Le Siège du clocher, mélodrame comique en 3 actes et à spectacle, d’Alexandre Bernos, musique arrangée par Quaisin, 18 mai 1809.
Théâtre de l’Ambigu Comique.
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Titre :
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Siège du clocher (le)
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Genre
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mélodrame comique à spectacle
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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en prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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18 mai 1809
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Théâtre :
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Théâtre de l’Ambigu Comique
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Auteur(s) des paroles :
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Alexandre bernos
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Compositeur(s) :
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Quaisin
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1809 :
Le Siége du clocher, mélodrame-comique en trois actes et à spectacle, d’Alexandre Bernos, musique arrangée par M. Quaisin. Représenté, pour la première fois, à paris, sur le Théâtre de l’Ambigu-Comique, le 18 mai 1809.
La Bibliothèque Nationale de France consacre une notice à la pièce :
http://data.bnf.fr/39498803/le_siege_du_clocher_spectacle_1809/
Y figure une gravure légendée ainsi : « Costume de Melcourt, rôle du Major dans le Siège du Clocher » : « Que l'on selle les hussards...... que tous les tambours montent à cheval.......que l'on batte la générale par tout et courons après les fugitfs. » (Acte II, scène XIX).
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome III, p. 385 :
THÉATRE DE L’AMBIGU COMIQUE.
On donne à ce théâtre un mélodrame comique en trois actes, intitulé le Siège du Clocher ; il repose pour un moment les amateurs du genre des conceptions colossales, des Souterrains, des Citernes et de toutes les Forêts passées et futures.
La Revue du Nord de la France publie, dans son tome premier (Paris, 1854), n° 1, un article de Pierre Legrand intitulé « Sur les œuvres dramatiques de M. Alexandre Bernos », p. 6-20. Il y est question du Siège du clocher, p. 12-16 :
[Bernos vient d’obtenir un grand succès avec Saakem ou le Corsaire, joué le 16 décembre 1807.
Le sujet, emprunté à un roman de Pigault-Lebrun, conte les aventures de « deux jeunes officiers, mauvais sujets », que leurs frasques ont fini par ruiner et sont réduits à l’expédient misérable du braconnage. Pris en flagrant délit, ils se réfugient dans un clocher dont les autorités s’efforcent de les déloger. Un des deux jeunes gens est pris et est conduit dans le château près duquel il chassait, où il retrouve son père, un général chargé d'inspecter les forteresses, et sa sœur. Le père est bien sûr impitoyable envers son vaurien de fils, mais son ami et leur domestique vont tenter de le sauver. On fait boire le major qui surveille le prisonnier, ce qui permet de lui dérober ses clefs et de faire sortir le prisonnier du château. Mais ils ont été vus s’évadant, et la poursuite s’engage. Tout le monde se retrouve dans une auberge dont le propriétaire est près de se marier. Un brigand arrive pour voler la dot de l’aubergiste, au moment où le général et sa fille arrivent. Bonne affaire pour le brigand et ses hommes. Heureusement arrivent aussi les deux officiers, leur domestique et leurs poursuivants : changement de mission, il s’agit de délivrer le général. Scène de combat, victoire des assaillants, le général est délivré, et sa fille épouse l’ami de son frère (pas d’inceste, tout de même !). L’article se poursuit par l’examen d’extraits de presse de 1809, portant un jugement positif sur la pièce, présentée comme un mélodrame d’un nouveau genre, un mélodrame qu’on voit avec plaisir « se dérider quelque fois, et quitter ses habits de deuil » pour s’aventurer sur des voies plus amusantes. L’auteur de l’article analyse ce succès comme le signe que le public est friand d’un spectacle réunissant tous les genres, ballets, vaudevilles, comédie dans un mélodrame avec combats et rebondissements.]
Cette réussite encouragea M. Bernos qui, le 18 mai 1809, fit jouer sur le même théâtre sa pièce favorite, son chef-d'œuvre, le Siége du Clocher.
Un épisode du roman des Trois Gilblas, de Pigault-Lebrun, avait fourni le sujet à l'auteur.
Il s'agit de deux jeunes officiers, mauvais sujets comme on les aimait beaucoup dans ce temps-là sur les petits théâtres de Paris : des aimables étourdis ; mais MM. Ernest et Léopold, le premier fils, et le second neveu du général autrichien de Freyberg, ont comblé la mesure. Au lieu d'employer à des voyages d'instruction le congé de deux ans qui leur a été accordé, ils se sont livrés à mille excès de tous genres, leur or a été englouti dans des maisons de jeux; à l'heure où se lève la toile, ils attendent dans une auberge de la Moravie, que leur valet Carle – sorte de Frontin – leur apporte quelqu'argent, dernière ressource sollicitée d'un parent, le comte de Braun. Pour vivre jusque-là, ils en sont réduits à l'expédient retrouvé depuis par Alexandre Dumas pour son propre compte ; ils braconnent.
