Le Voyage aux mines de Sainte-Marie

Le Voyage aux mines de Sainte-Marie, pièce en vaudeville en un acte, de Philippon-Lamadelaine et Thésigny, 30 thermidor an 11 [18 août 1803].

Théâtre du Vaudeville.

D’après la Bibliographie de la France, année 1826, n° 24, du samedi 25 mars 1826, p. 264, qui fournit, à l’occasion de la nécrologie de Thésigny, la date de création, la pièce n’a pas été imprimée.

Titre :

Voyage aux mines de Sainte-Marie (le)

Genre

pièce en vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

30 thermidor an 11 [18 août 1803]

Théâtre :

Théâtre du vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Philippon-Lamadelaine et Thésigny

Courrier des spectacles, n° 2357 du 1er fructidor an 11 [19 août 1803], p. 2 :

[Le titre faisait attendre une pièce se déroulant sous terre, comme toute une série de pièces récentes, mais il ne s’agit pas du tout de cela : la pièce se déroule dans un bel appartement et montre non des mineurs, mais des administrateurs de mines, dont le fameux Lavoisier. Mais le public a été très intéressé par une pièce à l’intrigue bien conventionnelle. Comme d’habitude, on a un tuteur qui veut épouser sa pupille qui, elle, veut épouser son amant. Et Lavoisier est celui qui va permettre que la jeune fille ne soit pas condamnée à épouser son vieux tuteur. On a d’ailleurs fait répéter un couplet chanté par Lavoisier qui développe combien le mariage d’un homme de cinquante ans avec une jeune fille est choquant. L’article s’achève par la liste des auteurs et celle des acteurs, qui « ont joué cette pièce avec beaucoup d’ensemble ».]

Théâtre du Vaudeville.

Première Représentation du Voyage aux Mines Sainte–Marie.

Les Mines sont à l’ordre du jour sur nos théâtres ; aussi ne parle-t-on aux Boulevards que des Mines de Pologne, des Mines de Coberberg, au Marais, que des Mines de la Dalécarlie ; c'étoit à qui nous en presenteroit l’intérieur plus ou moins terrible, plus ou moins pittoresque. Hier, un amateur de tous ces mélodrames, grand admirateur de décorations, qui croit savoir ce que c’est qu’une mine, parce qu’il l’a vue dans les divers spectacles consacré à la pantomime, sous divers points du vue, me dit : « Je suis tenté de juger jusqu’à quel point le Vaudeville aura surpassé en ce genre les autres théâtres. » 11 y vient : il s’attend à voir des souterrains, des échelles, des détours, des cache-caches. Rien de tout cela : c’étoit un appartement élégant. Mon quidam est d’abord mécontent ; il écoute, il suit la pièce. Ce n’étoit pas ce qu’il espéroit : c’étoit plus encore. Il entend prononcer le nom respectable de Lavoisier, son attion [sic] redouble. Une jolie intrigue, des quiproquo habilement ménagés, des couplets tournés avec grâce et facilité, lui arrachent des applaudissemens qu’il donnoit d’autant plus volontiers, qu’il voyait toute la salle de son avis. En effet, ce petit vaudeville a obtenu un joli succès, quoique cependant l’intrigue n’en soit pas des plus neuves.

M. Raymond, intendant des mines de Sainte-Marie, se propose d’épouser Céphise, sa pupille, qui aime le jeune Linval. Ce Raymond est un homme de cinquante ans, qui a négligé son emploi et fait de folles dépenses pour découvrir la pierre philosophale. Linval est parvenu à s’introduire chez lui, et Lavoisier qui vient de parcourir les mines, et qui a été pris par tout le monde pour un M. Antoine que Raymond attend pour rétablir ses affaires, reconnoît dans le jeune homme le neveu d’un de ses amis auquel il s’intéresse, et auquel il doit faire épouser Céphise.

Après quelques scènes où les deux amans cachés aux yeux de Raymond, cherchent par une romance à peindre leur amour, et à lui faire entendre qu’il n’est pas aimé, Lavoisier fait paroître Linval en présence de son amante, et comme la place de Raymond dépend de Lavoisier, l’Intendant se résigne, et les deux jeunes gens sont unis.

On a fait répéter le couplet suivant. Lavoisier dit à Raymond qu’il est trop vieux pour épouser une fille de dix-sept ans :

Tous les états, tous les métiers
Demandent un apprentissage ;
Même il faut que chez les Guerriers
L’étude éclaire le courage.
Autre chose est l’art des amours,
Ce bel art si doux à connoître ;
On le désapprend tous les jours ;
L’écolier vaut mieux que le maître.

Les auteurs de cet ouvrage sont MM .Philippon-la-Madelaine et Thésigny. Les cit. Vertpré, Lenoble, Hypolite, et mesd. Delisle et Desmares ont joué cette pièce avec beaucoup d’ensemble.

