La Tête du Diable et le flambeau de l’amour, mélodrame-féerie-comique en trois actes, à grand spectacle, de Martainville et Ribié, musique de Lanusse, ballets de Hullin, 11 février 1808.
Théâtre de la Gaieté.
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Titre :
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Tête du diable (la) et le flambeau de l’amour
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Genre
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mélodrame-féerie-comique à grand spectacle
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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11 février 1808
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Théâtre :
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Théâtre de la Gaieté
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Auteur(s) des paroles :
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Martainville et Ribié
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Compositeur(s) :
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Lanusse
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Chorégraphe(s) :
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Hullin
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Les bibliographies du temps attribuent cette pièce à Martainville et Ribié, qui ont également écrit ensemble le Pied de mouton et la Queue du diable (voir La France littéraire de Joseph Marie Quérard, tome 8 (Paris, 1836), p. 9).
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1807 :
La Tête du diable et le flambeau de l’amour, mélodrame-féerie-comique en trois actes, à grand spectacle, Représenté, pour la première fois à Paris, sur le théâtre de la Gaité, le 11 février 1808.
Journal de l’Empire du 13 février1808, p. 3-4 :
[En pleine vogue des féeries, le nouveau spectacle a attiré la foule. Le critique insiste sur les références à l’antiquité qui fleurissent dans une œuvre jouée sur le Boulevard : après l’Amour chassé du Ciel par Jupiter mais bien vite rappelé, l’intrigue transporte le spectateur en Enfer, au milieu des Diables. On voit défiler tous ceux que l’Enfer accueille, tandis que Belphégor vient rendre compte de sa mission sur terre, qui consistait à semer le désordre dans le sérail d’un bacha. Mais le critique s'arrête là, et promet une suite prochaine (que je n’ai pas trouvée) et vante la richesse de la pièce : décorations, métamorphoses, machines, et aussi danses et fêtes composées par Hullin. Certains ont cru bon de faire preuve de malveillance envers ce spectacle, mais de façon peu justifiée, même si la représentation du brave bacha est tout de même trop caricaturale.]
THÉATRE DE LA GAIETÉ.
Première représentation de la Tête du Diable.
Cette Tête du Diable avoit fait tourner toutes les têtes ; le concours étoit prodigieux. On a vu d'abord l’Olympe et des têtes de dieux qui sortoient des nuages ; c'est un dialogue de Lucien en action. Les dieux et les déesses se querellent comme dans Homère, et se lancent des épigrammes. On ne s'attendoit guère à voir l’Olympe au Boulevard dans la salle de Ribié ; mais les dieux de la fable ne dédaignoient pas les plus humbles chaumières. Le sujet de cet entretien céleste, c'est l’Amour, espèce de .dieu dont on parle aussi beaucoup sur la terre. Jupiter l'avoit banni du ciel, parce qu'il y mettoit le désordre. Il est bientôt forcé de le rappeler. Que faire sans amour dans le plus beau palais ? L'Amonr revient donc dans le ciel avec quelque regret, s'il faut en croire de jolis couplets d'opéra, dont le sens est que le nectar et la tendresse valent mieux que l’immortalité. Ces couplets sont bien chantés par une très-jolie voix, qu'on entendroit avec grand plaisir sur des théâtres plus nobles. Où la voix va-t-elle se nicher ?
Du Ciel on passe aux Enfers : l’auteur, pour réussir, n'a pas remué, comme on dit, ciel et terre ; mais il a remué le Ciel et l’Enfer. Après s’être recommandé aux dieux, il s'est donné aux diables, pour une plus grande sûreté:
Flectere si nequeo superos, Acheronta movebo ;
c'est à dire, sauf les savantes remarques du Publiciste : « Si le Ciel me manque, je chercherai protection aux Enfers ». On annonce à Pluton l’arrivée d’une nouvelle compagnie de vingt-six mille personnes. Les défunts les plus remarquables sont un procureur mort en se coupant les ongles :: c’étoit là qu'étoit son ame ; un Gascon mort en disant une vérité qui l’a étranglé au passage ; un poète mort d’indigestion ; une femme morte de dépit de n’avoir pu enterrer un septième mari ; mais ce dernier étoit un médecin accoutumé à enterrer les autres. Une veuve est aussi venue aux Enfers, non pour redemander son mari, mais pour s'assurer qu’il étoit bien mort ; et un homme seul s'est présenté pour payer d'avance le premier quartier de la pension de sa femme, et non pas pour la ramener avec lui.
Le diable Belphegor vient ensuite rendre compte à Pluton de ses opérations sur la terre. Il a entrepris de bouleverser le sérail d'un bacha ; et après s’être un peu rafraîchi aux Enfers, il retourne achever sa mission. C'est l’ouvrage de ce Belphegor dans le sérail du bacha, qui fait le vrai sujet du mélodrame. Ce ne sont jusqu'ici que des préliminaires : je m’arrête ; j’entrerai en matière au premier jour. Il me suffit de dire à présent que cette nouvelle féerie céleste et infernale offre des prodiges tels qu'on n’en a point encore vu ;.des décorations, des métamorphoses, des machines tontes plus extraordinaires les unes que les autres ; des danses, des fêtes, un ballet délicieux de la composition de M. Hullin. Mais l’Envie a fait siffler ses serpens, ou. pour parler sans fignre, des gens difficiles;ou malveillans ont sifflé beaucoup de choses qui ne le méritoient pas, quelques-unes qui méritoient d'être applaudies, d'autres, en très-petit nombre, qui méritoient d'être sifflées ; entautres quelques bêtises un peu trop bêtes du bacha. Je trouve, en général, qu’on a fait le bacha trop stupide, trop noble, et trop Cassandre : il ne faudroit pas lui donner de l’esprit, mais il n’y auroit pas de mal de lui retrancher quelques bêtises.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 13e année, 1808, tome I, p. 441-442 :
[Plutôt qu’un compte rendu critique, un panorama des mélodrames du moment. La pièce du jour, c’est cette Tête du Diable, qui cumule les sifflets permanents et la promesse du succès. Elle a tout ce qu’il faut pour cela : « les féeries, les transformations, les décors, les ballets, les costumes ». Ont seuls été applaudis les ballets de Hullin. Notons qu’on n’a guère d’idée de ce en quoi consiste la pièce.]
THÉATRE DE LA GAIETÉ.
La Queue de lapin a succédé au fameux Pied de mouton, et continue d'attirer les amateurs qui la préfèrent à l’Héroïsme des femmes, mélodrame assez raisonnable, que l'on joue depuis quinze jours : mais toutes ces pièces vont pâlir devant celle que l'on a jouée le 11 février : la Tête du Diable et le Flambeau de l'Amour. Les féeries, les transformations, les décors, les ballets, les costumes, sont prodigués dans cette pièce ; et le public, fatigué de tous les efforts qu'on a faits pour l'amuser, a sifflé depuis la première scène jusqu'à la dernière : cela n'empêchera pas l'ouvrage nouveau d'avoir une centaine de représentations.
Les ballets seuls ont été applaudis, ils sont de M. HULLIN.
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