Malheureusement, dans leur ardeur, ils sont entrés sur la réserve du baron de Stanheim, ils ont tué un chevreuil sous les murs du château. Poursuivis par les gardes, ils résistent, font feu ; enfin, serrés de près, ils se refugient dans le clocher d'une vieille église abandonnée. Mais le baron de Stanheim est un entêté, il envoie contre les jeunes gens des hommes et du canon – siége en règle. – Ernest est pris, mais Léopold et Carle parviennent à se sauver.
Nous sommes au deuxième acte, Ernest est conduit au château de Straunitz, commandé par un major qui sert depuis quarante-cinq ans quatre mois et sept jours.
Quel homme est ce major : voici le portrait qu'en fait un personnage ?
« Figurez-vous un grand corps droit comme un cierge, et dont le col allongé porte une petite tête ombragée d'un énorme chapeau ; une douzaine de cheveux de la longueur du bras, et entourés d'un ruban, composent une queue mince qui se joue sur ses reins, de la manière la plus gracieuse, ajoutez à cela de vastes bottes dans lesquelles flottent des jambes grêles, soutiens d'un corps maigre, et vous aurez le véritable portrait du commandant de Straunitz. »
En arrivant à la citadelle, Ernest y trouve son père et sa sœur. Le général est chargé de l'inspection des forteresses. Vainement l'étourdi sollicite sa grâce, le .général est impitoyable et il ordonne au major de redoubler de sévérité. Mais l'amitié veille sur lui ; Léopold a trouvé le moyen de se glisser dans un détachement de recrues qui, sous les ordres d'un ancien sous-officier de son régiment, va renforcer la garnison du château.
Reste Carle, – fourborum imperator – dont le génie inventif serait fort utile. Comment l'introduire ? justement le domestique du major fait bévue sur bévue.
« Le maroufle met un canard sauvage à la broche sans le vider, il assaisonne d'ail une crème au chocolat, sert des côtelettes réduites en charbon, et, en posant enfin sur la table un plat d'œufs à la neige, le misérable manque d'en coiffer le général. »
Carle le remplacera.
« J'ai votre affaire, dit le sous-officier, un de mes cousins... »
Il y a une scène charmante, du meilleur comique, quand le major, ayant demandé à Carle d'où il sort, ce dernier fait de son maître, et en sa présence, un portrait fort ressemblant et peu flatté, que ce dernier n'ose démentir, mais auquel il riposte de mauvaise humeur par la peinture non moins exacte du valet.
« Vides-tu tes canards quand tu les mets à la broche ?
« Monsieur plaisante...
« Non, non; au surplus, dès ce moment tu es à moi. »
N'oublions pas le nom de Carle : Marc-Luc-Roch Kleingorlafenbach.
Hélas, on abuse indignement de la confiance de ce brave major, on lui verse des rasades, on lui raconte les histoires les plus ébouriffantes, on le triche au piquet, et de rasade en rasade, d'histoire en histoire, de partie en partie, on le saoule, on l'endort et on lui vole les clefs de la poterne, voilà nos étourdis hors du château.
Malheureusement, une sentinelle les aperçoit, elle décharge son fusil, le major s'éveille en sursaut et dans son trouble s'écrie : « Qu'on selle les hussards, que les tambours montent à cheval, qu'on batte la générale partout. »
Le troisième acte nous représente l'auberge de ce Lourdheim qui, au premier acte, épouse la fille du maître de poste. Lourdheim a pour enseigne : Au Grand-Croissant.
Un nouveau personnage, dont il est parlé seulement dans les actes précédents, paraît sur la scène, c'est le chef de brigands Morbach, avec ses compagnons qui passent pour des marchands de bœufs. Leur intention est de s'emparer de la dot de l'aubergiste ; plus tard, l'arrivée du comte de Freyberg, dont la chaise s'est brisée, leur procurera une plus riche capture. Mais Carle, qui arrive avec ses maîtres, découvre les projets des bandits ; ils racontent au major qui les poursuit, avec quelques hussards, ce qui va se passer dans l'auberge, et, au moment où les brigands entraînent le géneral et sa fille, ils les attaquent résolument : combat acharné ; le comte de Freyberg est délivré, Morbach est tué, les brigands sont mis en fuite....
