Les Statuaires d’Athènes

Les Statuaires d’Athènes, comédie en un acte, en vers, par M. Rigaud, 11 fructidor an 7 [28 août 1799].

Théâtre Français de la République.

Titre :

Statuaires d’Athènes (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

11 fructidor an 7 (28 août 1799)

Théâtre :

Théâtre Français de la République

Auteur(s) des paroles :

M. Rigaud

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VII, IVe trimestre, n° 35, 20 Fructidor, p. 490-491 :

[Pièce bien écrite, mais c’est tout ce qu'on peut dire en sa faveur. Dans une pièce, «  il faut un plan et de la vraisemblance, et l'on ne trouve ni l'un ni l'autre dans la pièce ». La pièce est invraisemblable, il faut croire à des illusions absurdes, surtout, croit le critique (qui se trompe), qu’à Athènes on ne colorait pas les statues. Et puis, « point de liaison entre l’action et le dénouement », la pièce a peu réussi, même si l’auteur a été nommé.]

Théâtre français de la République, rue de la Loi.

Les Statuaires d'Athènes, en un acte.

Si de jolis vers suffisaient pour faire une comédie, le C. Rigaud pourrait se flatter d'en avoir fait une, car on remarque de la grâce et de la facilité dans son style : mais au théâtre, avant tout, il faut un plan et de la vraisemblance, et l'on ne trouve ni l'un ni l'autre dans la pièce intitulée: les Statuaires d'Athènes.

Deux Sculpteurs doivent concourir pour un prix, l'un pour une statue d'Apollon, l'autre pour une figure de Thalie. Un amant, qui croit sa maîtresse chez un de ces Sculpteurs, imagine de se proposer, non pas pour modèle, mais pour remplir en personne l'office de statue, et le Sculpteur y consent, croyant sans doute par cette ruse abuser le public et ses confrères, et obtenir le prix sans difficulté.

La maîtresse du jeune homme se met de même sur le piédestal destiné à Thalie : on admire les deux statues ; on veut les faire emporter ; la ruse réciproque se découvre, et le mariage des amans fait le dénouement.

Inventez des ressorts qui puissent m'attacher:

Comment se prêter à des illusions semblables, sur-tout à Athènes, où jamais on ne s'était avisé de colorer les statues ? Comment croire qu'un Sculpteur soit la dupe d'un pareil stratagême ? D'ailleurs, point de liaison entre l’action et le dénouement ; aussi la pièce a-t-elle faiblement réussi : l'auteur a pourtant été demandé.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome III, p. 245 :

[La pièce a eu chaud : par son intrigue invraisemblable elle a bien failli chuter, mais elle a été sauvée « par de très-jolis vers et quelques détails gracieux ». Peut-être aussi le doit-elle au fait qu’elle a été « très-bien jouée ».]

Théatre François de la République.

Les Statuaires d'Athènes, comédie.

Cette petite pièce, jouée le 11 fructidor, n'a eu qu'un succès très-incertain. L'intrigue est invraisemblable ; et, sans de très-jolis vers et quelques détails gracieux, elle seroit sans doute tombée. Les sifflets se sont fait entendre ; cependant l'auteur a été nommé, c'est le C. Rigaud, auteur des deux Veuves, de Misanthropie et Repentir, en vers, etc.

Deux statuaires rivaux doivent être jugés pour avoir le prix de la sculpture. Ils ont fait, l'un, une statue d'Apollon ; l'autre, une statue de Thalie : mais la crainte de perdre le prix, fait qu'ils emploient tous deux une ruse. Un jeune esclave remplace la statue d'Apollon ; une jeune fille, celle de Thalie. On hésite auquel donner le prix, lorsque le jeune homme se fait reconnoître, on ne sait trop pourquoi; le magistrat lui rend la liberté, et il épouse la jeune personne qu'il aimoit.