F. J. B P. G. ***          

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 9e année, tome II (an XI – 1803), p. 548-549 :

[Compte rendu assez étonnant : il s’ouvre par un chaleureux éloge d’un théâtre soucieux de proposer à la jeunesse les beaux exemples de nos grands homme, après avoir regretté le sort malheureux de Lavoisier, grand homme qui manque tant à la France. Un tel répertoire honorant des hommes vertueux a une valeur pédagogique importante. Puis il nous fait sans aucune distance critique le résumé de l’intrigue de la pièce, un ramassis de tous les clichés du théâtre du Vaudeville (le tuteur qui veut épouser sa pupille, le jeune amant usurpant l’identité de Lavoisier pour pénétrer chez sa maîtresse, le valet ayant un accent anglais (on se demande bien pourquoi : y aurait-il une hostilité envers les Anglais dans la France de 1803 ?), Lavoisier pris pour un notaire (il s’agit de mariage, tout de même : pas de mariage sans notaire, du moins au Vaudeville), et qui règle tous les problèmes. On ne voit pas sur quoi la pièce peut instruire la jeunesse ! Le jugement porté sur la pièce est plutôt positif : un début froid réchauffé par l’entrée de Lavoisier, « des couplets [..] en général jolis et bien écrits », même si « quelques-uns nous ont paru déplacés ». Les acteurs importants sont cités, comme les auteurs.]

Théâtre du Vaudeville.

Le Voyage aux Mines de Sainte – Marie.

Tous les amis des sciences ont versé des larmes sur la mort de Lavoisier Ce savant, qui, dans le sein de l'opulence, s'occupoit des travaux utiles de la chymie, a péri, comme tant d'autres, sous le fer qui a privé la France d'une foule d'hommes qui l'honoroient par leurs talens ou leurs vertus. Sa mémoire, respectable sous ces deux rapports, mérite sans doute d'être conservée. Le théâtre du Vaudeville qui a placé dans sa galerie, Voltaire, Jean-Jacques, Malesherbes, vient de leur joindre Lavoisier. On ne peut qu'applaudir à l'intention des auteurs, et les jeunes gens d'aujourd'hui qui font leur cours d'éducation au théâtre, y apprendraient, si l'on ne donnoit que de pareilles pièces, des noms qu'ils auroient peut-être toujours ignorés.

Layoisier auroit dû cependant jouer un rôle plus considérable dans la pièce. Il n'est, pour ainsi dire, qu'un personnage accessoire, La scène est à Sainte-Marie, chez le directeur des mines, qui les néglige entièrement pour s'occuper d'alchymie, et qui a dépensé tout son bien, pour faire de l'or. Ce vieillard ridicule est amoureux de sa jeune pupille, qui lui préfère un jeune homme plus aimable. Ce jeune homme a pris, pour s'introduire chez le tuteur, le nom de Lavoisier qu'on sait devoir venir dans le canton. Son valet passe pour un docteur anglois, et tous deux, pour gagner la confiance du tuteur, lui font de l'or et des diamans. Lavoisier qui vient, est d'abord pris pour un notaire. On lui apprend tout ce qui se passe, et après s'être fait reconnoître, il arrange tout au gré de chacun, en unissant les jeunes gens, et conservant au directeur sa place que sa mauvaise administration risquoit de lui faire perdre.

Le commencement de la pièce est froid ; mais depuis la seconde entrée de Lavoisier elle marche bien, il y a même des situations comiques et des scènes très-bien filées. Les couplets sont en général jolis et bien écrits ; quelques-uns nous ont paru déplacés. Mademoiselle Desmares a beaucoup fait valoir son rôle, ainsi que Verpré, celui de Lavoisier auquel il a su donner de l'intérêt.

Les auteurs sont MM. Philippon Lamadeleine et Thésigny.                     T. D.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome premier, vendémiaire an XII [septembre 1803], p. 232 :

[Après avoir parlé de l’« esprit » des couplets de Cassandre aveugle, compte rendu de ce Voyage à Sainte-Marie-aux-Mines, qui n’en a guère. La pièce a peu de qualités : prétexte pour parler de Lavoisier, elle en parle assez mal, elle est pauvre en action et en sel dans les couplets. Le critique pense que les auteurs ont voulu rivaliser avec le fameux portrait de M. Guillaume, mais qu’ils n’ont pas réussi. Leur pièce a pourtant eu du succès, et il nous donne leur nom, avec une orthographe originale... Mais l'affiche d'annonce ne donne pas le nom des auteurs.]

Théâtre du Vaudeville.

[...]

Il n'y en a pas autant, il n'y en a pas même assez dans le Voyage à Sainte-Marie-aux-Mines. C'était un cadre pour introduire sur la scène le célèbre Lavoisier, mais il y paraît un peu trop effacé ; l’action n'est pas assez attachante, et le sel des couplets est un peu fade. La pièce perd sur-tout peut-être en ce que les auteurs ont essayé de faire de ce portrait de Lavoisier le pendant de celui de M. Guillaume ; mais c'est un essai malheureux. On y retrouve pourtant quelques étincelles du talent que les CC. Phelypon et Téligni ont quelquefois montré, et qui ont suffi pour assurer le succès.

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