On comprend le reste ; pardon est accordé aux jeunes gens et Léopold épouse Adelphine.
La presse a été unanime pour louer cet ouvrage qui a obtenu le plus grand succès. Il a eu plus de quatre cents représentations à Paris, sur lesquelles au moins cent-cinquante à chambrée complète.
On lit dans les Petites Affiches de Paris du 20 mars 1809:
« Un épisode du roman des Trois Gilblas a fourni le sujet du Siége du Clocher, représenté avant hier sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, avec un succès complet. Cet ouvrage est d'une gaîté folle et offre une partie des tours et espiégleries des deux jeunes officiers : nous supprimons les détails pour ceux qui connaissent le roman, et nous réservons le plaisir de la surprise à ceux qui ne le connaissent pas.
« On ne trouvera dans le Siège du Clocher, dit le Journal des Spectacles du 19 mai 1809, ni tyran que l'on tue et qui ressuscite toujours, ni jeune princesse que l'on enlève et qui reste sage, ni tours, ni souterrains, mais on voit un clocher qui soutient un siège en règle, comme une citadelle ; les assiégeants ne badinent pas, mais c'est un jeu pour les assiégés... Ce sont des hommes aguerris qui connaissent plus d'une ruse.
« C'est un ouvrage fort gai ; il y a du mouvement, et des scènes écrites avec esprit.
« L'auteur a été demandé. »
« Il y a dans ce mélodrame, dit, à son tour, le Journal d'Annonces du 20 mai, de la variété, des scènes plaisantes, et des situations. On n'est pas fâché de voir, à l'Ambigu, le mélodrame se dérider quelque fois, et quitter ses habits de deuil, pour prendre les livrées de Momus. Le succès du Siége du Clocher est assuré, et chacun voudra voir cet siège mémorable.
« L'auteur, qui a été demandé, est M. Bernos, déjà avantageusement connu par Saakem, ou le Corsaire.
Une mention aussi flatteuse se trouve dans le Journal du Soir, du 20 mai.
C'est qu'en effet, à part le mérite de l'ouvrage, le genre nouveau devait plaire au public du boulevard, qui ressemble un peu au public de province. Il lui faut autant que possible, sur la même scène, la réunion de tous les genres : des ballets, des vaudevilles et de la comédie. Or, l'ouvrage de M. Bernos se rapproche beaucoup de la comédie d'intrigue de Dumaniant et de Dupaty. Il y a plus d'un point de ressemblance entre le Siége du Clocher, et les imbroglios de Guerre ouverte, et de la Prison militaire.
L'excellente carricature du major que j'ai vu représenter, non par Melcourt, mais par Klein, pour qui, physiquement parlant, elle semble avoir été inventée, a un certain air de parenté avec le juge du Menuisier de Livonie, type de tous les fonctionnaires imbéciles qui, eux aussi, ont le privilège de toujours amuser le public.
On sait que le succès obtenu par Potier, dans ce dernier rôle qu'il jouait par extraordinaire, lui inspira le désir d'avoir un rôle du même genre plus developpé. Merle et Mélesville firent alors pour lui cette admirable farce du Bourguemestre de Saardam, dans laquelle Potier a poussé la bêtise comique à son plus haut degré de perfection, relativement à l’Angleterre.
M. Bernos raconte une circonstance remarquable qui eut lieu lors de la première représentation du Siége du Clocher , c'est la lecture, pendant un entr'acte, de la note officielle annonçant l'entrée triomphante de l'armée française dans la capitale de l'Autriche. Tous les cœurs étaient électrisés et les acclamations de Vive l'Empereur ! se sont fait entendre dans toutes les parties de la salle.
Les lauriers couvraient tout alors, et les Français, facilement oublieux, se consolaient de l'absence de la Liberté, en voyant briller sur son piédestal l'image éblouissante de la gloire.
Guerre ouverte est une comédie en trois actes et en prose de Dumaniant, représentée pour la première fois à paris, sur le Théâtre du Palais Royal le 4 octobre 1786.
Le Bourgmestre de Saardam ou les Deux Pierre est une comédie héroïque en 3 actes et à grand spectacle, de Jean Bernard Eugène Cantiran de Boirie, Joseph-Anne-Honoré Duveyrier dit Melesville et Jean Toussaint Merle. Première représentation à Paris, au Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 2 juin1818. Elle a servi de source au dramma giocoso di Borgomastro di Saardam, paroles de Domenico Gilardoni , musique de Gaetano Donizetti.
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