin. Représentée pour la première fois à Paris, sur le Théâtre de la Cité-Variétés, le 27 mars 1797, (vieux style), 7 Germinal de l'an V.
L'on peut rendre hommage aux talents
Sans exclure la parodie.
Bébée, Scène dernière.
Ces fortes paroles sont les derniers mots de la pièce.
Courrier des spectacles, n° 81 du 8 germinal an 5 [28 mars 1797], p. 3 :
[Le même numéro du Courrier des spectacles donne le compte rendu de deux parodies de Médée, Bebée et Jargon au Théâtre Montansier, dont il ne donne pas l'auteur, et la Sorcière de Sewrin, la plus réussie des deux. Elle a toutes les qualités d'une parodie, « des saillies assez piquantes ; une satyre quelquefois fine et mordante », tout en dépassant un peu les limites à respecter (en particulier, pour quoi changer les très jeunes enfants de l'opéra en adultes ?). Le résumé de l'intrigue permet de suivre pas à pas la légende de Médée et Jason, aussi bien respectée dans l'opéra que dans la parodie.]
Théâtre de la Cité.
On s'attendoit bien qu’une pièce telle que Médée, ne pouvoit manquer d’être parodiée ; aussi le théâtre de la Cité vient-il d’offrir au public la Sorcière, parodie en un acte. Elle a eu assez de succès ; on a demandé l’auteur, c’est M. Séwrin, auteur de quelques autres ouvrages au théâtre de la Cité. La parodie de Médée a généralement bien suivi le plan de l’opéra ; il y a des saillies assez piquantes ; une satyre quelquefois fine et mordante ; mais il y a aussi des endroits trop forcés, entr’autres celui de la cérémonie nuptiale, et la charge trop peu naturelle de la grandeur des enfans de Fiston (Jason). En critiquant l’opéra de Médée sous divers rapports, il n’étoit point nécessaire de changer les enfans, qui, dans l’opéra, sont en bas âge, en deux grands personnages à la lisière, et qui ne signifient rien. Comme nous l’avons dit plus haut, la parodie suit bien le plan de l’opéra. Voici l’analyse :
Fiston, après avoir abandonné Bébée, dont il a deux enfans, est prêt d’épouser Thirsé, fille de Bridon, bailli de village ; il lui fait offre d’une toison qu’il a conquise. Bébée, déguisée en pèlerine, demande l’hospitalité, et se fait bientôt connoitre à son infidèle époux ; Thirsé s’évanouit ; Bébée reproche à Fiston les sermens qu’il a violés. Elle lui demande la permission d’amener ses enfans avec elle, ce que Fiston lui refuse ; il lui permet seulement de les voir, et elle obtient du bailli, de rester un jour entier dans le village. La cérémonie nuptiale commence ; Fiston est uni à Thirsé ; Bébée profite du jour qui lui est accordé pour envoyer â sa rivale une robe qui doit lui donner de très-grandes démangeaisons. Alix, sa suivante, lui amène ses deux enfans ; elle est prête â leur percer le flanc, mais la nature parle encore à son cœur, le fer lui tombe des mains. Elle dit à Alix de les cacher : celle-ci exécute ses ordres ; aussitôt qu’ils sont partis , elle se repent de les avoir laissé aller ; elle retourne sur leurs pas ; Fiston vient déplorer le sort de sa chère Thirsé. Il redemande ses enfans ; Alix vient lui annoncer que Bébée leur donne le fouet ; celle-ci revient accompagnée de trois furies, qui mettent le feu aux récoltes des laboureurs, et la toile baisse.
D. S.
Courrier des spectacles, n° 85, 12 germinal an 5 [1er avril 1797], p. 3 :
Théâtre de la Cité.
A la deuxième représentation de la Sorcière, parodie de Médée, l’auteur, M. Sewrin, a ajouté quelques couplets ; les voici :
Vaudeville de la Sorcière.
Bridon.
En France, depuis quelque tems,
L’on a bien changé de méthode ;
La mise des honnêtes gens
Aux fripons a paru commode.
Un sot contrefait le savant ;
Momus par-tout singe Thalie ;
Un valet fait l’homme important :
Aujourd’hui tout est parodie.
Fiston.
Nous avons vu le savetier
Se parer du nom de Scévole ;
Nous avons vu le perruquier
Singer Brutus au capitole.
Sous un costume grec, romain,
Lisette singe Cornélie ;
Et moi je veux singer Lekain :
A présent tout est parodie.
Alix.
Frontin, Picard, Gros-Jean, I.afleur,
Garçons d’office ou d'antichambre,
Tranchent maintenant du gros seigneur,
A leur tour se parfument d’ambre.
Excepté le pauvre rentier
Qu’son état vraiment humilie;
Chacun veut faire un aut’métier :
Ici bas tout est parodie.
Bébée.
Auteurs de l’ouvrage charmant,
Qu’aujourd’hui tout Paris admire,
Pardonnez si, pour un moment,
Nous avons voulu faire rire.
Nous célébrerons en tout tems
Le vrai mérite, le génie :
L’on peut rendre hommage aux talens,
Sans exclure la parodie.
La base César confond les deux Sorcières, la parodie de Sewrin et le vaudeville de Ravrio : elle place celle de Sewrin en 1799, et celle de Ravrio en 1797, alors que c'est l'inverse. Et les 10 représentations qu'il attribue à la pièce de Ravrio en 1797 au Théâtre de la Cité (alors qu'elle a été jouée au Théâtre du Vaudeville) reviennent à la Sorcière de Sewrin.
Ajouter un commentaire