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Le Mari de circonstance

Le Mari de circonstance, opéra-comique en un acte, paroles de Planard, musique de Plantade, 18 mars 1813.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Mari de circonstance (le)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

18 mars 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Planard

Compositeur(s) :

Plantade

Almanach des Muses 1814.

Une jeune veuve, Julie, est forcée de s'unir à un jeune officier qu'elle ne connaît pas, afin de terminer un procès et d'obéir à son oncle. Son amant, secondé par un adroit valet, imagine de faire revivre le mari de la jeune veuve, afin de différer au moins son nouveau mariage. Le prétendu arrive ; il découvre la ruse, et se présente au valet comme l'intrigant qui doit arriver de Paris pour remplir le rôle du mari défunt ; il mistifie [sic] gaîment Julie, son amant et le valet lui-même. Enfin, convaincu que le cœur de Julie ne peut être à lui, il se découvre, et renonce, de bonne grâce, à un mariage qui ne pourrait qu'être malheureux pour tous.

Du naturel et du trait dans le dialogue ; situations neuves et piquantes ; musique un peu faible ; succès décidé.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mme. Masson, 1813 :

Le Mari de circonstance, opéra-comique en un acte et en prose ; Paroles de M. Planard, Musique de M. Plantade. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Impérial de l’Opéra-Comique, par les Comédiens ordinaires de S. M. l’Empereur et Roi, le 18 mars 1813.

Le Journal des arts, des sciences et de la littérature dans son volume 12, est revenu à plusieurs reprises sur le Mari de circonstance.

  • Dans son numéro 208 du 28 février 1813, p. 292, en rendant compte du Cimetière du Parnasse ou Typpo malade, une parodie de Typpoo-Saëb jouée au théâtre du Vaudeville : « Leurs plaisanteries [...] sont bien plus déplacées encore quand elles portent sur des ouvrages qui n'ont point éprouvé de chûte, ou que le public n'a pas jugés. Par exemple, M. Oubli, gardien du cimetière, prépare la fosse dans laquelle doit tomber le Mari de circonstance. Voilà peut-être la première fois qu'on ait attaqué sur la scène une pièce qui n'y avait pas encore paru. Il y a plus que de l'injustice dans un pareil écart, il y a de la méchanceté et un oubli total des convenances. »

  • Dans son numéro 210 du 10 mars 1813, p. 338 : « Le Mari de circonstance est annoncé de nouveau sur les affiches de l’Opéra-Comique. »

  • Dans son numéro 212 du 20 mars 1813, p. 386-387, on trouve le compte rendu de la première représentation, plus favorable au « poëme » qu’à la musique, jugée sévèrement. :

THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE.

Première représentation du Mari de Circonstance.

Nul n'est prophète en son pays. Deux auteurs du Vaudeville avaient prédit sur ce théâtre la mort subite de ce Mari, si long-temps attendu. Déjà même le fossoyeur du Cimetière du Parnasse lui avait dit :

« Où voulez-vous, Monsieur, qu'on vous enterre ? »

Le Mari de Circonstance n'a point paru disposé à se rendre à cette douce invitation, et il a joué aux auteurs le tour de démentir complètement leur prédiction.

M. Verceuil, pour terminer un procès, veut marier sa fille à Saint-Firmin , fils de son adversaire. Mais cette jeune veuve est éprise de son cousin Dorlis, et celui-ci, d'accord avec Comtois, valet intrigant, a trouvé un moyen d’éconduire le futur, c'est de ressusciter Darmincourt, premier mari de Sophie, dont personne ne peut connaître les traits puisqu'il n'avait jamais quitté l'Amérique. Une soubrette dévouée à Comtois, doit envoyer de Paris un personnage qui emplira ce rôle. Malheureusement Saint-Firmin, dont la figure est également étrangère à toute la maison, arrive le premier. Il apprend tout par la gaucherie du jardinier, que l’on a été forcé d'admettre dans le complot; et dans une suite de scènes fort gaies, il intrigue, tourmente et mystifie tous ceux qui ont conspiré contre lui. Généreux ennemi, il pardonne enfin à tout le monde, et décide lui-même M. Verceuil à marier Sophie à son jeune cousin.

Ce petit acte a obtenu un succès qui n'a pas été contesté. L'intrigue en est vive, amusante, et la pièce justifie parfaitement son titre d'Opéra comique. Quelques entrées et sorties pourraient être mieux motivées.

La musique est la partie faible de l'ouvrage. L'ouverture a paru insignifiante ; et, en général toute cette composition manque d'idées neuves et de motifs heureux.