La pièce a été très-bien jouée.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome XII, fructidor an 7 [août 1799], p. 207-208 :

[Initiative incroyable, le titre de la pièce se trouve vers la fin du compte rendu, qui s’ouvre par l’analyse du sujet, une incroyable histoire de personnes qui se font passer pour des statues, dont les sculpteurs présumés sont couronnés, avant d’être privés de leur prix au profit du couple de jeunes gens qu’ils exposaient, et qu’on marie, bien sûr. Le critique est obligé de reconnaître que l’histoire est invraisemblable, c’est le moins qu’on puisse dire, mais le public a accepté l’illusion (le théâtre n’aime pas trop l’illusion, en fait, à cette époque). La pièce est bien écrite (versification, rythme, dialogue), et l’auteur, qui est nommé, a su tirer parti de son sujet dont le critique souligne la difficulté. On félicite les interprètes, dont on donne la liste.]

THÉATRE FRANÇAIS DE LA RÉPUBLIQUE.

Trason & Agathocle, sculpteurs d'Athènes, & rivaux au concours, touchent au moment où le prix de sculpture doit être décerné par les magistrats. L'un d'eux, Agathocle, avare & sans génie, forme le projet d'offrir à ses juges abusés un homme vivant au lieu d'une statue, & bientôt il a occasion d'exécuter ce bizarre dessein.. Parmedon, jeune Athénien, éperduement amoureux de la belle Doris, apprend qu'elle a été vendue à un ftatuaire, & croyant la trouver chez Agathocle, vient s'offrir à lui comme esclave ; mais il s'est malheureusement trompé, car celle qu'il cherche demeure chez l'autre statuaire, dont elle est aimée avec transport. Cependant Parmedon est destiné par son nouveau maître à faire la statue d'Apollon ; on le place au lieu où il doit être offert au public, & il y produit une illusion complète. Trason qui l'apperçoit, en conçoit une forte jalousie, & désespère même de l'emporter sur son rival, lorsque Doris se propose à lui pour représenter la statue de Thalie. L'offre est acceptée, & voilà aussitôt une déesse vivante vis à vis d'un dieu non moins vivant. Les magistrats arrivent suivis du peuple. Ils demeurent stupéfaits à la vue d'aussi beaux objets, &, dans l'embarras du choix, ils partagent la couronne entre Trason & Agathocle ; tout va bien jusque-là pour tout le monde ; mais, en considération de la beauté des deux statues, le juge suprême propose de renfermer la belle Thalie dans le foyer d'un spectacle ; & d'envoyer Apollon dans un temple. Déjà l'on procède à cette triste séparation, lorsque le faux dieu s'élance de son piédestal en s'écriant : « Arrêtez », & découvre ainsi la supercherie. On humilie l'avare Agathocle, on pardonne à Trason en faveur de la passion qui l'égare, & l'on marie les deux statues, en leur donnant pour dot le prix destiné aux concurrens.

Tel est le sujet de la comédie en un acte & en vers, jouée sur ce théâtre, sous le titre des S[t]atuaires d'Athènes ; elle a obtenu du succès. Le défaut principal & peut-être le seul marquant de cet ouvrage, est dans son invraisemblance continuelle ; mais puisque le public s'est prêté complaisamment à l'illusion, il ne nous reste plus de matière à critique. Le style & la versification sont soignés ; l'action marche assez rapidement, le dialogue est heureusement coupé, plusieurs scènes offrent du bon comique ; en un mot, l'auteur a tiré tout le parti possible de son sujet, l'un des plus difficiles qu'il pût choisir. Il a été demandé & nommé, c'est le C. Rigaud, auteur des Deux Veuves, de l'Inconnu, ou Misantropie & Repentir, & de plusieurs autres productions dramatiques.

La pièce a été jouée avec talent, par les CC. Baptiste aîné , Dazincourt, Damas, Caumont & Armand, & par la citoyenne Mars, cadette.

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