Les plus vifs applaudissemens ont accueilli le nom de M. Planard, auteur du poëme. Celui de la musique est M. Plantade. Paul, qui est venu les nommer, a reçu aussi de nombreux témoignages de la satisfaction du public. Il a joué le rôle de Saint-Firmin de manière à se faire reconnaître pour un des plus proches héritiers d'Elleviou.·                   M.

  • Dans son numéro 213 du 25 mars 1813, p. 413, deux remarques dans le Bulletin de Paris :

    « Le Journal de l'Empire trouve qu'il y a dans le Mari de circonstance des plaisanteries d’un mauvais goût.

Le Journal de paris assure au contraire que cette pièce n’offre pas un trait plaisant qui ne soit avoué par le bon goût.

Et nunc... erudimini qui judicatis terram. »

[citation du psaume 2, verset 10 : « Et nunc, reges, intelligite : erudimini, qui judicatis terram » : « Et maintenant, rois, comprenez ; instruisez-vous, vous qui jugez la terre ».]

« Le Mari de Circonstance, l’Intrigante et Pierrot continuent d’attirer le foule : ce soir tous les spectacles étaient remplis.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome IV, avril 1813, p. 287-295 :

[La retraite du grand Elleviou n’a pas freiné l’activité de l’Opéra-Comique, où trois nouveautés ont été présentées en moins de trois semaines. Le Mari de circonstance, le troisième, a reçu un accueil très favorable. L’essentiel de l’article fait l’analyse de l’intrigue, très riche en incidents et en détails, avec une grande précision et beaucoup d’empathie. Le critique conclut par une formule très élogieuse : « l'on trouverait difficilement au. théâtre un acte seul plus fort d'intrigue et plus riche de situations ». Il suffirait de peu de chose pour faire de ce sujet une comédie « digne de la scène française : quelques détails plus soignés, une réécriture en vers. Il faudrait aussi rendre les premières scènes plus rapides. Le succès est discutable, l’auteur a été nommé « au milieu des plus vifs applaudissemens ». Et pourtant la pièce avait été condamnée d’avance, et « les écoliers, sans esprit et sans gaîté » qui la dénigraient sans l’avoir encore vue ont agi comme les « doctes chansonniers » qui avaient condamné un aussi beau succès que Tippoo-Saëb. La musique « est gracieuse et légère ». Elle pourrait avoir plus de verve et de chaleur, et le sujet permettait de plus nombreux morceaux. Les interprètes ont joué « d'une manière très-satisfaisante ». Petit aveu final, de manière incidente : l’intrigue est tout de même « un peu compliquée ».]

THÉÂTRE DE L’OPÉRA - COMIQUE.

Le Mari de Circonstance.

La retraite d'Elleviou n'a point fait perdre courage aux sociétaires du Théâtre Feydeau, et l'on ne peut trop les en féliciter. Voici, de compte fait, trois opéra nouveaux qu'en moins de trois semaines ils ont offert au public, dans le louable dessein de faire diversion à sa douleur. Le Séjour Militaire, folie piquante et soutenue d'une jolie musique, a contribué aux plaisirs du carnaval. Le prince de Catane, au contraire, que n'ont pu égayer les jolies romances de M. Nicolo, a été reçu comme une pièce de carème [sic] et d'abstinence. Les amateurs ont calculé, d'ailleurs, que pour vingt-huit sous de plus, ils pouvaient voir les Bayadères, et qu'il y avait tout à gagner à laisser la copie pour l'original. Le Mari de Circonstance, que l'auteur et le compositeur ont pris la peine de faire eux-mêmes, eût été accueilli en tout temps aussi favorablement qu'il vient de l'être.

Un vieux gentilhomme retiré dans ses terres fait consister tous ses plaisirs dans la chasse, la table, le piquet et la société d'une jeune et jolie nièce, dont il travaille cependant à se séparer. Cette nièce chérie est veuve d'un M. d'Armincourt, mort eu Amérique, et elle doit consentir à un second mariage pour mettre fin aux procès qui divisent son oncle et un M. de Saint-Firmin qui l'a. demandée pour son fils. Les arrangemens sont déjà tellement pris à cet égard, qu'un dédit de soixante mille francs doit être payé par celle des parties qui y manquera. Le bon oncle a cru néanmoins ne pouvoir fermer sa porte à un de ses neveux, le jeune Forlis, qui avait brûlé pour sa cousine Sophie avant son mariage, et dont la flamme ne manque pas de se rallumer avec une nouvelle ardeur. La petite Mme. d'Armincourt la partage sans trop de mystère; elle ne fait même pas difficulté d'avouer à son oncle qu'elle aimerait infiniment mieux épouser ce cousin chéri .qu’un homme qui lui est tout-à-fait inconnu. Mais les 60,000 francs de dédit ont plus de poids que toutes ses remontrances ; il faut céder ou recourir à un subterfuge. Forlis, dans sa détresse, a recours au génie de mons Comtois, valet-de-chambre de la maison et fripon consommé. Il avise, dans sa sagesse, que sou maître n'ayant jamais vu M. d'Armincourt, qui n'a laissé après lui que la réputation la .plus détestable, il n'y a rien de mieux à faire que de ressusciter ce premier mari pour écarter le second. La jeune veuve a quelque scrupule. Les instances et le désespoir du petit cousin la forcent de prendre un rôle dans la comédie qui se prépare.

Mais il se présente un acteur sur lequel on ne comptait pas. C'est dans un bosquet du jardin que Comtois a fait l'exposé de son plan à Forlis, sans se douter que derrière la charmille se trouvait, en ce moment, un coquin de jardinier qui cache sa malice et sa cupidité sous un air de niaiserie. Après avoir bien ruminé ce qu'il a entendu, et le parti qu'il peut en tirer, le drôle aborde Comtois, et lui déclare tout bêtement que s'il refuse de lui donner six louis sur les quinze qu'il a reçus de Forlis, il ira tout révéler à son maître. L'orgueilleux valet-de-chambre est forcé de capituler avec le rustre qui, pour son argent, promet d'exécuter ponctuellement ses intentions. Comtois lui apprend que le faux d'Armincourt doit arriver dam la journée, et que pour mieux ressembler au défunt, il portera un chapeau d'officier. Blaise court à son poste, et ne tarde pas à voir paraître un jeune homme dont le chapeau est, à ses yeux, un passeport authentique. En conséquence, et sans préambule, il s'empresse de lui faire sa leçon avant de le conduire au château. Il est bien loin de soupçonner que c'est au jeune Saint-Firmin lui-même qu'il fait cette étrange confidence. Le prétendu de Mme. d'Armincourt, ravi d'être aussi bien éclairé sur son compte, n'a garde de se découvrir ; et le voilà résolu à mystifier ses mystificateurs. Il demande au rusé manant combien on lui a donné pour garder le secret de Forlis, et il lui donne le double pour le trahir.

Le cher oncle a reçu, dans la matinée, une lettre de son neveu d'Armincourt, qui lui annonce son prochain retour des îles. Cette résurrection subite lui donne quelques soupçons, qu'il se hâte de confier au fidèle Comtois. Celui-ci s'extasie sur la pénétration de Monsieur, et lui promet que le faux d'Armincourt sera bientôt démasqué, puisqu'ayant autrefois servi le véritable, il n'y a pas de fourbe qui puisse lui en imposer à cet égard. Saint-Firmin accourt ; il embrasse tendrement sa petite femme en présence de l'oncle qui est édifié de sa constance, et de Forlis, qui trouve que ce mari postiche joue son rôle avec beaucoup trop de naturel et de chaleur. La jolie veuve est bien obligée de se prêter, jusqu'à un certain point, à ces caresses conjugales, de peur de faire manquer la pièce avant le dénouement ; mais Forlis est sur le point d'éclater, lorsqu'il entend le faux d'Armincourt parler de l'appartement où il doit enfin se retrouver tête-à-tête avec sa fidelle moitié. L'oncle envoie bien vîte chercher Comtois pour examiner le personnage. Le fripon ne l'a pas plutôt apperçu, qu'il se pâme de joie ; il reconnaît son cher maître, et quand il se voit également reconnu par lui, il ne doute plus que ce ne soit le compère qui lui a été annonça de Paris. D'après cette persuasion, dés qu'il se trouve seul avec le faux d'Armincourt, il n'hésite pas à prendre le ton d'un camarade et même d'un supérieur. Il lui demande depuis combien de temps il travaille, il lui donne de grands éloges, et lui promet de brillans succès. Il n'est pas médiocrement étonné d'entendre le jeune camarade lui répondre, que ce n'est qu'un jeu pour lui de duper des fripons subalternes. de. son espèce, et il demeure tout-à-fait pétrifié, lorsqu'en même-temps qu’il reçoit l'injonction d'être moins familier, il se sent abattra son chapeau de dessus la tète. Dompté par un ascendant dont il ne peut se rendre compte, il se retire confus et déconcerté. Le voilà devenu personnage passif dans l'intrigue qu’il a ourdie lui-même.

La jeune veuve, dévorée .d'inquiétudes, et .repentante d'avoir accepté un rôle qui, avec un homme aussi audacieux que son faux mari, peut avoir des suites incalculables, saisit le moment où elle le trouve seul, pour lui signifier qu'il est temps de jeter le masque. Saint-Firmin ne peut pas pousser l'effronterie ou le badinage jusqu'à soutenir à Mme. d'Armincourt, elle-même, qu'il est réellement l'époux qu'elle a perdu : mais il ne la tire d'un embarras que pour la faire tomber dans un autre ; il se donne pour un amant déguisé. Après la déclaration la plus passionnée, il se jette à ses genoux. Forlis, qui survient en cet instant avec son oncle, est furieux ; l'oncle, au contraire, est touché de voir ce d'Armincourt, jadis si mal famé, devenu le plus galant des maris. Ce soi-disant époux se plaint arec sensibilité de ce qu'on a. troublé, les épanchemens de sa tendresse ; il ne dissimule pas que. les emportemens du petit cousin lui causent des allarmes d'autant plus vives, qu’il est excessivement chatouilleux sur certain article. Le bon oncle, qui est devenu son plus chaud partisan approuve sa jalousie, et pour le délivrer de Forlis, il veut sur le champ emmener le, jeune homme. Celui-ci, outré de se voir si complètement la dupe du fourbe qu'il soudoie, se livre. à des transports furieux. Alors, le tendre époux, d'un air pénétré, déclare que puisque son retour a été le signal de la discorde dans ce château jusque là si paisible, il prend le douloureux parti de:se retirer. « Allons, ma chère amie, dit-il à la jeune veuve, embrassez votre oncle, et montons en voiture. » Pour le coup, l'amoureux Forlis n'y tient plus, le voilà pris dans ses propres filets ; il crie à haute voix que le prétendu d'Armincourt n'est qu'un fripon : il s'avoue coupable, il révèle toutes les particularités du complot. La jeune veuve et Comtois ne laissent plus subsister de doutes dans l'esprit de l'oncle, qui, à son tour, se met dans une colère effroyable : « Mais enfin, qui est monsieur ? » crie-t-on de toutes parts. « Jusqu'ici, répond l'inconnu, j'ai été tout ce que vous avez voulu que je fusse. Maintenant, je suis bien réellement M. de Saint-Firmin qui venait pour épouser madame, et qui, connaissant le vœu de son cœur, l’unit à celui qu'elle aime. » Il met les mains des amans l'une dans l'autre. Plus de procès, plus de dédit : la joie est universelle.

L'analyse que je viens de tracer suffit, sans doute, pour établir que l'on trouverait difficilement au. théâtre un acte seul plus fort d'intrigue et plus riche de situations. J'ai entendu exprimer, à cet égard, des regrets que je partage sincèrement ; il est fâcheux que l'auteur se soit borné à tirer un petit opéra d'un sujet aussi heureux. Il lui eût été facile d'en obtenir une comédie extrêmement piquante ; et, à présent même encore, le sacrifice n'est pas consommé sans retour. En soignant davantage quelques détails, et sur-tout en écrivant la pièce en vers, l'auteur pourrait aspirer à la rendre digne de la scène française. Telle qu'elle est aujourd'hui, elle est extrêmement attachante et gaie. On a trouvé, seulement, que les premières scènes ne marchaient pas assez rapidement ; quelques coupures dans le dialogue feront disparaître ce défaut.

Le public a demandé, à grands cris, l'auteur de cette jolie production : M. Planard, connu par plusieurs autres ouvrages, a été nommé au milieu des plus vifs applaudissemens. Voilà cependant l'ouvrage que les tristes fossoyeurs du Parnasse s'étaient prétendus en droit d'enterrer avant même qu'il eût vu le jour ! Jamais malveillance moins déguisée n'aura reçu, d'une manière plus éclatante, le seul châtiment auquel les envieux soient sensibles : le succès du rival qu'ils ne peuvent égaler. Les écoliers, sans esprit et sans gaîté, qui trouvaient si doux d'étouffer le Mari de Circonstance, sans attendre quelle serait, à son égard, l'opinion du public, eussent-ils été seulement en état d'en esquisser le plan ? Mais pouvait-on exiger plus de ménagement envers un opéra-comique des doctes chansonniers qui, sans savoir filer une scène, ni tourner un couplet, ont prononcé si magistralement leur arrêt sur la tragédie de Tippoo-Saëb ?

La musique du nouvel opéra est de M. Plantade. L'ouverture a été fort applaudie : elle est gracieuse et légère : peut-être pourrait-on désirer un peu plus de verve et de chaleur dans les autres morceaux. Il est à regretter que le compositeur n'ait pas cherché à en placer un plus grand nombre dans un ouvrage qui prête souvent aux intentions musicales. Les principaux rôles sont remplis d'une manière très-satisfaisante par Martin, Paul et Mme. Boulanger. L'intrigue un peu compliquée de cet ouvrage, étant mieux saisie aux représentations suivantes, on peut lui prédire un succès toujours croissant.                    S.

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